Voilà plus d’un mois que le juge constitutionnel Salifou NEBIE a trouvé la mort à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou dans des circonstances pas totalement élucidées. Cette mort suspecte a entraîné une polémique pas prête de s’arrêter avec ces thèses contradictoires qui font souvent fi des conclusions scientifiques d’examens opérés sur le corps du défunt. Dans l’optique de mieux comprendre les choses, nous avons entrepris d’emprunter l’itinéraire du disparu, de la cité Tanmoaga d’où il est parti jusqu’à l’endroit où son corps a été retrouvé. Un parcours plein d’enseignements.
Le carrefour de Saponé-KarkuidguiSongnaba est un quartier situé au sud de la ville de Ouagadougou (Ex secteur 17 aujourd’hui 27). C’est là qu’est bâtie cette cité communément appelée «cité Tanmoaga» car, initialement, les constructions étaient en partie en banco amélioré (littéralement traduite du mooré «tanmoaga» signifie en terre battue). C’est dans cette cité, que ses initiateurs, les révolutionnaires d’Août 1983, ont baptisée Cité An IV-B, que Germain Bittiou NAMA a conduit son ami Salifou NEBIE quelques heures avant sa mort. Là, on n’est pas loin de la route qui mène à Léo et du quartier Ouaga 2000 de l’autre côté de ladite route.
Lorsqu’on aborde la voie menant à Léo, village du défunt, en provenance des lieux où l’illustre disparu avait été convié à un anniversaire par son ami Germain Bittiou NAMA, il est impossible de tourner directement pour aller vers le centre ville à cause du terre-plein-central. Le conducteur d’un véhicule est obligé de remonter jusqu’au carrefour de Ouaga 2000 pour prendre le virage à gauche. En continuant tout droit on va vers Saponé, et plus loin à Sapoui, chef-lieu de la province dont est natif M. NAMA et encore plus loin à Léo. Ceux qui connaissent le carrefour en question savent qu’il est restreint et qu’il est difficile d’y manœuvrer. Au regard de l’état dans lequel était le juge constitutionnel, il n’est pas surprenant qu’il y soit passé sans s’en rendre compte. La route est à double voies jusqu’au niveau du carrefour de l’Hôpital Blaise COMPAORE. La police qui tenait un poste de contrôle au niveau de ce virage a plié bagages depuis belle lurette.
Poursuivant sa progression, le signe qui aurait pu attirer l’attention du juge qu’il faisait fausse route, c’est le poste de péage qui est situé peu après le village de Basmyam à une dizaine de kilomètres de Ouagadougou. Comme les autres infrastructures du genre, il est composé de quatre ouvrages qui divisent la route en quatre voies. Dans chaque sens de la voie, il y a un passage pour chaque type de véhicule, les poids lourds et les véhicules légers. Remarque importante, contrairement à ce qu’on rencontre généralement, il n’y a pas à ce poste de péage des ralentisseurs, communément appelés «gendarmes couchés».
Ces élévations auraient pu secouer le conducteur et lui faire comprendre qu’il n’était plus ou pas sur la route de son domicile. Au-delà de ces ralentisseurs il faut dire que les équipements de l’ouvrage ne sont plus fonctionnels. Ainsi, les barrières du péage sont en permanence ouvertes. C’est dire que les agents de péage n’ont aucun moyen pour contraindre un conducteur à s’arrêter. La nuit tombée et compte tenu de la faible fréquentation de la voie, la présence de ces agents dans leur box n’est pas permanente. Un véhicule peut donc y passer tranquillement sans que le conducteur soit dérangé.
Après le poste de péage, l’endroit qui attire l’attention sur le trajet probable du juge NEBIE est le carrefour de Saponé. A ce croisement, la voie de droite conduit à Karkuidgui et celle de gauche mène à Léo. En observant la topographie des lieux, il est plus facile de prendre le virage à droite que de prendre la direction de Léo.
Le lieu où le corps a été retrouvé
Le lieu où le corps du juge a été retrouvéChemin faisant et devant un petit étale nous avons demandé le lieu où le corps du juge NEBIE a été découvert. «Tu ne vois pas le poteau qui est arrêté loin, c’est là bas qu’on a retrouvé son véhicule et son cadavre», a dit notre interlocuteur accompagnant du geste ses propos. Pour en avoir le cœur net, nous avons abordé une autre personne. La réponse fut la même. «C’est non loin du poteau que tu vois», nous dit-elle. L’endroit est à moins d’un kilomètre du carrefour. La zone est un peu isolée. Les habitations les plus proches sont à des centaines de mètres sur le côté gauche de la route. Il n’y a pas non plus d’arbres au bord de la voie. Le seul karité qu’on aperçoit est assez loin dans un champ.
