Le Syndicat national des enseignants chercheurs (Synadec) décrète une grève de 72 heures –à compter de ce mercredi 28 novembre 2012. Opposé à l’assouplissement des sanctions qui frappent 16 étudiants de l’Université de Koudougou accusés d’avoir agressé un enseignant, le Synadec veut aussi protester contre la violence dans les universités.
Ce débrayage est un acte pour montrer la résolution du syndicat à combattre l’usage de la violence sur les campus et protester contre la «légèreté» avec laquelle certaines personnes voudraient rendre «nuls et non avenus des textes qui ont valeur de loi», a indiqué Jean-Claude Naba, le secrétaire général du Synadec, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou. «Des étudiants, qui s’en prennent à un enseignant, et le débat tourne subitement autour de la pertinence des sanctions qu’on a prises au vu d’un tel acte. Il aurait mieux valu prendre des mesures pour éviter que de telles situations se créent. Maintenant qu'elles sont prises, il est question pour certaines personnes de revenir sur ces sanctions, donc sur des textes qui ont valeur de loi», note l’enseignant.
Une quinzaine d'étudiants ont écopé de sanctions allant de l’annulation des sessions de l’année 2011 – 2012 à l’exclusion définitive de tous les établissements d’enseignement supérieur publics et privés du Burkina Faso. Il leur est reproché d'avoir violenté un enseignant, mais aussi certains de leurs camarades. Les étudiants concernés ont toujours réfuté ces accusations. L’Union générale des étudiants du Burkina, elle, avait observé une grève d’avertissement en octobre dernier pour réclamer la levée de ces sanctions. Un Conseil de la formation et de la vie universitaire avait recommandé l’allègement des sanctions, «dans un souci d’apaisement.» Un rétropédalage qui n'emballe pas le Synadec.
Le syndicat argue en effet que si sa lutte n’aboutit pas, «c’est l’enseignement de façon générale au Burkina qui est condamné à disparaitre». Et d’expliquer: «le constat est fait que des enseignants sont régulièrement agressés. Des étudiants sont aussi agressés par d’autres étudiants. Dans le cas de Koudougou, il y a eu des étudiants qui ont été gravement agressés au point de se retrouver à l’hôpital en réanimation.» Ce que veut le Synadec, ce sont des mesures globales contre la violence. Car «même si le débat [sur la violence scolaire, Ndlr] est mené, il l’est de façon timide. Ce qu’il faut, c’est prendre le taureau par les cornes», estime t-il.
La «tendance à renvoyer tout le monde dos-à-dos» agace en outre Jean Claude Naba: «vous entendrez les gens dire que c’est parce que dans les familles l’éducation a échoué que l’on voit des gens qui se comportent sur le campus comme ils se seraient comportés à la maison. Ce n’est pas vrai. Je donne ma tête à couper que ceux qui on agressé l’enseignant [à l’université de Koudougou, Ndlr] n’auraient jamais agressé ni leur père, ni leur mère, ni leur oncle à la maison».
Cette grève intervient alors que le gouvernement a décidé de mettre le monde scolaire en congés, du 27 novembre au 2 décembre. Le communiqué, lu sur les antennes de la télévision nationale, précise que c’est pour permettre à la Commission nationale électorale indépendante d’installer son matériel électoral et de former les agents des bureaux de vote dans la perspectives des élections couplées –municipales et législatives- du 2 décembre prochain. De nombreuses écoles étant retenues comme bureaux de vote.