A l’initiative du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture, une grève de 24h a été observée dans les médias publics. Pour le secrétaire général dudit syndicat, Justin Coulibaly, la grève a été globalement bien suivie sur l’ensemble du territoire national. A Ouagadougou où nous nous sommes rendus aux Editions Sidwaya et à la direction générale de la Radiodiffusion télévision du Burkina, les premiers responsables soutiennent que le service minimum a été assuré.
Pour la 1re fois dans leur histoire, des agents des médias publics ont observé un arrêt de travail de 24h pour exiger la satisfaction de leur plate-forme revendicative déposée, selon le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture, Justin Coulibaly, depuis belle lurette. Après deux sit-in le 16 juillet 2013 et le 22 mai 2014, les militants du SYNATIC ont voulu prendre le taureau par les cordes pour bénéficier d’un statut particulier de l’autorité centrale, au regard de la spécificité du travail abattu dans les médias d’Etat.
A Ouagadougou, les grévistes se sont retrouvés à la Bourse du travail pour marquer leur solidarité à la lutte qu’ils ont engagée depuis 1994. Sous une tente amovible et au son de la musique, une centaine d’agents devisaient sur leurs conditions. Une occasion pour fustiger les militants qui ont boudé la grève et les responsables des médias publics, plus attachés à leurs postes qu’à l’amélioration des conditions des travailleurs, ont-ils dit. Pour le secrétaire général du SYNATIC, Justin Coulibaly, lors du point de la grève fait dans l’après-midi du 16 juillet 2014, le mot d’ordre a été bien suivi sur l’ensemble du territoire national. Mais, a-t-il nuancé, sa satisfaction n’est pas totale au niveau des Editions Sidwaya, jadis connues comme étant le bastion du syndicat. « A la télévision nationale, les techniciens ont déserté les bureaux. On a cherché les monteurs en vain. Du côté de la rédaction de la Web diffusion et de la RTB2 Centre, 100% des agents ont observé la grève », s’est réjoui le secrétaire général du SYNATIC. Et un agent de la télévision d’ajouter qu’il « n’y a eu que 4 reportages le jour de la grève ». Justin Coulibaly a, par ailleurs, tiré une fière chandelle aux représentations de la RTB de Dédougou, Gaoua, Dori, Bobo, Fada où le taux de participation des agents à la grève avoisine les 100%.
Dans les locaux de la radio nationale, où nous nous sommes rendus dans la soirée du 16 juillet 2014, nous avons trouvé une salle de rédaction vide. Des agents rencontrés dans les couloirs ont effectivement confié que le mot d’ordre a été respecté par certains de leurs collègues. « Moi, je suis venue travailler », a laissé entendre une journaliste. Pour Abdoul Salam Ouédraogo, chef du service technique, « tout fonctionne correctement ». « Ils avaient prévu que les émetteurs allaient être coupés. Mais j’attends de voir. Je suis en train d’écouter la radio depuis le matin et il n’y a eu aucune interruption », a-t-il laissé entendre avant de nous référer à la directrice, Alima Farta, pour de plus amples informations. Après une dizaine de minutes d’attente au secrétariat, nous avons été reçus par la directrice qui a confié avoir pris toutes les dispositions pour assurer la continuité du service public. « Aucune grille de notre programme n’a été perturbée. Actuellement (Ndlr : il était 15h30mn), il y a la retransmission en direct du championnat national de football », a-t-elle lâché.
A la direction générale de la Radiodiffusion télévision du Burkina, Soulémane Ouédraogo s’est gardé de tout commentaire quant au mouvement du syndicat. « Je respecte ce qu’il fait. Je ne veux pas parler du fonctionnement. Constatez par vous-mêmes », a-t-il dit.
A la direction des rédactions de Sidwaya, Enock Kindo a grandement ouvert son bureau pour nous faire le point de l’observation de la grève. « Vous constatez que Sidwaya a pu tenir sa conférence de rédaction avec ceux qui n’ont pas observé le mot d’ordre de grève. Nous avons pu accomplir ce que nous devons faire, à savoir la couverture des reportages programmés. Tous les reportages ont été couverts. Nous sommes d’accord avec ceux qui sont allés en grève parce que c’est leur droit. Le syndicat est un partenaire de l’administration. Il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas accepter le mot d’ordre de grève, surtout que la hiérarchie a été prévenue », a-t-il dit. Et le directeur des rédactions de Sidwaya d’ajouter que 11 journalistes ont observé l’arrêt de travail au niveau du quotidien Sidwaya, de Sidwaya internet et de Sidwaya Sport. « Nous ne pouvons qu’observer et espérer que les revendications transmises aux autorités soient satisfaites », a conclu Enock Kindo 1
Par Raogo Hermann OUEDRAOGO et Nadège COMPAORE ( Stagiaire)
Encadré
Justin Coulibaly, SG du SYNATIC
« Nous allons poursuivre la lutte de façon multiforme et il y a beaucoup de méthodes »
« Il y a une grande mobilisation. Vous avez bien pu l’observer. Et ce n’est pas tout le monde qui est là. Il y a certains qui sont restés à la maison. La grève a été largement suivie au plan national et dans les capitales économique et politique que sont Bobo et Ouagadougou. Il n’y a que les médias d’Etat, il y a une intervention grotesque des autorités. Vous avez pu constater que hier (Ndlr : le 16 juillet 2014) vers minuit, la télévision comme la radio ne fonctionnaient pas bien. Les agents de la Compagnie républicaine de sécurité sont sortis nombreux à Kamboinsin. Il n’y a pas beaucoup de journalistes qui sont allés en reportage. Donc, nous sommes satisfaits de l’état de la grève, surtout que c’est la première grève fois que notre syndicat organise une grève. Ce n’est pas la fin des fins. S’il n’y a pas de réaction, nous allons poursuivre la lutte de façon multiforme et il y a beaucoup de méthodes. »