Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Art et Culture
Article



 Titrologie



L`Observateur du Dimanche N° 893 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Art et Culture

Salfo Soré dit Jah Press : "Je n’ai jamais géré de plateau musical à Kosyam !"
Publié le jeudi 17 juillet 2014   |  L`Observateur du Dimanche


Kundé
© aOuaga.com par A.O
Kundé 2014 : près de 300 oeuvres recensées
Vendredi 14 mars 2014. Ouagadougou. Le commissariat général des Kundé a animé une conférence de presse pour dévoiler les nominés et les différentes catégories de la 14e édition des trophées de la musique au Burkina. Photo : Salfo Soré dit Jah Press, commissaire général des Kundé


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Il est le commissaire général de la plus grande cérémonie de récompense de musique au Burkina, les Kundé ; directeur général de Biz’art Production, l’une des plus grosses machines d’évènementiels de la sous-région, Salfo Soré dit Jah Press, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait partie des pionniers du show-business burkinabè. Chevalier de l’ordre du mérite agrafes communication et de la jeunesse et du sport, lauréat des Arcanes du succès du Togo, dans cet entretien qu’il a accordé à L’Obs. Dim le vendredi 3 juillet 2014, il explique ses rapports avec la Première dame et donne les dessous de la dernière édition des Kundé et du concert avorté de Flavour.


Comment se portes Jah Press ?


Je vais bien ! Après les Kundé on continue notre train-train quotidien avec Biz’art Production.


Nous sommes aux lendemains des Kundé. Que peut-on retenir de l’édition de cette année ?


Dans l’ensemble c’était une bonne édition car, de façon unanime, que ce soit au niveau du grand public ou des partenaires, tout le monde a reconnu que la manifestation a gagné un galon de plus. Tout s’est bien passé, surtout quand le Kundé d’or fait l’unanimité. Dans l’ensemble on peut dire que c’est satisfaisant, bien que ce soit une œuvre humaine et qu’elle ait toujours besoin d’être améliorée. Nous y travaillons pour les éditions à venir.


Parlant d’amélioration, le public, cette année, a recensé quelques manquements liés notamment à la climatisation de la salle, au direct de la télévision et Flavour qui n’a pas presté au grand regret des invités ; qu’est-ce qui s’est passé ?


Il faut restituer les choses dans leur contexte. Pour la salle, il faut reconnaître que c’est l’une des meilleures actuellement au Burkina. Et elle n’appartient pas au Commissariat général des Kundé. Certes, on aurait souhaité que tout se passe au mieux, mais il y avait des travaux pour la climatisation qui n’ont pas pu être effectués à temps, ce qui a expliqué la chaleur. Concernant Flavour, il faut retenir que nous ne l’avons pas annoncé pour les Kundé. Notre contrat, c’était avec Wizboyy. Les artistes comme Flavour, qu’ils viennent pour 5 minutes ou pour 1 heure, c’est le même cachet. Nous avions négocié avec lui jusqu’à la dernière minute pour lui faire comprendre ce qui en était, vu qu’il était là avec notre partenaire pour un spectacle le lendemain. Nous croyions que c’était acquis car son staff avait donné l’assurance qu’il n’y a pas de problème, jusqu’à la dernière minute quand il a refusé de prester. C’était vraiment embêtant. On ne pouvait pas payer un cachet pour 5 minutes comme si c’était un plein concert.


Combien était ce cachet ?


Les artistes nigérians en général coûtent en milliers de dollars actuellement. J’avoue que c’est embarrassant de souvent dire certains cachets. Après les gens diront que c’est exagéré, pour-
tant nous avons des artistes ici qui sont payés à telle ou telle somme. Mais c’est ainsi que ça fonctionne du côté du Nigeria. Je vous donne l’exemple du groupe P Square qui a un cachet de 200 000 dollars (environ 100 000 000 FCFA). Moi-même je trouve ça élevé, mais ce sont les artistes du moment et c’est ce que les gens veulent, donc on essaie de gérer comme on peut
avec nos partenaires.


Quel a été ton sentiment quand il a dit, paraît-il, «no contribution, no dance» ?


Tout d’abord il n’a pas dit cela, mais j’avoue que je n’étais pas du tout content quand il a refusé de faire ne serait-ce qu’un a capela. Pour les Nigérians c’est le business ou rien ; et ce n’est
pas toujours évident.


Les Kundé ont atteint une certaine envergure ; ne penses- tu pas qu’il faille revoir son organisation et/ou apporter, s’il le faut, du sang neuf dans l’équipe ?


En termes du commissariat général des Kundé, ce n’est pas simple car il faut ménager les susceptibilités. Certes, on y travaille pour apporter du sang neuf, mais il faut le faire sans froisser ces susceptibilités afin que tout le monde se sente toujours concerné. Dès l’année prochaine, nous allons fêter les quinze ans, on pourra constater des changements.


