Plus que deux journées pour la fin du championnat national de football de D1. Mais avant ce dénouement, Sidwaya sport dans ce récit historique vous fait un rappel des joueurs qui ont marqué le Fasosfoot durant trois différentes décennies.
Comme bon nombre de pays africains, c’est au lendemain des indépendances que le football a connu une révolution dans son organisation. Au Burkina Faso alors Haute Volta, l’an 1961 a marqué le début de l’organisation d’un championnat national de football. Pour cette première, c’est l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo Dioulasso (ASFB) qui a été sacrée. Et pour la petite histoire, des terrains comme celui de l’actuel école nationale de police était retenu pour des rencontres de cette compétition. Entretemps, l’épopée (de 1974 à 1978) de Kadiogo – Silures prend forme. Le championnat se joue entre ces deux sélections. Mais à chaque fois remporté par les Silures de Bobo-Dioulasso. Après cette période, le football burkinabé connut une nouvelle organisation avec l’avènement de dirigeants d’un autre genre. Ainsi, durant la première décennie (1985 à 1994), c’est l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) qui a fait une mainmise sur le Fasofoot avec huit titres remportés sur 10 possibles. Les deux autres ont été les propriétés de l’Union sportive des forces armées (USFA) en 87 et l’Association sportive de Faso-Yennenga (ASFA-Y) en 1989. La deuxième décennie qui commence en 1995 jusqu’en 2004 verra le début de la domination de l’ASFA-Y. Elle est championne à cinq reprises (1995, 1999, 2002, 2003, 2004). Le Racing club de Bobo-Dioulasso (RCB) en 1996 et 1997, l’USFA en 1998 et en 2000, l’EFO en 2001. De 2005 à 2013, c’est encore l’ASFA-Y qui sera le plus sur le toit du football burkinabé notamment en 2006, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013. Le Rail club du Kadiogo (RCK), Commune football de Ouagadougou (CFO) et l’EFO se sont partagé les titres respectivement en 2005, 2007 et 2008. C’est d’ailleurs sur la base de ces trois décennies que nous allons essayer d’étaler notre récit sur les joueurs qui ont marqué de leur empreinte le football national.
M’Bemba Touré l’astucieux, Gabriel Gnimassou, le fin dribbleur
Au début des années 1990, des joueurs comme Lazare Hien, Ladji Coulibaly pour ne citer que ces deux, usés par l’âge se devaient de laisser la place à des jeunes qui venaient frapper avec insistance à la porte du Fasofoot. L’EFO, qui a dominé cette période le football national, a constitué tout naturellement l’ossature des Etalons. Elle avait en son sein des éléments comme Gualbert Kaboré, Alfred Nikiéma, Kassoum Ouédraogo « Zico », MBemba Touré, Mohamed Kane. Des talents et non des moindres dans d’autres clubs ont aussi contribué à animer le football national. La classe des éléments comme Taonsa Wendwaoga, Albert Bambara, les frères Ki (Oumar et Seydou), et Gnimassou (Gabriel, Côme, Damien et Edouard), Amadou Traoré «Le Rouquin», Jules Kadeba, Sié Ouattara, Adama Dembelé n’ont pas laissé les fanatiques indifférents. A l’aube de l’an 2000, un attaquant aussi astucieux qu’efficace nommé Abdoulaye Aboubacary, venu du Ghana accompagné d’un certain Ousmane Issaka se sont signalés avec le RCK avant de se révéler plus tard à l’EFO et à l’ASFA-Y.
L’on se rappelle qu’à cette époque (1989), le jeune coach qui avait en charge la direction technique du RCK, Daouda Sanou Famozo, pour travailler la puissance maximale aérobique de ses joueurs, utilisait une magnéto (appareil de musique d’un autre temps). A cette époque où les stades ne désemplissaient pas lors des matchs du championnat domestique, MBemba Touré et feu Gabriel Gnimassou ont été les vrais animateurs. Le premier, compensait sa nonchalance par sa technique, son astuce et sa bonne vision de jeu. Ce n’est pas pour rien qu’il a fait un tour en Côte d’Ivoire à l’Africa sport d’Abidjan. Le second, un fin dribbleur a fait trembler toutes les défenses des équipes aussi bien locales qu’étrangères.
