Jean Coulidiati est passé de l’Université au gouvernement de crise, dans un pays en crise. De fait, ce physicien aurait très bien pu se retrouver ailleurs qu’à l’Environnement et au Développement durable. Pourtant, c’est bien cette place qu’il occupe. Au point d’apparaître comme la bonne consciente verte du régime. Les reboisements à n’en plus finir et très médiatisés, c’est son département qui les supervise. Avec une volonté affirmée de mieux encadrer le dossier afin de lui donner plus de relief. Il est vrai qu’en cette année électorale, le folklore politique est toujours présent dans les faits et les gestes. Ce qui n’est pas forcément un avantage.
Clémence Traoré/Somé, elle, fait son chemin à l’Action sociale. Ministre de l’Humanitaire ou des secours d’urgence, elle fait partie des personnalités (du gouvernement) qui sont constamment en alerte. Du fait de la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouve une bonne partie de la population. Un peu de solidarité par-ci, un peu de réconfort par-là, bref, l’affaire est loin d’être simple. Comme quoi, rester sur la banquette arrière du gouvernement, ça ne comporte pas que des frustrations.
Jean Coulidiati: Héééé, alors comment va la “tata” du gouvernement? On n’est pas en vacances?
Clémence Traoré: Je crois que ça peut aller. Mais c’est sûr que ça irait encore mieux si on pouvait ne pas avoir à gérer toutes ces situations difficiles. Vraiment beaucoup de monde à gérer pour peu de moyens disponibles. Et puis solidarité pour solidarité, il faudrait accorder un bonus à mon ministère lors des prochains arbitrages. Sinon c’est nous-mêmes qui risquons d’être sinistrés du fait de ne plus pouvoir répondre aux sollicitations des Burkinabè.
Jean Coulidiati: Tu parles! Tu crois que le type-là va t’écouter? Il va dire qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses! Donc, vaut mieux ne pas trop rêver, ma chère. Car c’est sûr et quasiment certain qu’il va encore trancher dans le beurre.
Clémence Traoré: D’accord. Mais toi-même tu vois que c’est compliqué à assurer toutes ces histoires de personnes dans le besoin. A chaque fois que le ciel gronde, on est obligé de rester sur nos gardes.
Jean Coulidiati: Bof, moi également j’ai encore de nombreux chantiers de plants à mettre en terre. Ah oui! Je suis ambitieux. Moi, je te dis pas. Je rêve d’un Burkina fleuri qui partira de Dori jusqu’à Banfora. Et même au-delà. Ça au moins c’est du concret.
Clémence Traoré: Des crédits pour reverdir le Burkina? Mon type, on ne va pas rester à côté ici? Et puis comment tu comptes t’y prendre? Les choses que les gens vont planter en regardant les caméras-là, tu penses que ça peut aller loin?
Jean Coulidiati: Justement. C’est pour cela que je suis maintenant vigilant. J’ouvre le bon œil. Plus question de laisser faire. Désormais faut reboiser utile pour servir le pays. Sinon après, ça devient compliqué à suivre. Depuis ces nombreuses années qu’on reboise au hasard, je t’assure que le bilan est difficile à établir. Et tout cela à cause des mauvaises manières que les gens ont adoptées.
Clémence Traoré: Donc tu veux dire qu’on a fait des reboisements politiques plutôt qu’écologiques?
Jean Coulidiati: Ça, c’est ce que tu as entendu. Moi, je parle seulement!
Clémence Traoré: Allons, ça marche. Mais penses-tu que le message est bien passé cette année? Tu en es certain?
Jean Coulidiati: Sûr et certain. Je veille au grain. Le boss m’a donné l’assurance que je peux compter sur son appui. D’ailleurs, je lui ferai le point personnellement. Et gare aux gourous ou aux môgô puissants qui ne vont pas nous dire ce que leur arbre est devenu.
Clémence Traoré: Hum! Et tu penses qu’avec ça, avec toutes ces mesures prises, la situation peut évoluer positivement comme on le souhaite?
Jean Coulidiati: Bien même! Allez demander aux étudiants de l’université de Ouagadougou. Ils en savent plus. Et ils connaissent très bien ma signature. Quand je dis que je vais faire quelque chose, je le fais. Et avec la méthode! Donc, pas de panique, chère collègue. Le sable est vert.
Clémence Traoré: Si tu le dis. Dans ce cas, dis-moi, faut taper voir. Le 1er septembre à venir là, ce sera comment?
Jean Coulidiati: Hum, ça là, on dirait que le sable même est mouillé, hein! Bon, on va attendre qu’il sèche un peu pour voir un peu mieux.
Clémence Traoré: Je vois! C’est une manière de me dire de ne pas m’éloigner! N’est-ce pas?
Jean Coulidiati: C’est ça. Je crois que c’est mieux ainsi.
Propos recueillis, avant le Conseil des ministres, par JJ