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L`Observateur Paalga N° 8666 du 18/7/2014

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Interview de Blaise dans jeune Afrique : regards croises
Publié le samedi 19 juillet 2014   |  L`Observateur Paalga


CNLS/IST
© Présidence par DR
CNLS/IST : le chef de l`Etat préside la 13e session ordinaire
Vendredi 16 mai 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Le chef de l`Etat, Blaise Compaoré, a présidé la cérémonie d`ouverture de la 13e session ordinaire du Conseil national de lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles (CNLS/IST)


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Blaise Compaoré va-t-il aller au référendum pour modifier l’article 37 afin de se représenter à la présidentielle de 2015 ?
Dans un entretien qu’il a accordé à notre confrère Jeune Afrique, une fois de plus le chef de l’Etat ne se prononce pas clairement sur le sujet, se contentant de dire qu’il n’a pas encore pris de décision. Il va même jusqu’à soutenir qu’il peut sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats et ne pas être candidat à sa succession. Serait-ce possible un tel miracle ? Que pensent les acteurs politiques et de la société civile des propos récents de l’enfant terrible de Ziniaré ? Nous avons posé les deux questions suivantes au CDP, à l’UPC et à un activiste des organisations de la société civile :
- Quand le président du Faso dit dans Jeune Afrique qu’il n’a pas encore pris de décision alors qu’il est lui-même descendu dans l’arène pour appeler au référendum, vous y croyez ?
- Selon lui, il peut faire modifier la constitution et partir malgré tout en 2015. C’est un scénario crédible à votre avis ?
Voici ce qu’ils en pensent.


Ali Badra, membre du bureau politique national du CDP
« Blaise est en phase avec la démocratie »
• Je crois qu’il faut relativiser quand vous dites que le président du Faso est descendu dans l’arène pour appeler au référendum. En tant qu’observateur politique, je note qu’il a fait des tournées dans quelques régions du pays où il a voulu se donner une occasion d’être plus proche des populations ; de voir de plus près leurs différentes préoccupations et peut-être d’y apporter des réponses éventuellement. Le chef de l’Etat ne s’est pas encore prononcé de façon claire sur le sujet. Mais il est clair qu’il y a cette volonté manifeste du parti au pouvoir, le CDP, et de ses soutiens, d’inciter Blaise Compaoré à convoquer le référendum surtout que la constitution ne le lui interdit pas.

• Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je crois que le président a voulu dire que, sur la base de la légalité constitutionnelle, il n’y a aucune interdiction que l’article 37 de la Constitution soit modifié pour peu qu’on prenne en compte effectivement les différentes possibilités qui sont offertes par la constitution. C’est vrai, la démocratie a un coût. S’il faut parvenir à des textes de qualité qui régissent le fonctionnement de notre pays, je crois qu’il appartient au premier magistrat de prendre les initiatives propices en la matière. Et comme lui-même l’a dit, et nous l’avons toujours répété, en pareille circonstance, appeler au référendum ne veut pas dire systématiquement que l’on demande que le président du Faso se présente en 2015. Mais le référendum n’est pas une interdiction ; voilà pourquoi le président du Faso, dans son interview, dit qu’il est possible que le référendum soit organisé mais que sa propre candidature en 2015 est encore une question en débat. Il lui appartient de décider en temps opportun de ce qu’il va donner comme orientation à son avenir politique. Je crois qu’il est dans l’air du temps. Nous pensons que cette réponse de notre leader cadre avec notre vision en tant que républicain, en tant que démocrate tout court. Le référendum est constitutionnellement légal. Il peut être organisé, mais la candidature du président du Faso, il lui revient d’en décider. Et tant que parti politique au pouvoir, nous avons demandé que non seulement le référendum soit organisé, mais aussi que notre candidat, pour l’ensemble de son œuvre, puisse continuer à présider aux destinées de notre pays.