Sur les lieux, il n’y a évidemment plus rien qui laisse penser qu’un drame s’y est produit. Les pluies ont tout balayé. «Le vent et les eaux sont les plus grands ennemis des enquêteurs parce qu’ils dégradent les scènes de crime », a dit le célèbre chroniqueur judiciaire Pierre LEMAIRE. C’est dire qu’au jour de notre présence en ces lieux, il était illusoire avec nos yeux de profane de remarquer quoi que ce soit de particulier. Mais peut-on en dire autant des fins limiers de la police et de la gendarmerie ? Pour nous en tout cas, sur les bas côtés de la voie bitumée il n’y a que des rigoles creusées par les eaux de pluies et un champ dont les semis ont bonne mine.
Les populations qui vont et viennent semblent ignorer qu’en ces lieux se produisit un drame qui émeut tout le Burkina. Des piétons intrigués par nos va et vient se demandaient ce que nous cherchions dans un lieu qui ne présente aucun intérêt particulier.
Et c’est pourtant-là qu’un haut magistrat du pays, membre du Conseil constitutionnel, conduit à une beuverie par un ami, a fini ses jours dans des conditions non encore élucidées. Mais pour garder patience et espoir dans la recherche de la vérité sur cette rocambolesque affaire, la famille de Salifou NEBIE et les Burkinabè peuvent méditer ces propos de l’ancien homme d’Etat sud-africain Nelson MANDELA : «L’Espoir est un état d’esprit. C’est une orientation de l’esprit et du cœur. Ce n’est pas la conviction qu’une chose aura une issue favorable, mais la certitude que cette chose a un sens, quoi qu’il advienne». C’est sur cette note d’espoir que nous regagnâmes notre rédaction. Nous aurons compris qu’il était tout à fait plausible que le juge ait pris cette route sans se rendre compte, au regard de son état, qu’il n’était pas sur le chemin de son domicile. Le poste de péage que NAMA présente comme un «obstacle» qui aurait pu le ramener à la réalité ne présente rien dans ce sens : ni ralentisseurs, ni barrières, ni agents.
Ahmed NAZE
Le dossier conduira le juge
Ainsi que nous l’avions démontré dans notre dossier de la semaine dernière (à la lecture des faits et sur la base des rapports produits par les différents médecins-légistes), la mort du juge constitutionnel, Salifou NEBIE, semble plus résulter d’une négligence coupable de ses «amis», principalement du journaliste Germain NAMA, que d’un assassinat planifié et perpétré de sang froid. Et, si cette dernière hypothèse devait s’avérer, il faudrait, à notre sens, rechercher le ou les coupables toujours dans ce même cercle «d’amis», tant les faits, disions-nous, sont têtus et parlants.
Dans cette affaire Nébié, Germain Bitou NAMAdoit savoir beaucoup de chosesC’est Germain Bittiou NAMA lui-même qui l’affirme dans sa première interview accordée aux médias après la découverte du corps du juge NEBIE à quelques encablures de Ouagadougou dans un état qui prêtait à équivoque et qui a provoqué, il faut le dire, le cafouillage qui a entaché le début de cette affaire judiciaire : le magistrat NEBIE «n’aimait pas conduire la nuit» qui plus est ajouterons-nous, au sortir d’une après-midi que l’autopsie précisera par la suite fort «arrosée».
NAMA pousse le bouchon plus loin en disant que son «ami» ne «conduisait même pas dans la journée à Ouagadougou» jugeant l’exercice certainement périlleux, et préférant s’en remettre au chauffeur qui lui était affecté en raison de ses hautes fonctions. Connaissant donc ces prédispositions «naturelles» de son «ami», on peut s’étonner rétrospectivement qu’il l’ait laissé prendre le volant dans son état, si loin de sa maison, alors qu’il nous revient que le de cujus et certaines personnes de l’assistance avaient demandé, voire supplié NAMA de reconduire celui-ci à la maison.
C’est cette négligence coupable, (NAMA aurait dit que «NEBIE était habitué à ce genre de situation» (sic)) qui est l’élément déclencheur du drame et l’on peut s’étonner que le journaliste qui l’interrogeait n’ait pas insisté sur le sujet même si l’on sait que la division en «chapelles» de la presse depuis un certain temps peut expliquer cette «tiédeur» de l’intervieweur.
