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Sidwaya N° 7715 du 25/7/2014

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Afrikan’da ou le « slam » pour porter loin la voix des Africains
Publié le vendredi 25 juillet 2014   |  Sidwaya




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Apparu dans les années 2000 au Burkina Faso, le « slam » a désormais ses porte-voix à Bobo-Dioulasso. Il s’agit du groupe « Afrikan’da » , dénommé « Les porte-voix de l’Afrique ». Avec « Parol’a ma plume », leur premier opus sorti le 7 mars 2014, ils sont pleins d’ambitions tant au niveau national qu’international.

Composé de quatre jeunes venus d’horizons divers, mais unis par l’amour du «slam», le groupe Afrikan’da a vu le jour en fin d’année 2012. Un travail assidu, des compositions houleuses et des répétitions
harassantes vont donner naissance, le 7 mars 2014, à son premier album « Parol’a ma plume », dont deux clips figurent en bonne place dans les programmes de la télévision nationale et des radios du pays. Le groupe, bien que nouveau en soi, est composé de membres se connaissant bien et collaborant déjà depuis quelques années. Ils ont exercé pendant un moment chacun de son côté et dans certains groupes de la place. Aboubacar Traoré dit « Booder » a créé le groupe de rap Systemate en 2005 à Bobo-Dioulasso, avec lequel il a participé à plusieurs compétitions de rap et remporté l’une d’entre elles, celle sur les MST/Sida en 2007. Fort de trois personnes, l’un des membres dudit groupe est décédé (Oumar Diallo) et l’autre a décidé d’abandonner la musique. Se retrouvant seul, « Booder » découvre alors le groupe « Antidope » à Bobo-Dioulasso en 2008, qui vient de remporter une compétition de rap. Il y adhère en 2009 aux côtés de Moulaye Rachid Teffian dit «RH Moulaye ».

« … c’est le slam qui nous a choisis »

Ce dernier a démarré le rap à Ouagadougou en 2002 aux côtés du groupe « Baloukou ». Il a ensuite monté son propre groupe, Force K, et participé à une compétition du jeu Craven A Flow, d'où il est sorti 3e.
Venu à Bobo-Dioulasso, il a formé le groupe Antidope avec Zangué. Groupe avec lequel ils ont été lauréats d’une compétition de rap. Zangué étant parti du groupe, RH Moulaye fait la connaissance de Booder. Les deux futurs membres de Afrikan’da réforment le groupe Antidope, enchaînent les scènes et se révèlent au public bobolais. De cette aventure, ils participent à une compilation avec les D Tenus, Jess B et Kady Diop dite « KDD », l’une des membres de la future Afrikan’da. Du groupe Antidope, nos amis participent à la création d’un collectif d’artistes rap le 29 septembre 2009, sous le nom « Mangoro-bâ Koro » (sous le grand manguier) à la résidence de l’artiste-musicien Adama Dramé. C’est dans ce collectif qu’ils rencontrent le dernier membre du groupe, Tetemi Esaie Boni dit « Boni Lanky ». Ce dernier a débuté dans le groupe section 13 de Bobo-Dioulasso avec son ami Jerry. Avec ce dernier, il a participé à de nombreuses compétitions de rap dont les mercredis du rap à l’ex-Centre culturel français (CCF) et des plateaux de rap. Le collectif composé d’une vingtaine de personnes au départ a basculé progressivement du rap vers le slam. Cependant, ses membres n’arriveront pas à mettre un album sur le marché. Et pour cause, les contraintes de temps des uns et des autres ne favorisent pas les rencontres. Fin 2012, Booder, RH Moulaye, Boni Lanky et la seule fille KDD forment le groupe Afrikan’da. « On ne peut pas dire qui est venu vers qui, mais nous nous sommes retrouvés et le groupe s’est formé spontanément. Nous n’avons pas choisi le slam, mais c’est le slam qui nous a choisis», clament ceux qui se réclament porte-voix du slam, les voix du panafricanisme, du peuple africain. Afrikan’da est dérivé de deux mots. Afrique en français et Da : les voix en bambara. Le groupe traite de sujets sociaux, du vécu quotidien des populations, du civisme et de la citoyenneté. A cet effet, ils s’inspirent des préoccupations et des réalités des populations dans les lieux publics. Leur premier album, explique RH Moulaye, est composé de 10 titres chantés seulement en français. Ce qui leur a valu certaines critiques de fans qui auraient souhaité des chansons en langues nationales, notamment en dioula. Ce qu’ils comptent rattraper pour le prochain album. « Parol’a ma plume » a été enregistré sur fonds propres, non sans difficultés. « Nous avons frappé à des portes qui sont restées fermées jusqu'à présent », a-t-il déclaré. Ils ont néanmoins bénéficié de certains appuis qu’ils ont tenu à souligner, à savoir ceux de Monseigneur Anselme Titianma Sanon, archevêque émérite de Bobo-Dioulasso, Boureima Sawadogo, fondateur du groupe scolaire Charles De Gaulle et le studio Jackson Herman Ouattara pour l’enregistrement. Le quatuor salue également leur staff managérial, leurs frères et amis du quartier, ainsi que leurs musiciens qui ont œuvré à l’enregistrement de l’album, notamment Sissiko, Tintin, Koro Tougou magni, Primprim et Tidjo.

Du rap au slam pour un message accessible à tous

Selon Booder, le passage du rap, leur genre musical de départ, au slam s’explique : « Lorsqu’on faisait le rap, on ne se faisait écouter que par les amis du même âge. Les vieilles personnes n’arrivaient pas à nous cerner, à comprendre notre message à cause souvent des instruments de musique qui résonnent fort et noient les paroles ». Avec le slam qui peut s’égrener sans instrument, le message distillé passe plus aisément auprès de toutes les couches sociales, de la population, précise-t-il. Le groupe, affirme Booder, est aujourd’hui écouté dans tout le Burkina Faso, et même dans la sous-région. Le slam, explique, Boni Lanky, a vu le jour dans les années 80 aux Etats-Unis. Il s’est déporté en France vers 1998, en Afrique en 2000 et au Burkina Faso en 2005. Il n’était pas structuré, les jeunes venaient de partout. Mais depuis 2006, les choses ont commencé à se structurer et le genre a pris de l’ampleur. Les semaines qui ont suivi la sortie de leur album, ils se sont rendus au Mali pour le Festival international de slam et d’humour du Mali (FISHM). «Du Mali, nous avons eu d’autres contacts pour d’autres spectacles et festivals, notamment au Bénin, Togo et au Niger. Ce dernier se tiendra en octobre de cette année », annonce RH Moulaye. Se considérant comme les porte-flambeau du slam, ils disent œuvrer à ce qu’il s’impose et demeure à Bobo-Dioulasso et au Burkina Faso. Et pour cela, Afrikan’da a des projets d’ateliers dans les établissements et des concours de slam. Il songe même déjà à leur second album et est de ce fait, en studio pour ne pas laisser un temps mort entre le premier et ce dernier. Le groupe Afrikan’da a un autre volet : celui de la confection de tee-shirts pour la vente. L’équipe des tee-shirts comprend trois personnes qui travaillent dans l’ombre. Le quatuor invite les promoteurs à ne pas hésiter à les appeler pour les spectacles. Déjà, ils sont à l’œuvre pour prester à la deuxième édition du concours de slam, prévue à Ouagadougou. Un concours dont ils apprécient l’organisation qui va permettre de révéler les talents de ce genre musical. Comme dernier mot, ils estiment que le meilleur reste à venir !


Wurotèda Ibrahima
SANOU

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