Concernant toujours l’équipe d’organisation, on taxe le commissariat des Kundé d'être un regroupement d’amis qui se la coulent douce. Que réponds-tu à cela ?


C’est facile de dire ça. Il faut savoir que dans toute chose il y a une histoire. Même en politique,
quand vous voyez la composition de certains gouvernements, il y a des ministres qui ne sont pas forcement connus du grand public ; et si vous grattez un peu, vous verrez une histoire. Pour les Kundé, au moment où tout le monde ne s’attendait pas à ça, certains on cru au projet et
ensemble on a fait le chemin. Ce n’est pas parce que l’évènement a atteint une certaine envergure qu’il faille les balayer. Ça ne sera pas bien. Aussi, la constance de l’équipe montre que nous sommes assez sérieux, avec une certaine valeur morale. Un projet comme les Kundé, au début, vous ne le commencez pas avec n’importe qui, il le faut avec des amis et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons remettre cette amitié en cause.


Biz’art Production est cette structure derrière laquelle s’organisent les Kundé, c’est également l’une des grosses machines de l’évènementiel au Burkina Faso ; une petite genèse de cette structure que tu diriges...


Biz’art Production existe depuis 1999, pour travailler dans tout ce qui est évènementiel et surtout
faire du marketing opérationnel. Nous travaillons avec des partenaires toute l’année. Pour ce qui
concerne l’évènementiel, l’absence de sponsors de plus en plus nous a obligé à mettre en stand-by les gros évènements. Nous l’avons fait dans le passé avec Magic System, Extra Musica, Werrason, etc. On est beaucoup plus concentré sur le marketing opérationnel actuelle-
ment. Cette année, quand nous avons proposé le concept du lendemain des Kundé, on a eu un
partenaire qui nous a accompagné pour Flavour et les autres. Malheureusement, il y a eu ce
cas de force majeure qui nous a obligé à le reporter. Heureusement, nous avons réussi plus tard à tenir nos engagements vis-à-vis du public.


Revenant sur cet évènement et l’incident, il est ressorti qu’il y a eu un blessé grave ; qu’en est-il pour lui maintenant et quelle était exactement la situation ?


Il faut dire que nous avons eu beaucoup de chance parce qu’au-delà de l’aspect financier et des dégâts matériels causés par ce grand vent, il n’y a pas eu de pertes en vies humaines. Pour
rappel, nous avions amené plus de 3 wagons de matériels d’un pays de la sous-région afin d’offrir un spectacle digne de ce qui se passe dans les grands pays : haut chapiteau, sons et lumières, etc. Avec la tempête de poussière, il fallait descendre le chapiteau, et c’est dans cette
manœuvre qu’un des agents a été coincé par une partie de l’installation. Il s’en est fallu de peu qu’il perde son bras, mais avec la prompte réaction des sapeurs-pompiers, il a pu être tiré d’affaire et tout fut rentré dans l’ordre.


Pour la reprise, comment les choses se sont passées avec les artistes pour qu’ils reviennent ?


Il faut reconnaître que certains artistes, au-delà de leur caractère capricieux, sont des personnes qui respectent leurs engagements. Pour la première date nous avions respecté tous nos engagements en payant les cachets. La seule difficulté, il a fallu que je me déplace au Nigeria pour leur expliquer comment on pouvait s’organiser à nouveau. On n’a pas payé des cachets en tant que tels pour qu’ils reviennent, mais il fallait revoir pour les billets d’avion, l’hébergement et aussi des défraiements pour les instrumentistes de Flavour vu qu’il évolue en live.


En termes de bilan que peut-on retenir de ce spectacle ?


Financièrement j’avoue que ce n’était pas facile. Mais le fait d’avoir eu un partenaire a permis
d’amortir beaucoup de choses. C’est le genre de situation qui peut vous mettre totalement à
genoux. En termes d’expériences c’était très édifiant car c’est la toute première fois que
ça arrive dans ma vie d’organisateur de spectacle. On a dû gérer les choses avec beaucoup de
tact.


On prête à ta structure et à ta personne des accointances avec la Première dame et la Présidence du Faso ; qu’en est-il exactement ?


(Rires). Nous avons approché la Première dame au début des Kundé pour qu’elle soit la marraine et elle a accepté, à l’époque avec l’accompagnement du mi-
nistre en charge de la Culture, Mamoudou Ouédraogo. Au-delà de ça, laissez-moi vous informer que je n’ai jamais géré de plateau musical à la Présidence, contrairement à ce qui se dit.


On reproche à Biz’art également de monopoliser les plateaux des grands évènements au Burkina Faso, notamment le Fespaco, le SIAO, etc ; quel est ton commentaire ?