Que par la suite le juge ait péri dans des circonstances non encore élucidées donne lieu à cette cabale médiatico-juridique qui a été montée dans un contexte politique volatile ne peut s’expliquer que par la volonté de ces milieux bien connus d’apporter du grain à moudre aux détracteurs de tous bords du pouvoir de la IVe République qui, soit dit en passant, se réduisaient dangereusement comme peau de chagrin. De ce qui apparaît comme un fait divers tragique, on a voulu faire une affaire d’Etat pour mettre «à bas» l’Etat républicain (souvenez-vous des appels au soulèvement populaire lancés çà et là) et «ramasser» par la suite les dividendes. Du reste, cette hypothèse est créditée par le fait que le rapport du médecin-légiste français est contesté en dépit de tout bon sens, car, loin de contredire celui de ses collègues burkinabè, il l’affine et le précise. L’autopsie, nous l’avons démontré dans notre dossier de la semaine dernière, est plus précise et osons-le, plus scientifique qu’une simple IRM.
La vérité rougit les yeux mais ne les crèvent pas, et, les vrais défenseurs (sic) du juge NEBIE devrons savoir raison garder jusqu’à la conclusion de la procédure judiciaire. En jouant les procureurs de bistrot, ils décrédibilisent un homme respectable aux états de service remarquables et portent atteinte à sa dignité et à son honneur du fait que certains éléments du dossier qui ne devaient pas être étalés sur la place publique sont en train de faire les choux gras de la presse.
Laissons donc le dossier conduire le magistrat instructeur, et attendons sereinement la manifestation de la vérité qui en surprendra certainement plus d’un, les faits étant têtus et clairs comme nous le disions même si les regrets et le remords seront le lot de certains «amis» du juge NEBIE le restant de leur vie.r
NEBIE était du sérail
Le décès tragique du juge Salifou NEBIE a donné lieu à tous les commentaires. Très vite certains pêcheurs en eaux troubles ont conclu à un assassinat politique dont le pouvoir ne serait pas étranger.
Le juge NEBIE a toujours été un proche du pouvoirTémoignage intéressant : «Quand la révolution éclate en 1983, Salif et quelques- uns de ses amis de l’Union de lutte communiste (ULC) adhèrent. Blaise COMPAORE en charge du portefeuille de la justice dans le gouvernement révolutionnaire organise les Tribunaux populaires. Salif NEBIE présidera une de ces assises, le fameux TPR de l’or où il s’illustre de façon mémorable. Il évolue aux côtés de Blaise COMPAORE devenu par la suite président. On retiendra qu’il fut ambassadeur à Cuba pendant plus d’une décennie et Conseiller à la Présidence du Faso avant de se voir nommé juge constitutionnel dans le quota du Président du Faso. Se prévalant de son statut de juge constitutionnel et a priori exclu du champ de la politique, Salif NEBIE cultive ses amitiés dans tous les cercles politiques. Il était le point de convergence d’hommes et de femmes aux profils politiques divers, voire parfois antagoniques», peut-on lire sur le site de L’Evènement publié le 11 juin 2014 sous la plume de Germain Bittiou NAMA.
Même si la politique manque souvent de logique, il est difficile d’imaginer qu’un homme qui a autant de proximité avec le pouvoir et qui n’était aucunement une menace pour lui puisse subir ses foudres au point d’y laisser la vie.
