La baisse du prix du kilogramme du coton graine a suscité des inquiétudes dans certains milieux sur la campagne cotonnière 2014-2015. Après une virée dans des champs de coton, il ressort que plusieurs cotonculteurs ont augmenté leur production comparativement à la campagne écoulée.
Fatogoma Dao, producteur de coton du village de Yélintouta, commune de Fô espère avoir plus de tonnage de coton graine cette année par rapport à l'année écoulée. Son argumentaire: la fumure organique et l'augmentation de la superficie emblavée. «Cette année, j'ai utilisé plus de fumure organique. J'ai augmenté de 3 hectares ma production qui était à 7 hectares la campagne 2013-2014», soutient-t-il. Siaka Barro de Mangorotou, commune de Koundougou tient également le même langage. De 7 hectares emblavés pendant la campagne 2013-2014, il est à plus de 9 hectares de coton semé, pour la présente campagne. «Si la pluviométrie ne trahit pas, je pense vendre plus de coton graine cette année par rapport à la campagne dernière», a-t-il confié. La physionomie des champs de coton qui sont essentiellement à l'étape de lever, augure effectivement une bonne campagne agricole. L'augmentation des surfaces des champs de coton et l'usage accru de la fumure organique répondent à l'appel du premier responsable de la société burkinabè des fibres textiles (SOFITEX). Le 7 juin 2014, face à la presse, Jean Paul Sawadogo, DG de la SOFITEX plaçait la campagne cotonnière de 2014-2015 «Sous le double signe de la reconquête des surfaces perdues et de l'amélioration de la production au champ». En rappel, une baisse du prix du coton graine suivi d'une augmentation de celui des intrants avait occasionné une déchirure au sein des producteurs d'une part et d'autre part, avait affecté la confiance entre les cotonculteurs et la SOFITEX. Nous étions à la campagne 2010-2011 (sauf erreur de notre part).
Le beau temps après la tempête
Des producteurs de coton s'étaient farouchement opposés à la culture de coton. Des plants de coton ont même été saccagés par des frondeurs dans d'autres localités. Les forces de l'ordre sont intervenues parfois pour préserver la quiétude sociale. Après cette tempête, le coton, communément appelé l'or blanc a repris sa place de spéculation incontournable dans les champs. Selon des chiffres de la SOFITEX, l'augmentation de la production est «De l'ordre de 40,34% entre 2011/2012, 2012/2013 et 2013/2014». Le rendement au champ a également connu une amélioration sensible. «Il est de près de 7% entre 2011/2012 et 2013/2014». L'évolution positive de la filière est appréciée par les producteurs eux-mêmes. En effet, suite au réaménagement des prix en fonction du marché international, Karim Traoré, président de l'union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB), a rencontré ses camarades pour leur expliquer le mécanisme de l'évolution des prix. Il a profité de l'occasion pour inviter les producteurs à augmenter leur rendement et leurs surfaces emblavées afin de minimiser la baisse des 10 FCFA sur le kilogramme du coton graine. Si les producteurs prennent l'initiative d'organiser la production malgré une baisse du prix du coton graine, c'est que la confiance que la Nationale des fibres textiles a su tisser avec les producteurs, est de retour, après des moments de troubles entre les deux parties.