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L`Observateur Paalga N° 8666 du 18/7/2014

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Situation nationale : sur quoi peut-on encore dialoguer ?
Publié le lundi 21 juillet 2014   |  L`Observateur Paalga


CDP
© Autre presse par Philippe Kaboré
CDP : les intellectuels en assemblée générale
Samedi 28 juin 2014. Ouagadougou. Maison du peuple. Les secteurs structurés du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti au pouvoir) tiennent une assemblée générale d`une journée sur le thème "Face à la dynamique actuelle des réformes et mutations politiques, quelles contributions des secteurs structurés pour la défense des valeurs de la démocratie et de la république"


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Après avoir discuté « par stades interposés » (Blaise Compaoré dixit) ces derniers temps sur fond de surenchère et d’escalade verbales, l’heure est-elle maintenant à l’apaisement et à la désescalade entre les deux camps qui se font face depuis des mois au Burkina ?


C’est la question qui agite les états-majors politiques et l’opinion depuis ce week-end. A la faveur d’une caravane organisée vendredi et samedi à Gaoua et dans d’autres localités du Sud-Ouest, le Front républicain, ce conglomérat de partis cornaqués par Me Hermann Yaméogo pour soutenir le CDP dans ces velléités de tripatouillage de l’article 37 de la Constitution, a en effet appelé au « dialogue ».Mais attention, précise tout de suite Assimi Kouanda, le patron de la majorité, il s’agit de « dialogue », pas de « négociation ». Nuance. Avec qui vont-ils du reste négocier et de quoi, s’interroge-t-il ?

Pour une fois le grand camarade a raison. De quoi, en effet, peuvent discuter aujourd’hui les différents protagonistes de la crise larvée qui couve au Burkina ? Depuis l’échec, il est vrai prévisible, de la médiation interne entreprise par l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo en début d’année, on sait qu’entre ceux qui professent le culte de l’indispensabilité du président du Faso et les autres qui estiment qu’il est temps pour lui d’aller cultiver son propre jardin à Ziniaré après bientôt 28 ans de bons et loyaux services, il n’ y a plus le moindre compromis possible.

Dans le serment de Réo, le 10 mai 2014, le principal concerné, sûr de son fait, n’avait-il pas martelé d’un ton martial que ses inconditionnels sont majoritaires dans ce pays et que « cette majorité va imposer son choix » qui ne peut être que lui ? A quoi donc pourrait servir cette offre de « dialogue sans négociation » si ce n’est encore à distraire les gens dans un nouvel exercice d’enfumage dont on se demande bien quelles sont les motivations réelles. Endormir les consciences ou tenter d’amadouer Barack Obama dans la perspective du prochain sommet Etats-Unis Afrique prévu début août à Washington ?

La récente escapade des paisibles caravaniers intervenait, on le sait, quelques jours après les prises de position américaines contre les dirigeants qui souffrent de tripatouillite aigüe, à l’image du nôtre, même si, dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, le locataire du palais de Kosyam a laissé entendre que sa décision de solliciter un énième bail n’avait pas encore été prise.

La belle affaire ! Voici quelqu’un qui, alors qu’il doit prendre congé l’année prochaine, prétend ne pas savoir ce qu’il fera mais qui laisse ses porte-flingues battre campagne pour le référendum quand ce n’est pas lui-même qui descend dans l’arène pour montrer qu’il est frais comme un gardon et qu’il peut encore se taper un mandat.

Le plus grave, c’est que, dans le même entretien, notre grand timonier affirme, sans ciller, qu’il pourrait tout aussi bien sauter le verrou limitatif du nombre de mandats présidentiels sans pour autant briguer en 2015 sa propre succession. OH ! On vous l’avait bien dit, il est si bon et altruiste, notre cher président, qu’il veut faire le lit pour qu’une autre personne s’y couche ; alors qu’on ne lui en demandait pas tant, surtout que la lubie référendaire va nous coûter quelques précieux milliards.

Plus sérieusement, entre le Seigneur et nous, la plaisanterie a assez duré, et personne ne croit à cette fable du « je modifie sans me présenter », pas même celui qui l’a contée. La situation est en réalité plus grave qu’on ne le pensait. Car jusque-là, on croyait que ce sont ses thuriféraires zélés qui, pour diverses raisons aux antipodes de l’intérêt national, voulaient nous convaincre que l’homme providentiel était irremplaçable.

Le drame est que le messie lui-même y croit sérieusement et il l’a confié à notre confrère du 57bis rue d’Auteuil : « …si je réfléchis à ce que je ferai après 2015…ce qui me préoccupe, c’est ce que deviendra le Burkina, trouver la bonne formule, garantir la stabilité, ne pas voir détruit tout ce qui a été mis en place. Je n’ai pas envie d’assister à l’effondrement de mon pays pendant que je me repose ou parcours le monde ».

Là, c’est vraiment foutu et Assimi n’a pas tort : qu’est-ce qu’on va négocier si la personne à qui va profiter la modification croit dur comme fer qu’au Burkina, « il n’ y a pas son deux » ? Il n’ y aurait donc dans ce pays des hommes intègres que des politiciens de basse extraction, à commencer par ses proches, autant de probables héritiers indignes qui vont dilapider en un temps record son précieux capital dès qu’il aura tourné le dos.

C’est là que Blaise a tout faux, car les autres, qui ont aussi à cœur l’intérêt du Burkina, ne sont pas moins patriotes. Si d’ailleurs, le pays devait s’effondrer parce qu’Atlas n’est plus là pour le supporter, ce serait la preuve qu’il aura bâti sur du sable et qu’en 28 ans de règne, on aura eu un homme fort sans institutions fortes et qu’ elles ne sont pas aussi solides qu’on le prétend à longueur de discours.

C’est ça qui est la vérité ! Mais pourquoi diable veulent-ils nous faire peur avec leur film d’épouvante qui n’effraie en réalité qu’eux-mêmes ? Pourquoi agitent-ils tant cet épouvantail du chaos parce que « monsieur l’indispensable » ne sera plus aux affaires alors même que c’est son maintien au-delà de 2015 qui peut être source de tous les dangers ?

Vous savez quoi ? Assimi a raison. Il n’ y a plus place pour une quelconque négociation, et si c’est juste pour des causeries-débats comme au bon vieux temps des CDR, autant mettre en place un grin où Assimi, Zéphirin, Roch, Hermann, Gilbert, Me Sankara, Ablassé et tutti quanti iront deviser régulièrement et refaire le monde autour d’un verre de thé.

En vérité pour l’enfant terrible de Ziniaré, après le tour pendable que lui ont joué ses anciens collaborateurs qui lui ont tendu une lettre de démission en guise de cadeau du nouvel an, c’est devenu une question d’orgueil et d’amour-propre, si bien que la raison et le bon sens n’ont plus droit de cité.

Laissons donc Blaise organiser son référendum pour déverrouiller son affaire et se taper un bon petit lenga que ces mauvais joueurs d’opposants ne veulent pas lui donner. Et tant pis si cette terre des hommes devait « s’effondrer » à cause d’une indécente goinfrerie politique. Quand même !

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