C’est en principe à partir du 10 septembre 2012 que la Commission électorale nationale indépendante réceptionnera les dossiers de candidatures aux élections couplées de décembre prochain. Mais au sein des partis politiques, les grandes manœuvres ont commencé. Le parti majoritaire qui, d’habitude, traîne des pieds pour éviter que ses candidats recalés aillent voir ailleurs est entré dans la danse. Ainsi, depuis le samedi 25 août 2012, la marche pour la désignation des candidats à la députation est en cours et tous ceux qui caressent le rêve secret de porter le titre d’honorable ont soumis leurs dossiers au verdict d’un collège constitué pour la circonstance.
Plus qu’une avancée, c’est une véritable révolution que vient de faire le parti au pouvoir. Cette méthode de responsabilisation de la base sonne du même coup le glas des parachutages de candidats adulés par le sommet, mais qui pèsent comme une plume à la base. Désormais donc, c’est à chaque prétendant au titre de député de faire la preuve qu’il a le gabarit nécessaire en notoriété, voire en réputation. Les critères de sélection ont notamment porté sur le degré de militantisme actif, la bonne moralité, l’assise en termes de popularité dans la province et enfin la capacité de faire gagner le parti dans la circonscription. Tous les candidats, sans exception, ont été soumis à cette épreuve, y compris le petit président dont les appétits politiques à ce niveau de responsabilité sont publiquement dévoilés pour la première fois. François Compaoré, pour ne pas le nommer, a donc, à l’instar des autres candidats à la candidature du CDP-Kadiogo, déposé son dossier.
Le CDP nouveau est donc né à l’occasion de ces primaires. Sauf que tout n’est pas parfait. On a ainsi noté que la désignation des candidats s’est faite à main levée dans la plupart des provinces. En tout cas ce fut le cas au Kadiogo. Or dans cette zone, les enjeux commandaient un vote à bulletins secrets pour permettre aux militants de s’exprimer avec le maximum de liberté. Certes, les candidats étaient absents de la salle, mais les électeurs n’étaient pas dupes pour comprendre que certaines personnalités suivaient presque en direct tout ce qui se faisait dans les salles de délibération. S’abstenir de lever la main au mauvais moment pouvait faire courir de gros risques à l’électeur.
Ces primaires au CDP sont également marquées par des absences de taille. D’ores et déjà on sait que le maire de Ouagadougou n’a pas souhaité être sur la ligne de départ des candidatures. C’est dire que, sauf correction de l’instance suprême du parti, Simon Compaoré ne sera pas député du Kadiogo au titre du CDP. On est tout aussi surpris de constater que “Rockzilla” n’a son nom nulle part, tout comme Robodopé. Sauf si le parti a choisi de soustraire ces fortes personnalités de la sanction des collèges d’électeurs pour les positionner directement sur la liste nationale. Cette méthode de sélection démocratique apparemment saluée de tous est menacée dans sa crédibilité par les décisions finales que viendrait à prendre le Secrétariat exécutif du parti. Si des sentences sont trop loin des indications faites par la base, cela susciterait bien des mécontents et la cohésion du parti en prendrait un coup. Or, de toute évidence, les avant-projets de liste ne peuvent pas rester comme tels. Ne serait-ce qu’à cause du respect de la loi portant quota genre. On note par exemple que dans la province du Kadiogo, sur la liste des dix meilleurs candidats au poste de candidats titulaires, il y a une seule femme, placée en cinquième position par les militants alors qu’il est question d’alterner hommes et femmes sur les listes. Assimi Kouanda, le nouveau patron du parti, aura fort à faire.
