La campagne électorale a débuté par un fait divers dans la province du Ganzourgou. Les habitants de Tanghin, un village de la commune rurale de Méguet, avaient refusé que tout parti politique, peu importe le bord, vienne battre campagne dans leur localité. A l’origine de cette révolte, une promesse non tenue d’électrifier le village. Dans cet entretien, Jérôme Compaoré, candidat CDP aux Législatives dans la province rassure que tout est rentré dans l’ordre et que les formations politiques en lice pour les Législatives-Municipales du 2 décembre prochain peuvent aller solliciter les voix de la population de Tanghin. Il parle également des dessous du consensus trouvé avec les manifestants et des chances de son parti, qui concoure avec 20 autres partis, de rempoter les deux postes de députés de la province. Cadre de la fonction publique, Jérôme Compaoré a travaillé au Premier ministère.
Avec son diplôme de docteur nouvellement en poche, il fait figure de candidat qui réunit toutes les chances d’intégrer l’hémicycle à l’issue des consultations électorales du 2 décembre prochain.
Lefaso.net : les habitants de Tanghin refusaient que les partis politiques battent campagne dans leur localité. Que s’était-il réellement passé ?
Jérôme Compaoré : Le problème de Tanghin est parti de promesses d’infrastructures scolaires et sanitaires et de l’électricité plus ou moins non tenues. Un village voisin de Tanghin, Koulwéogo, a bénéficié de l’électrification alors que Tanghin a été survolé. Les jeunes de la localité ont poursuivi et les autorités ont fait ce qu’elles pouvaient. Mais comme la procédure des projets est longue. La Sonabel a aussi fait ce qu’elle pouvait mais les habitants doivent attendre l’aboutissement des démarches. Les jeunes ont eu cette occasion pour se faire entendre. Tous les partis politiques ont eu maille à partir avec eux. Fort heureusement, on est parvenu à une entente avec eux au cours d’une rencontre que nous avons tenue aujourd’hui en présence du chef et de près de 350 jeunes du village. Tout est reparti de plus belle et je pense que le CDP obtiendra la victoire à Tanghin.
Qui avait fait les promesses aux habitants de Tanghin ?
Disons que c’est nous (NDLR, CDP). Puisque nos ainés qui ont dirigé les communes de la localité, avaient pris des engagements avec la population. Je me garde de citer des noms ici mais chacun fait ce qu’il peut faire et s’en va. Il nous appartient, jeune génération, de rattraper ces insuffisances qui font des gorges chaudes au sein d’une frange de la population du Ganzourgou.
Rassurez-vous que ce problème est résolu définitivement ?
Les jeunes de Tanghin n’étaient pas du tout contents de toute la composante politique du pays. Parce que le CDP, la CNPB et d’autres partis qui ont voulu passer Tanghin pour aller à Méguet ont été refoulés par les jeunes. A l’issue des discussions de ce matin, la voie qui était déjà ouverte depuis trois jours, l’est totalement maintenant. Les hommes politiques qui le désirent pourront y aller battre campagne sans problèmes.
Quels sont les termes du consensus que vous avez conclu avec les habitants de Tanghin ?
Les jeunes avaient donné tout au plus une semaine pour que les poteaux soient implantés. Nous leur avons fait comprendre que le processus de passation doit suivre son cours. Nous leur avons tenu un discours franc comme entre membres d’une famille en leur demandant de jouer leur rôle de citoyens. Nous leur avons demandé d’aller voter le jour du scrutin sans distinction de partis. Pour ma part donc, le problème est résolu dans la mesure où les techniciens de la Sonabel s’affairent à remplir leur part de contrat avec l’entreprise afin que celle-ci puisse faire son travail sur le terrain. Nous ne pouvons pas donner de délai pour la finition des travaux mais c’est un acquis, il y aura de l’électricité à Tanghin.
Nous sommes à cinq jours de la fermeture de la campagne électorale. Quel bilan à mi-parcours faites-vous ?
Il y a 21 partis en compétition dans le Ganzourgou pour les Législatives. Nous avons fait le tour de la plupart des communes. Nous avions déjà l’avantage d’occuper le terrain depuis une vingtaine d’années et pensons faire une bonne campagne. Nos aînés ont fait un véritable travail d’enracinement du parti par la réalisation de projets physiques dans plusieurs villages de la province. Ce qui nous facilite davantage le travail et nous permet d’espérer. Il nous reste les communes de Boudry , Zam, Zougou et Zorgho à couvrir. Le meeting de clôture aura lieu le 30 novembre prochain.
Le président de l’Assemblée nationale n’est pas candidat cette année. Son absence ne joue-t-elle pas sur les performances du parti ?
Il est vrai que le camarade Roch Marc Christian Kaboré n’est pas candidat aux Législatives à ces années mais il demeure un militant engagé du CDP. Et je puis vous informer qu’il a fait les 8 communes de la province avec nous pour rassurer les uns et les autres de sa disponibilité et de son appartenance au CDP contrairement aux ragots colportés et véhiculés à dessein à certains opposants politiques.
Quelle stratégie avez-vous déployé lors de cette campagne ?
Nous avons beaucoup privilégié le porte-à-porte. Le Burkina Faso organise pour la première fois de son histoire des élections couplées. Cela complique davantage la procédure. C’est la raison pour laquelle nous avons mis l’accent sur la campagne de porte-à-porte même si dans les 8 communes du Ganzourgou nous avons programmé des meetings.
Que prévoit de faire le CDP pour les communes s’il a remporté les mairies ?
Les 8 communes sont déjà dirigées par nos camarades du CDP. Nous allons continuer d’accroitre la prise en compte des préoccupations quotidienne de la population en matière d’infrastructures sanitaires et éducatives. Nous allons nous intéresser de plus près à la manière dont les maires doivent animer la vie politique dans nos communes.