La compétition musico-poétique « Je slame pour la patrie » qui a pour but de sensibiliser les jeunes à des thèmes relatifs au civisme et au patriotisme a été lancée cette année, pour sa deuxième édition. Au regard de la portée de l’événement, il convient de saluer les organisateurs, à savoir le Service national pour le développement (SND) et la RTB, pour cette initiative dont la première édition s’est tenue en 2013. Il faut, par ailleurs, encourager les jeunes qui ont le talent requis à tenter. Sans hésitation, dans un tel challenge pour faire connaître leurs potentialités au monde entier et surtout, laisser parler leur cœur. En effet, l’événement revêt un double caractère, culturel et civique.
Au plan culturel, il permet de faire découvrir davantage, le slam qui est vu, sous les tropiques, comme la poésie des temps modernes. Pour l’archevêque émérite de Bobo-Dioulasso, Mgr Anselme Titiama Sanon, il s’agit d’une nouvelle formule de la poésie, du discours et en même temps, de l’écriture. De son côté, Me Pacéré Titenga, homme de lettres, estime simplement que c’est de la poésie classique. Au regard de ces appréciations, l’on pourrait dire que le slam est une sorte de relance de la poésie qui est en perte de vitesse dans les curricula scolaires. Cela est dû au fait que cette dernière n’est accessible, du point de sa pratique et de son usage, que par un public relativement restreint. Quant au slam, il n’est pas loin des déclamations faites par les cantateurs, lors des funérailles ou autres événements dans les villages et qui sont malheureusement, en train de disparaître. Le mérite et l’intérêt de ce «nouvel » art dont on attribue la paternité à l’Américain Marc Smith, serait de créer un pont entre les valeurs culturelles traditionnelles et celles modernes. Et comme le slam ne dénie aucunement nos valeurs, mais contribue plutôt à les enrichir, l’adopter en l’adaptant au contexte culturel, ne saurait être condamné. Mais encore au-delà de tout, c’est le pays qui joue sa partition dans le concert des nations, du fait de l’universalité de ce type de poésie. Toute chose qui pourrait lui permettre de révéler des talents, au plan national et international.
Relativement au civisme, le slam à la sauce burkinabè, tout en offrant une tribune de visibilité et d’expression, respectivement au SND et aux jeunes, contribue à la sensibilisation au civisme, au patriotisme, à la paix, la liberté, l’amour, et à d’autres thématiques fondamentales pour l’édification d’une nation. Il est vrai que nombre de Burkinabè se sont soumis au SND à un moment donné de leur vie professionnelle, soit parce qu’ils étaient à la recherche d’un emploi, soit parce qu’ils étaient tenus par l’obligation de le faire, afin d’être intégrés dans l’administration publique. Mais combien connaissent véritablement le sens et l’intérêt de ce service ? Toute initiative de sensibilisation visant à éclairer davantage les citoyens sur le SND doit être saluée et encouragée. Le concours « Je slame pour la patrie » constitue une fenêtre pour donner davantage de lumière au SND. Et les jeunes, prioritairement concernés, semblent être les mieux placés pour éclairer les autres citoyens. Parce qu’ils doivent au préalable, s’approprier les valeurs du civisme, pour ensuite, pouvoir en parler et convaincre par leur verbe. De ce qui précède, la compétition constitue en elle-même une forme de formation et de sensibilisation des jeunes par les jeunes. A ce propos, la dernière édition, avec plus d’une soixantaine de jeunes au départ, a montré que ceux-ci sont inspirés, cultivés et qu’ils ont les mots justes, lorsqu’il s’agit de communiquer avec leurs pairs. C’est pourquoi, il importe d’encourager conséquemment, ceux qui ont du talent à les laisser éclore ; il en est de même des meilleurs qui vont émerger, les éditions à venir.