Le papier de NAMA donne une juste réponse à ceux qui, en commençant par lui-même, disent qu’il avait une position contraire à la tenue du referendum et à la révision de l’Article 37 qui permettrait au Président du Faso de se présenter à la Magistrature suprême en 2015. Le juge NEBIE a été nommé à la Cour Constitutionnelle dans le quota du Chef de l’Etat aux côtés duquel il a passé ses vingt dernières années. On n’a pas besoin d’être hyper intelligent pour comprendre qu’un tel personnage est un homme de confiance avec lequel on partage des visions communes et des objectifs communs. L’homme est neuf et ne vaut pas dix, comme on le dit chez nous, pour montrer qu’il n’est pas parfait et est capable du bon comme du mauvais, cependant, il faut dire que le juge NEBIE même s’il ne voyait pas ou plus les choses comme le voudrait le Président COMPAORE, il ne pouvait rien entreprendre contre puisque sur le plan constitutionnel le Referendum, donc la relecture de l’Article 37, est parfaitement légal et n’est même pas à l’ordre du jour du Conseil Constitutionnel. Par ailleurs, on ne voit pas comment l’élimination d’une personne sur un collège de 9 peut faire pencher la décision dans un sens ou un autre. D’ailleurs, le président du Faso qui a suscité sa nomination à son poste n’ignore pas que le juge constitutionnel a un devoir d’ingratitude à son égard. C’est dire que celui-ci n’est nullement tenu, et son serment l’y oblige du reste, de corrompre son intime conviction et sa lecture des textes pour plaire à son « bienfaiteur ». Ceci dit, s’il y a des gens qui pouvaient vouloir du mal au juge NEBIE, ce n’est certainement pas du côté du pouvoir comme le prétendent les tenants de la thèse de l’assassinat politique. C’est pourquoi d’ailleurs le Secrétaire exécutif national du CDP qui, dans son intervention lors du meeting du 21 juin au Stade du 4-Août, a présenté le juge Salifou NEBIE comme «un militant de la première heure du parti mais qui a été obligé de se mettre en réserve de la politique compte tenu de ses fonctions», a demandé que toute la lumière se fasse sur sa mort que des politiciens, essaient d’exploiter contre le pouvoir.
Il faut dire que dans ce dossier, la peur se trouve là où on ne croit pas. Parce que le juge n’avait rien à craindre de ses anciens camarades politiques qui l’ont envoyé servir la Nation au Conseil constitutionnel. NEBIE était un militant du CDP et l’est, sans doute, resté jusqu’à son dernier souffle. N’ayant rien à se reprocher, il n’avait vraiment rien à craindre de son bord politique. Tout le contraire avec ses soi-disant amis de on ne sait combien d’années qui n’ont pas hésité à le conduire à une beuverie avant de l’abandonner à son sort. De tels amis ; que Dieu nous en garde !
Ahmed NAZE
Famille NEBIE, restez digne
Qui plus qu’un père, une mère, un frère, une épouse, un fils, un oncle,… un ami, peut être plus affligé de la perte de l’être cher arraché à ce monde ? La douleur ressentie est sans commune mesure et seul Dieu peut l’apaiser. C’est pourquoi dans nos sociétés, quelle que soit la nature de la mort, l’on implore le Tout-Puissant afin qu’il apaise cette douleur. Et ainsi, les mossé de dire : «Il faut laisser à Dieu, car c’est sa volonté». Ces propos sont certes pleins de foi et sont pour aider à supporter la peine mais ils ne sauraient faire oublier que des morts, pour les circonstances troubles de leur survenue, devraient être élucidées et même jugées ici bas car relevant de la méchanceté humaine. N’est-ce pas le cas pour celle du juge NEBIE ?
Le juge NEBIE a toujours été un proche du pouvoirLe juge NEBIE a trouvé la mort après une randonnée que l’on dit pour le moins arrosée avec des proches dont son ami Germain Bittiou NAMA. Il se murmurait que l’infortuné était loin d’être maître de lui-même lorsqu’il prenait congé des autres et l’on imagine aisément ce qui en était la cause. Et voilà que le rapport du médecin-légiste français, CHOCHOIS, vient confirmer ce que l’on se disait tout bas : l’alcool consommé à l’anniversaire où il a été convié par son ami NAMA, évalué au taux de 1,95g/l, n’était pas pour lui faire du bien surtout qu’il n’était pas chez lui et devait de surcroît conduire son véhicule ! Oui, conduire son véhicule, et nous savons aujourd’hui que, si son «ami» Germain Bittiou NAMA avait suivi les conseils des autres convives de la fête et raccompagné son «ami et frère» à son domicile peut-être que ce dernier serait toujours auprès de Nadjatte Nassira, Djelika Maty Assiatou, Selim Oslem, ses enfants. Et surtout auprès de NEBIE/OUEDRAOGO Lalla Noumpoua, son épouse. Mais voilà, le juge NEBIE, parti avec son «ami et frère» à un repas pour lequel, à l’origine, il n’était pas convié, ne reviendra plus de son vivant à la maison. Il est parti sans dire au revoir à ses enfants. Il est parti, sans laisser des consignes à sa douce et tendre épouse. Il est parti dans des circonstances assez troubles si fait que, aujourd’hui, des hommes politiques tapis dans l’ombre veulent exploiter la douleur de sa famille pour parvenir à leurs desseins sordides. Pauvre famille, pourrait-on dire, qui vit un deuil que certains ne veulent pas respecter parce que leur agenda politique ne peut le permettre. Tels des nécrophages, ils font de la mort du fils NEBIE une exploitation cynique. Le fait n’est hélas pas nouveau.