Rabi Yaméogo, porte-parole de l’UPC
« Le PF n’est pas sincère »
• L'UPC constate que depuis l'adoption de la constitution en 1991, le Président du Faso a toujours fait charcuter l'article 37 de la constitution par voie parlementaire avant chaque fin de son mandat, pour pouvoir se représenter, se faire élire et régner à vie. Cet esprit demeure aujourd'hui. C'est pourquoi, par raccourci et voie détournée, il a voulu mettre en place son Sénat et modifier de nouveau par voie parlementaire l'article 37 de la constitution par le congrès des deux chambres du Parlement. L'UPC, les autres partis de l'opposition, la société civile, les religieux, etc., ont fait échouer ce plan, d'où son idée de référendum lancée à Dori et réaffirmer à Réo, ses précampagnes lors de ses sorties dans les régions de l'Est, du Centre-Est, du Centre-Ouest et de la boucle du Mouhoun. Ses faits, gestes et bien d’autres montrent que l'idée du référendum est ancrée et présente dans son esprit. Sa décision est prise, et il lui reste à la rendre officielle dans un contexte qui n'est pas celui des années antérieures, où le charcutage passait comme une lettre à la poste. Pour toutes ces raisons, l'UPC ne croit pas à la réponse du Président du Faso dans Jeune Afrique.
• Modifier la constitution et partir malgré tout en 2015 n'est pas un scénario crédible selon l'UPC, car la volonté d'un pouvoir personnel et á vie existe à travers le charcutage permanent de l'article 37 de la constitution depuis 1997. Pourquoi Blaise Compaoré ne laisse-t-il pas à son successeur la question de l'article 37 pour préparer sa retraite ? Pourquoi commencer les précampagnes, gaspiller les maigres ressources financières du pays pour organiser un référendum qui va troubler l'ordre public et la paix sociale si ce n'est dans son intérêt personnel ? Voila autant de questions dont les réponses confirment sa volonté de rester au pouvoir. Ses partisans ne disent-ils pas qu'il est et demeure le seul Burkinabè capable de diriger le Burkina Faso au point que lui même y croie ? Ce manque de sincérité est bien connu des militantes et militants de l'UPC. Pour nous, aucun Burkinabè n'est ni indispensable, ni irremplaçable encore moins éternel quelles que soient ses qualités. Le temps des guides éclairés, des grands timoniers est à jamais révolu.

Me Guy Hervé Kam, porte-parole du « Balai citoyen »
« C’est absurde »
A priori, il n’a pas à décider s’il va consulter le peuple ou pas.
Deuxièmement, il ne sait pas encore s’il va se présenter.
Tout cela n’a pas sa raison d’être, dans la mesure où, en réalité, s’il veut respecter la Constitution, il n’a ni à appeler au référendum ni à se présenter. Toutefois par rapport au fond de ce qu’il a dit, est-ce qu’on croit que sa décision est prise ou pas ? Je dirai tout simplement qu’au regard des manifestations qui se passent au Burkina, en tout cas la décision de modifier ou non ou de se présenter est prise ; seulement est-ce qu’elle sera mise en œuvre ? C’est peut-être cela que le chef de l’Etat n’a pas décidé, et pour moi ça va dépendre de la réaction populaire qu’il aura en face. Peut-être que c’est ce qu’il est en train de jauger. La décision est prise, mais une chose est de prendre la décision et une autre est de la mettre en œuvre. J’espère qu’il mettra plutôt en avant les intérêts du Burkina.
• Le scénario ne me paraît pas crédible. Pourquoi prendre tant de peine à mettre l’avenir du pays en péril avec un référendum qui n’aurait absolument aucun intérêt puisqu’il s’agirait de modifier l’article 37 et de ne pas se présenter ? Ça n’a pas de sens ! C’est absurde, et l’absurdité de la réflexion me fait penser que ce n’est pas possible.
Je constate que la décision que le président avait prise de surseoir à la mise en œuvre du Sénat était sage, et je souhaite qu’il continue d’être traversé par ce courant de sagesse qui l’empêchera d’appeler au référendum parce que, pour moi, la question de sa candidature n’est qu’une conséquence du référendum, et s’il n’appelle pas au référendum, le problème de sa candidature ne se posera pas. Et le Burkina Faso continuera dans la stabilité et la paix.

