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L`Observateur Paalga N° 8666 du 18/7/2014

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Article 37 : "Blaise doit se défaire de ses pulsions hégémoniques"
Publié le dimanche 20 juillet 2014   |  L`Observateur Paalga


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© Présidence par DR
Au deuxième jour de sa visite d’amitié et de travail en Guinée Conakry, le chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, a eu des échanges avec ses concitoyens, le 18 juillet 2014


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En attendant qu’une éventuelle date pour le référendum aux fins de modifier l’article 37 de la Constitution soit décidée par qui de droit, les analyses et autres débats sur la situation nationale vont bon train. La dernière contribution en date au débat est d’un de nos lecteurs, Vincent de Paul Sawadogo pour ne pas le nommer.

Tous ceux qui organisent l’agitation du clan présidentiel ont en tout et pour tout deux arguments-prétextes régulièrement fredonnés tel un refrain :

1 – la constitution peut être révisée, l’article 37 n’étant pas verrouillé ;
2 – le peuple burkinabè est divisé sur la question et donc, seul un référendum pourrait départager les uns et les autres.

Nous passerons rapidement sur le 1er argument avancé. Personne n’a jamais dit que la constitution n’était pas révisable. Ce que la quasi-totalité des constitutionnalistes burkinabè ont démontré, et nous le maintenions encore, c’est qu’un nouvel article 37 levant la clause limitative des mandats, issu d’un vote parlementaire ou référendaire, ne pourra pas s’appliquer à Blaise Compaoré frappé de forclusion après ses deux mandats consécutifs de cinq (5) ans qui s’achèvent en 2015. Pour rendre cela possible, il faudra encore enfreindre aux règles de droit en stipulant dans la constitution l’application rétroactive à Blaise Compaoré ; or, la loi est impersonnelle (principes généraux du droit également consacrés par la jurisprudence du Conseil Constitutionnel) et ne peut se coller à des intérêts particuliers (article 49 de la Constitution). Par conséquent, un article 37 amendé ne pourra jamais être appliqué à B.C. sans faire basculer le Burkina Faso dans les rangs des pays de non-droit !

Les conséquences d’un tel forcing seront, entre autres, que les citoyens s’autoriseront la désobéissance civile, le Président étant frappé d’illégalité. Le Burkina cesserait d’être un Etat de droit et subirait un éboulement pour se retrouver à la période du Front populaire des années 1980/1990. Naturellement, les conventions et traités de l’Union africaine, de la CEDEAO et même des Nations unies condamnant toute initiative antidémocratique et antialternance s’appliqueront également au Burkina Faso.

Le peuple n’est pas divisé

Nul n’a le monopole de la vérité, dit-on souvent ! Ce que nous souhaitons, c’est qu’au moins un constitutionnaliste de la majorité (même un seul !) ait le courage de s’engager à nous donner des arguments contraires fondés sur le droit. Malheureusement à ce jour, nous avons attendu cela en vain, seules nous ont été servies quelques affirmations lapidaires de propagandistes à la solde, sans grande consistance juridiquement parlant !
Venons-en à notre sujet principal : le peuple burkinabè est-il vraiment divisé sur l’article 37 de la Constitution ?

Il est à relever à ce sujet qu’en 2000, lorsque sur recommandation du Collège de sages mis en place par Blaise Compaoré lui-même, et à l’issue de larges discussions menées au sein de la classe politique et de la société civile convoquées à l’effet de se prononcer sur des réformes politiques afin d’aplanir la crise née de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, lorsqu’en couronnement de tout ce processus (dont se souviennent certainement Hermann Yaméogo et Ram Ouédraogo), Blaise Compaoré et son gouvernement décidaient de consacrer la limitation des mandats présidentiels, par ailleurs ramenés au quinquennat, personne, je dis bien personne n’avait levé le doigt pour dire qu’il était contre cette nouvelle mesure constitutionnelle. Bien au contraire, le soulagement était total. Blaise Compaoré lui-même avait pris cette décision, après consultation de son « haut Cabinet », en toute connaissance de cause, convaincu par ailleurs que 28 années bien sonnées dans le fauteuil présidentiel lui suffiraient largement ; il l’a dit en son temps devant des témoins encore vivants.