Il vous souvient les manœuvres de ces gens qui prétendent vouloir du bien à la famille éplorée et aux Burkinabè et qui après la mort de notre confrère Norbert ZONGO en 1998 ont joué des pieds et des mains pour conduire le dossier à la place du juge en charge de l’affaire. Cette mort exploitée à outrance a valu à certains des vocations ayant taillé des croupières aux gouvernants pour se faire leur beurre au plan politique, associatif et autres. Les «vrais amis» de Norbert ZONGO ont fait de sa mort, comme le disait quelqu’un, leur «champ de cacao». On sait comment les choses se sont passées. En tout cas, aujourd’hui, ce sont eux qui se la coulent douce, sans même un regard vers Géneviève, l’épouse de Norbert et ses enfants. Pendant que le journal «L’indépendant», journal créé par le journaliste disparu, est abandonné par ceux-là mêmes qui avaient fait le serment qu’ils ne le laisseraient jamais sombrer car ils perpétueraient toujours l’œuvre de l’illustre disparu. Au bilan, chacun peut se faire à présent son opinion sur les tenants les aboutissants de l’activisme qui animait et anime ces messieurs dont certains sont encore aujourd’hui sur la brèche.
Comme dans l’affaire Norbert ZONGO, les mêmes hommes politiques et les mêmes «amis sincères», pour reprendre l’expression du communiqué de la famille NEBIE, ont encore trouvé une aubaine. Une aubaine qui, par un climat politique délétère où les clivages sont plus que jamais exacerbés, leur permet de remettre au goût du jour leur projet. Ces hommes politiques et ces «amis sincères» veulent exploiter la douleur de la Famille NEBIE à des fins politiques. Sinon, comment comprendre le communiqué paru dans la presse avec des expressions du genre : «…remercient pour le soutien affectif et militant… suite à l’assassinat de Salifou NEBIE, magistrat, juge au Conseil constitutionnel du Burkina Faso… remercient… les associations et mouvements de protection des droits de la personne, les internautes, les amis sincères du défunt à travers le monde, pour la mobilisation contre ce crime de sang, le refus de l’impunité, l’abjection et la lâcheté. Elles espèrent encore la mobilisation et le soutien massif de tous pour une campagne nationale et internationale pour la recherche de la vérité et de la justice pour Salifou NEBIE.» A coup sûr, la main qui a porté le stylo qui a rédigé ce communiqué est politique. Si c’est une main de la famille NEBIE, elle a été guidée par une volonté politique. Et pour cause, une famille dans la douleur de la disparition de l’être cher ne saurait remercier, dans un communiqué, des internautes qui sont dans l’ordre du virtuel. C’est à ne rien comprendre. Tout comme on ne peut comprendre que pendant que la justice s’affaire à élucider les circonstances de la mort de son fils, que l’enquête n’est pas encore bouclée et que par conséquent il soit difficile à l’étape actuelle de tirer des conclusions définitives qui accuseraient X ou Y d’être impliqué dans cette mort, la famille aille jusqu’à demander «…la mobilisation et le soutien massif de tous pour une campagne nationale et internationale… » cela seulement après quelques semaines.
Famille NEBIE, ne vous laissez pas égarer. Rappelez-vous la mort du jeune journaliste Michel CONGO que le «collectif» en son temps a voulu exploiter à des fins politiques. La justice qui ne s’est pas laissé distraire a élucidé l’affaire et les Burkinabè ont pu suivre ce procès qui a montré que l’infortuné a été victime d’un crime passionnel. Les contours de cette histoire et les témoignages faits n’étaient pas pour polir l’image du disparu encore moins celle de ces gens qui disaient vouloir justice pour sa mémoire et qui indexaient sans vergogne et sans preuve d’autres coupables. Alors, méfiance car dans la mort de votre époux, père, frère ou autre, tout porte à croire que c’est un banal, même s’il est dramatique, accident. Les preuves scientifiques existent. Faites confiance au corps de la justice auquel votre parent appartenait. Faites confiance au juge instructeur qui est un «ami sincère» de Salifou NEBIE. Le juge instructeur ne vous cachera pas la vérité. Il vous dira et il dira au peuple burkinabè si le juge constitutionnel est mort dans un accident ou si la théorie de son «ami sincère», Germain Bittiou NAMA, décrite dans l’interview qu’il a accordée à l’Observateur Paalga est la bonne. Que le juge repose en paix dans sa vérité.