Issouf Traoré, André Zackarie, Amadou Touré, Mamadou Zongo et les autres
La deuxième décennie de notre championnat national, qui a toujours été dominée par l’ASFA-Y, a offert une abondance de footballeurs talentueux et spectaculaires. Presque toutes les équipes avaient des vedettes ou des joueurs cadres (c’est selon) capable de faire déplacer un monde au stade. Par exemple à l’ASFA-Y, l’on peut citer pêle-mêle Edouard Gnimassou, Aboubacar Fofana, José Mévi Williams, John Smith Baderman, Ibrahim Diarra, Ismaël Koudou, Amadou Touré, Brahima Traoré, Abou Ouattara, Assane Gamagaté, Seydou Traoré. Du côté de la formation rivale (EFO), Issouf Traoré, André Zacharie Lambo, Omar Barro, Tidiane Tall n’étaient pas en reste. Outre l’ASFA-Y, une mention a des éléments comme Boureima Zongo, Omar Barro, Alain Nana, Tidiane Tall sans oublier Ibrahima Togola de l’USFRAN et Mamadou Zongo « Bébéto » du RCB. Mais à en croire certains spécialistes avisés de la chose footballistique burkinabé, Issouf Traoré et André Zacharie de l’EFO, Mamadou Zongo et Beda-Béda Théophile du RCB et Amadou Touré (ASFA-Y) ont été les plus spectaculaires de cette période. Outre le fait qu’ils pouvaient sceller le sort d’un match à eux seuls, ils ont donné, grâce à leur créativité footballistique, des envies à des jeunes qui sont actuellement de grands professionnels. Issouf Traoré dans le couloir gauche ou droit stélliste a toujours été un poison permanent pour toutes les équipes. Il avait cette capacité d’éliminer ses adversaires grâce à ses crochets déroutants. Son coéquipier André Zacharie « Lambo » de nationalité nigérienne, avait, lui, rejoint l’EFO après un match d’une campagne africaine entre son club nigérien le Zumunta et l’EFO. Ce gaucher nominal avait une force de percussion hors paire et une bonne force de frappe. Venu aussi de la légion nigérienne, Ibrahim Tankary a aussi marqué de son talent le football national burkinabè. Mamadou Zongo « Bebeto », intelligent, visionnaire et doté d’une bonne efficacité devant les buts. Que dire d’Amadou Touré qui avait cette magie à transformer avec une facilité les coups francs en but.
Baisse d’affluence, perte de talents
La dernière génération (2005 à 2014), toujours en cours ne manque pas aussi de talents, même si curieusement, elle a fait baisser l’affluence du public dans les stades. Le spectacle n’est plus forcement au rendez-vous. La détermination n’y ait plus comme c’était le cas avec les générations précédentes. Malgré tout, certains joueurs arrivaient quand même à sortir la tête de l’eau. Adama Guira, Issouf Sanou et Oumar Sidibé (RCB), Achille Dabré (USO), le contingent de l’EFO composé de Madou Dossama, Yabré Raphaël, Fousséni Traoré, Hervé Oussalé. A l’USFA, l’on pouvait apprécier Issiaka Ouédraogo; Al Hassan Issoufou Danté se distinguait du côté du RCK. De tous ceux-là, des joueurs de l’ASFA-Y ont encore été flamboyants. Personne n’a pu rester indifférent aux prestations d’Idrissa Laouali, Cheick Oumar Sanogo, Assamy Ouédraogo, Ocansey Mandela, Salomon Asante etc. D’ailleurs ces deux derniers selon toute vraisemblance, auront été les attractions de ces dix dernières, années de Fasofoot. Deux joueurs, malgré leur centre de gravité bas, étaient complémentaires. Le premier pour son efficacité devant les buts et son sens du placement. Le second pour sa bonne lecture du jeu et sa capacité à offrir des caviars. Sans oublier le jeune Zackaria Sanogo de l’ASFB, l’étoile montante du football burkinabè qui est actuellement sur les traces d’un certain Jonathan Pitroipa (même si lui n’a pas connu le Fasofoot) en termes de spectacle rendu et d’efficacité.