Me Bénéwendé Sankara

«Un cynisme si Blaise modifiait la constitution et quittait le pouvoir…»

A la lecture de cette interview, je trouve que Blaise maîtrise plus les dossiers de la sous-région, les dossiers de crises et de conflits des autres pays que les questions internes et nationales. Mais pour la première fois, j’ai trouvé que le président Compaoré a été d’une extrême lucidité mêlée à une certaine prudence dans tous ses propos. Il a donné les réponses avec tact, avec beaucoup de pondération en donnant l’impression de ne pas faire du faux-fuyant.

En réalité Blaise ne dit rien sur les questions essentielles de sa candidature prochaine, il dit qu’il n’a pas pris de décision, que rien ne l’empêche de rester mais qu’il pourrait partir. Il faut souligner avec force que le président Compaoré a dit qu’il a jusqu’au mois de mai 2015 pour décider. Il refuse de parler en public de son éventuel successeur, mais cela veut dire qu’il est conscient que d’une manière ou d’une autre, il lui faut un successeur. Et c’est peut-être pour cela que Jeune Afrique a titré qu’il faudrait bien partir un jour, ce qui est une vérité évidente. Mais de mon point de vue, à ce stade des propos du président, il faudra simplement le prendre au mot sans se demander s’il est sincère ou pas, et retenir qu’il n’a pas encore décidé de toucher à l’article 37. Moi, ça me suffit, car la ligne rouge dont on parle est de ne pas toucher à l’article 37.

Je pense que tout le discours que l’opposition a tenu jusqu’aujourd’hui est une façon d’interpeller le chef de l’Etat et de lui dire qu’au-delà de toute considération juridique, il y a une question d’opportunité politique à ce stade où Blaise même dit dans son interview qu’il ne souhaiterait pas voir le pays sombrer dans le chaos. Mais l’opposition est sur le qui-vive et ne dort pas du tout depuis que nous avons commencé notre mobilisation en 2011. Le peuple burkinabè ne devrait pas baisser la garde concernant la mobilisation, car si à un moment donné Blaise sent qu’il y a une opportunité pour lui de modifier la constitution sans grand risque, il le fera.

Je précise que ce serait du cynisme si le président modifiait la constitution et quittait le pouvoir en décembre 2015. Selon des écrits, Blaise pourrait faire le référendum tout simplement de façon méchante pour se venger de ces anciens amis qui l’ont quitté pour le MPP. Donc il ne le ferait pas pour le peuple, mais pour se venger. Où est donc la crédibilité dans tout cela…?

Je retiens également que le journaliste lui a demandé ce qu’il retient du mythe Sankara, et sa réponse a été que cela ne lui fait ni chaud ni froid. De mon point de vue, ça veut dire que depuis le 15 octobre 1987, le président Compaoré n’a ni remords ni regret par rapport à l’assassinat du président Sankara et de ses compagnons. Bien au contraire, il surfe sur les questions de liberté retrouvée en oubliant qu’il était coresponsable de la gestion du CNR au même titre que Thomas Sankara.

Affirmer que le président Sankara est bel et bien enterré au cimetière de Dagnoen est la preuve manifeste que Blaise Compaoré est au cœur de l’assassinat de Thomas Sankara et qu’il en sait beaucoup de choses ; voilà pourquoi ce dossier ne peut pas progresser malgré les professions de foi, les multitudes de procédures qu’on mène… Mais une chose est de dire que quelqu’un est enterré dans un cimetière, et une autre est de prouver que ce sont bien les restes de la personne qui s’y trouvent. C’est le droit le plus ultime de la famille du président Sankara de savoir qu’effectivement c’est la dépouille du papa ou de l’époux ou du frère qui se trouve dans la tombe en question.

Propos recueillis par
San Evariste Barro
Adama Ouédraogo Damiss
Abdou Karim Sawadogo
Mireille Bayala

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