D’ où vient alors l’acception selon laquelle le peuple burkinabè serait divisé sur la question de l’article 37, au point qu’il faille le consulter par référendum ? Une partie des Burkinabè, consentante en son temps, serait-elle devenue des extraterrestres subitement nantis d’un tout autre cerveau doté d’une toute autre intelligence ?

Et puis, Blaise Compaoré lui-même, dont on sait qu’il n’a pas cautionné les initiatives de certains de ses pairs qui voulaient modifier leur constitution pour un quelconque « lenga » d’achèvement de leurs chantiers, à partir de quel moment a-t-il changé d’opinion sur cette question ?
Récapitulons : B.C. ne croyait pas aux vertus des modifications constitutionnelles pour prolonger les mandats (ayant condamné ce type d’exercice chez ses voisins) ; ses thuriféraires d’aujourd’hui qui étaient tous là en 2000 étaient consentants et tous convaincus que la version actuelle de l’article 37 était bonne à prendre aucun des porte-voix du peuple, partis politiques ou société civile, n’a manifesté la moindre réserve à cette réforme émanant du Collège de sages. Qui donc aujourd’hui est contre la limitation des mandats consacrée par l’article 37 ? Serait-ce la génération qui est née après l’année 2000 ? Cela est improbable puisqu’on sait que ces jeunes à l’unisson réclament le changement.

A mon avis, personne, en son âme et conscience, n’est convaincue de la bienfaisance d’une révision de l’article 37 actuel de la constitution. Voilà pourquoi je dis qu’au lieu de parler d’une division du peuple autour de cette question, il faut parler d’une portion du peuple manipulée pour satisfaire les desseins inavoués du clan dirigeant lui-même convaincu que ce n’est pas bon pour le Burkina Faso, mais incapable de se défaire de ses propres pulsions hégémoniques évoluant sous la forme d’une paranoïa maladive tapissée par la durée au pouvoir.

Les dérives dégénératives de la démocratie
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que ces manipulateurs ont tous cessé de réfléchir, ils foncent les yeux fermés vers leur objectif hypothétique. Les belles analyses de toutes origines diffusées dans les multiples et divers canaux ne les intéressent point car ils savent eux-mêmes leur pertinence mais ne se soucient point ! Pire, ils ne s’occupent plus de la démocratie et des valeurs qu’elle implique.

Comment, en effet, peut-on être un démocrate si on lutte obstinément contre toute volonté d’alternance au profit d’une autocratie pérenne, ou encore lorsque l’on affiche l’intolérance contre toute opposition ou démarcation de sa pensée qu’on voudrait unique ( en témoignent les assassinats, intimidations, sanctions administratives,…) ou encore lorsqu’on spolie le peuple les yeux fermés (enrichissement illicite outrageusement visible) ou enfin lorsque la corruption du peuple est étalée au grand jour (meeting CDP du 21 juin dernier) ? C’est tout ce corpus de dérives dégénératives de la démocratie, malheureusement observable par tout observateur, que l’ambassadeur des Etats-Unis dans notre pays a fustigé dans un langage d’une sagesse rarement égalée, lorsqu’il affirme que « le Burkina Faso n’a jamais réussi une véritable transition démocratique. »

Le plus grave, c’est que notre pays connaît la menace de perdre le peu de ses acquis en matière de démocratie et de développement. Quand l’ambassadeur indique le sens de l’évolution de la démocratie aux USA, c’est pour dire qu’une démocratie se consolide en renforçant les libertés fondamentales et acquis du peuple au détriment des classes dirigeantes, ce qui est tout le contraire dans le Burkina d’aujourd’hui. Tout le monde a compris cela, sauf le porte-parole du gouvernement burkinabè. Encore fallait-il avoir des oreilles pour entendre !


Vincent de Paul SAWADOGO

(1) La titraille est du journal

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