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L`Observateur Paalga N° 8665 du 17/7/2014

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Sophie Heidi Kam, première femme dramaturge du Faso
Publié le jeudi 17 juillet 2014   |  L`Observateur Paalga




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Projecteur a rendu visite à Sophie Heidi Kam, la première femme dramaturge du Burkina Faso. Ecrivaine prolifique, elle est poétesse, nouvelliste, romancière et dramaturge. Elle a été distinguée huit fois, excusez du peu, au GPNAL (Grand prix national des arts et des lettres) de la Semaine nationale de la culture (SNC). C’est une grande dame des lettres qui nous a reçu pour parler de sa passion.

Y a-t-il un endroit et un moment propice pour écrire ?

• En général, j’écris beaucoup dans la concession familiale, dans l’espace du salon de ma garçonnière. Parfois, je squatte une salle du bureau de mon oncle entrepreneur à Gounghin (quartier de Ouagadougou), à la descente des employés aux environs de 16 h et ce, jusqu’à 22 ou 23 h. Cela me permet de profiter du calme nécessaire pour une bonne concentration. Mes moments privilégiés sont la nuit. La nuit me fascine. Il m’arrive cependant d’écrire dans la journée à la maison ou de prendre des notes dans des lieux publics.

Sur quel support écrivez-vous ?

• La plupart de mes textes naissent d’abord et surtout sur les pages d’un cahier d’écolier. Quelquefois, sur des feuilles volantes quand le besoin de prendre des notes me surprend loin de chez moi ou sur mon carnet d’adresses. Parfois, c’est sur mon téléphone portable. Une fois dans mon univers de travail, je retravaille ces notes, j’évalue le style à travers lequel je pourrais donner forme à la décharge émotionnelle qui m’a submergée et qui a été à la base de ces prises de notes. C’est alors que je commence à pianoter sur le clavier, en essayant de trouver les mots justes pour exprimer ce que je ressens. Par moments, il m’est encore nécessaire de revenir à mes notes, d’essayer des passages du texte avant de poursuivre sur l’ordi. Donc un aller-retour permanent entre les deux. J’ai l’impression que je ne pourrai jamais me passer du contact physique avec la plume et le papier. Un corps-à-corps, un passage charnel dont j’ai besoin avant de gravir l’étape du clavier, qui n’en est pas moins, avec son lot de bonheur et de plaisir d’une autre dimension certes, mais tout aussi intense.

De quels ouvrages avez-vous besoin pour écrire ?

• J’utilise le dictionnaire Larousse, les 38 Dictionnaires et Recueils de Correspondance ; je fais aussi des recherches sur Internet et j’échange beaucoup avec des personnes ressources en fonction de ce que j’ai envie d’écrire. Par exemple, en poésie et dans d’autres genres littéraires en général, le poète Boureima Jacques Guégané est une mine d’or que je n’hésite pas à consulter. Récemment, j’ai dû échanger avec un garde pénitentiaire pour m’imprégner de l’univers carcéral des femmes détenues à la MACO en vue d’écrire une pièce sur ce milieu.

Comment naît un livre? Quelle est l’étincelle qui déclenche le besoin d’écrire ?

• De nombreux faits peuvent déclencher en moi le besoin d’écrire : l’actualité nationale, africaine ou hors du continent ; des faits-divers, la lecture d’un livre qui me touche profondément et qui me parle peuvent éveiller des voix en moi qui ont besoin de s’exprimer ; des senteurs de parfums ou d’épices qui me rappellent des moments vécus et dont les souvenirs rappliquent soudainement.

Ma petite sœur (Laetitia, notre benjamine) est aussi une grande allumeuse de l’étincelle déclencheuse d’un texte ou du profil d’un personnage que j’utiliserai dans une pièce ou un roman ; nos causeries nocturnes autour d’idées parfois farfelues ou fantasques l’amènent souvent à m’encourager à écrire sur tel ou tel sujet, allant même à me proposer des titres comme Qu’il en soit ainsi (1er prix du GPNAL, SNC 2012) ou encore Du caviar pour un lapin (3e prix GPNAL, SNC 2014)

Racontez-nous la naissance de votre dernier livre.

• Du caviar pour un lapin, même s’il n’est pas publié peut être considéré comme mon dernier livre. Il est encore en réécriture. L’homosexualité étant une réalité dans notre société, j’ai voulu explorer la question en campant un personnage féminin et son histoire d’amour avec un homme, lui aussi amoureux d’un homme. Le personnage féminin, Gloria, est une comédienne et danseuse qui a abandonné la scène pour cet homme dont elle ignorait le penchant sexuel.

Combien de temps avez-vous besoin pour finir, pour achever un livre ?

• Ecrire un livre peut prendre des mois voire des années. Tout dépend : quand c’est une commande, on est soumis à un délai et là, cela est lié au temps du commanditaire. Pour les œuvres d’inspiration personnelle, lorsqu’il n’y a pas de contrainte liée au temps, ça peut prendre des semaines, des mois ou même des années. Et ce, en fonction des enjeux. Lorsque l’on écrit par nécessité ou juste parce que l’on a envie de s’exprimer, on se donne le temps qu’il faut. Parfois aussi, l’on a besoin de s’exprimer quand il s’agit d’une question de survie, avant de passer à autre chose. Dans ces conditions, il me presse de m’exprimer à travers l’œuvre à naître, pour passer à autre chose. Que celle-ci soit publiée ou non, cela n’a aucune importance.

Sur une île, si vous devriez emporter trois livres…

• L’œuvre (roman) d’Emile Zola, L’An des criquets(Poésie) de Boureima Jacques Guegané et Les Fleurs du mal (poésie) de Charles Baudelaire. Si vous me permettez, j’emporterai aussi la poésie de Saint-John Perse et celle de Senghor, peu importe le titre du recueil.

Alceny Barry

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