Pouloumdé ILBOUDO
Société civile : Attention à la dérive
L’actualité sociopolitique ces derniers temps est marquée par la création tout azimut de mouvements et associations se réclamant de la société civile. Si l’on s’inscrit dans la dynamique de la démocratie, cela n’a rien d’anormal, parce que la démocratie exige la liberté d’association, d’expression et d’opinion. Toute chose du reste garantie par notre constitution. Mais à lire les écrits et à constater les agissements de certains mouvements et associations, il ya de quoi tirer sur la sonnette d’alarme afin d’éviter des dérives qui seront préjudiciables à la stabilité et à la paix sociale.
Les leaders du balai citoyen gagneraient à mieux attacher leur balais pour éviter les dérivesIl est certain que même le ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité (MATS) du Dr Jérôme BOUGMA aura quelques difficultés à faire l’inventaire des mouvements et associations qui ont vu le jour ces derniers temps depuis que le débat sur la révision de la Constitution est engagé, et qui se réclament de la société civile. Bobo-Dioulasso et Ouagadougou détiennent la palme de ces mouvements qui poussent comme des champignons sur une terre fertile : on peut citer, entre autres, le Balai citoyen, le mouvement Brassard noir, le mouvement cocorico, le M21, le collectif anti-referendum… Si l’on peut se féliciter de ce que cette effervescence du mouvement associatif est l’expression de l’existence d’un espace de débat démocratique, il y a toutefois lieu de s’inquiéter des dérives qui peuvent en découler. Beaucoup de structures qui poussent ainsi, comme des champignons, n’ont pas d’existence légale. Mais elles n’hésitent pas à se lancer dans leurs activités, avant d’être reconnues par l’Administration. Que se passera-t-il si elles sont coupables de dérapages ou de dérives graves ? Sans vouloir porter atteinte à toute forme de liberté d’expression et d’opinion, il est bon de clarifier cette situation. Les responsables des structures qui naissent à la pelle ont même intérêt à agir dans la légalité. Ce qui s’est passé il ya de cela quelques jours à Bobo-Dioulasso avec la manifestation non autorisée du Balai citoyen et qui a obligé les forces de l’ordre à réagir est une illustration parfaite des dérives qui peuvent découler de pareilles situations. Certains ont même parlé de répression. Que doit faire l’autorité quand des associations décident d’agir dans l’illégalité et troubler l’ordre public ? La force publique doit réagir pour rétablir l’ordre. C’est ce qui s’est passé à Bobo-Dioulasso. C’est pourquoi il est regrettable, c’est même une déception de lire le Chef de file de l’opposition soutenir des hors-la-loi dans leur dérive. On aurait applaudi si Zéphirin DIABRE avait invité le Balai citoyen, initiateur de la manifestation de Bobo, à se conformer à la loi. Mais non, notre chef de file de l’opposition qui aspire à la gestion du pouvoir s’est senti obligé d’écrire pour soutenir la dérive du Balai citoyen. C’est bien dommage. A l’analyse, c’est le contraire qui aurait étonné dans la mesure où ces associations qui se présentent comme de la société civile ne sont rien d’autres que des excroissances des partis de l’opposition. Et comme elles viennent grossir les rangs du Chef de file de l’opposition, Zéph ne peut que les soutenir dans leurs dérives au risque de perdre des amis politiques. Disons-le, ces associations n’ont rien d’apolitiques, elles sont politisées jusqu’à la moelle, pour ne pas dire qu’elles rivalisent avec les partis politiques. La position politique des responsables du Balai citoyen est bien connue de tous avant même la naissance de leur mouvement. Qu’on ne nous prenne donc pas pour des nez-percés, comme dirait l’autre. Il est certain que la majorité de ces mouvements et associations n’ont pas de récépissés de reconnaissance, donc ils agissent dans l’illégalité, des hors-la-loi, en somme. Il est donc temps que le ministre en charge de l’Administration du territoire mette de l’ordre et c’est maintenant qu’il faut agir et vite, afin de ne pas être obligé de gérer des problèmes qu’on aurait pu éviter si on avait agi plus tôt. En un mot comme en mille, il faut mettre de l’ordre dés maintenant car comme dit le penseur : «Les abus de la liberté tueront toujours la liberté».