EHD, un homme de 36 ans, a comparu devant la Cour correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Bobo-Dioulasso pour «rébellion et incitation à la rébellion », le vendredi 11 juillet 2014. Surveillant de barrière au péage et domicilié au secteur n°14 de la ville de Sya, il s’est interposé, en complicité avec les autres membres de sa famille, à l’arrestation de son frère aîné qui était poursuivi par la gendarmerie pour escroquerie. Selon le procès-verbal de la gendarmerie lu au cours du procès, le grand frère du prévenu a escroqué une tierce personne, et cette dernière a déposé une plainte contre lui. L’autorité a donc invité l’intéressé pour l’entendre sur les faits, mais sans succès. Elle a dû procéder au guet-apens pour tenter d’arrêter l’auteur de l’escroquerie chez lui. Au cours de l’opération, les forces de l’ordre se sont heurtées à une résistance de la famille qui les a empêchées de faire leur travail. Cette résistance était conduite par EHD. Au début du procès, le prévenu EHD a nié les faits. « Selon l’un des membres de ma famille, les gendarmes sont entrés chez nous, ont pourchassé mon frère pour l’arrêter quand je dormais, et j’ai été réveillé par les cris. Ils n’étaient pas en tenue, c’est pourquoi j’ai soutenu la famille pour les en empêcher », a-t-il déclaré. Les juges lui ont rétorqué qu’il ne dit pas ce qui s’est réellement passé, car le responsable des gendarmes a bel et bien présenté des documents déclinant son identité et prouvant que l’action menée était légale. Mais après insistance du Tribunal invitant le prévenu à dire la vérité, EHD a reconnu les faits. De plus, il a demandé pardon à la gendarmerie et au Tribunal pour sa rébellion et l’incitation à la rébellion. Pour le parquet, le comportement de EHD est inadmissible dans une société démocratique et paisible : « Votre grand frère a escroqué quelqu’un. La victime a posé plainte et on veut l’entendre, vous les en empêchez. Imaginez que vous soyez à la place de la victime ». Pour le parquet donc, EHD savait pertinemment que son frère était dans l’illégalité. Au cours de l’arrestation du prévenu, a poursuivi le parquet, les gendarmes ont même reçu des injures et des coups provenant des membres de la famille. EHD s’est finalement confondu en excuses et a demandé la clémence de la Cour, tout en affirmant qu’il ne posera plus jamais de tels actes contre les forces de l’ordre. Au regard des faits et des supplications du prévenu, le parquet a souhaité que le Tribunal lui inflige une amende de 300 000 F CFA. Mais les juges ont préféré le condamner à 3 mois de prison ferme.