Nous avons travaillé à être une structure crédible en respectant les engagements que nous prenons vis-à-vis de nos partenaires et de nos fournisseurs. Même avec les artistes on essaie
d’honorer au maximum nos engagements. Donc, en termes de carnets d’adresses et de crédibilité pour des évènements de grande envergure, nous sommes à mesure de les gérer. Je crois que c’est ce capital-confiance qui amène les gens à approcher la structure. Ça n’a rien à voir avec d’autres moyens. Vous imaginez que, pour une manifestation comme le Fespaco, il faut être en mesure de préfinancer certains aspects ; et ce n’est pas évident pour toutes les structures.


Vous collaborez avec d’autres structures ou des personnes dans le cadre de la réalisation
de ces activités ; quel est le capital-confiance que vous accordez à ces dernières car il est souvent ressorti qu’ils ne jouent pas franc-jeu avec les artistes ?


Il faut faire la part des choses. Quand un artiste dit qu’il a son manager, on estime qu’il a con-
fiance à ce dernier. Pour ceux qui sont bien structurés, quand nous avons besoin d’eux, nous
échangeons avec leurs managers. Et quand il s’agit d’un contrat, nous l’honorons au maximum. Pour la suite, ce n’est pas à nous de rentrer plus tard dans l’antichambre de la relation entre les deux. Nous préférons toujours ne pas nous mêler car c’est leur cuisine interne. Il faut que les artistes comprennent que, côté contrat, avec leurs managers, la confiance doit compter au moins pour 80% car on ne travaille pas avec quelqu’un avec qui on ne peut pas avancer. Ce sont des choses qui ne sont pas inhérentes qu’au show-biz au Burkina Faso même si c’est vraiment dommage.


Parlant du show-biz burkinabè dont tu es l’un des pionniers, on dit que c’est une,jungle dans laquelle les plus forts briment les plus faibles ; qu’en dis-tu ?


Il ne faut pas voir les choses en ces termes forcément. Quand on parle de show-biz, c’est surtout vendre ce que le public demande. A un moment on a l’impression que ce sont les mêmes artistes qui jouent toujours sur les mêmes plateaux. Parce qu’ils sont les plus demandés du marché. Ça c’est le show-biz pur et dur et ça ne fait pas dans la complaisance. Si des partenaires vous demandent de constituer un plateau attrayant, le premier indice c’est la mobilisation que peut susciter l’artiste. Le reste est un complément. Il y a des artistes qui, même cadeau, ne seront pas acceptés sur certains plateaux. Ce n’est pas du social. Le show-biz implique que toutes les parties s’en sortent positivement.


Il existe depuis quelques temps des évènements de récompenses, notamment les FAMA, dans la même lancée que les Kundé ; quelles appréciations en fais-tu et quels sont tes rapports avec ces derniers ?


De plus en plus on a des artistes qui sortent, beaucoup de domaines du show-biz sont en train de se développer ; ces manifestations, notamment les FAMA, sont donc les bienvenues. Les aspects qu’elles abordent permettent de compenser ceux que les Kundé ne prennent pas en compte : journalistes culturels, managers, producteurs, etc. Cependant, il faut éviter qu’il y ait des amalgames en définissant clairement les champs d’action de chacun.


Le paysage musical burkinabè est de plus en plus prolifique ; quel regard portes-tu sur les
différents genres qui sont en train de s’installer ?


Moi j’apprécie positivement déjà le fait qu’il y ait beaucoup de productions. C’est à l’honneur de tous les artistes et seul le travail va payer. Cependant je refuse de rentrer dans ce débat de genre. Il faut que les artistes aillent vers des genres musicaux dans lesquels ils peuvent exceller. Au-delà de tout ça, il faut saluer ceux qui ont décidé de moderniser la musique traditionnelle en allant puiser dans les rythmes du terroir car on pourra mieux identifier la musique burkinabè à travers ça.


Il y a ce débat autour de la musique live et le play-back ; certains condamnent même le fait qu’on ne reçoive que du play-back aux Kundé...


Le format des Kundé, ce n’est pas pour montrer le talent de l’artiste. C’est plutôt pour récompenser le travail déjà fait. Nous essayons certaines formules en acoustique mais, pour
le timing qui nous est donné, c’est difficile d’avoir du live lors de la cérémonie ; néanmoins on
y pense.


Une adresse particulière...


Je profite de cette occasion que m’offre L’Obs. Dim pour saluer les mélomanes et remercier le
public. L’engouement autour des Kundé de nos jours est à mettre à leur compte. Nous travaillons d’ailleurs à leur offrir davantage le meilleur. Le concert le lendemain de la manifestation s’inscrit dans cette optique de faire participer tout le monde.


Cyr Payim Ouédraogo

Jérôme William Bationo

 Commentaires