Lauréat du prix spécial du président du Faso en pharmacopée à la foire régionale agrosylvopastorale et artisanale, tenue du 14 au 16 mars 2014 à Sindou avec sa recette « la poudre viralex » contre les hépatites B et C, Kimpé Jacques Sié, tradi-thérapeute, exerce dans un quasi anonymat à Banfora. Outre sa découverte contre les hépatites, l’homme dit avoir vaincu le cancer de la prostate, une pathologie qui résiste jusque-là à la médecine moderne. Dans l’entretien qui suit, cet enseignant de médecine traditionnelle et de plantes médicinales au centre de formation professionnelle non formelle de Koutoura (commune de Niangoloko), nous parle de ses découvertes, de la science occulte, mais aussi de ses rapports avec les autres tradipraticiens.
Sidwaya (S.) : Il semblerait que vous guérissez le cancer de la prostate là où la médecine moderne trébuche jusque-là. Est-ce vrai?
Kimpé Jacques Sié (K. J. S.) : La prostate, il faut d’abord savoir que c’est un organe masculin. Dès qu’il est inflammé, il provoque la prostatite. Depuis 15 ans, je travaille sur la prostatite et je connais de nombreuses plantes là-dessus si bien que je puis vous assurer que j’ai de bons résultats. Aujourd’hui, mes produits vont en Europe, en Afrique et ailleurs. Ce n’est pas de la magie, il faut simplement connaître les plantes qui guérissent le mal. Ce qu’il faut savoir, la prostatite n’est pas le fait d’excès de rapports sexuels, comme on le fait penser. Sinon, il y a des gens qui ont même quatre femmes et plus mais qui n’ont pas cette maladie. Scientifiquement, il est démontré que la prostate est composée de zinc. Dès qu’on éjacule, on perd en zinc et on doit récupérer cette perte par une bonne alimentation, après le rapport sexuel. Mais généralement, ce n’est pas le cas. Quant je reçois un malade qui dit souffrir de maladie de prostate, je fais un diagnostic par le toucher rectal. Dès que l’organe est rugueux, c’est un cancer mais quand il est mou, c’est une prostatite simple. Si c’est un cancer de prostate, il faut déployer des médicaments appropriés comme ce que je détiens. Au bout de trois à cinq mois, le malade guérit. J’ai fait mes preuves et beaucoup de mes patients peuvent le témoigner.
S : D’où viennent ces patients?
K. J. S : Ces patients viennent de partout au Burkina Faso comme en Afrique, des jeunes comme des personnes âgées. Je ne peux pas vous citer des noms, du fait du secret professionnel. Il y a des gens qui pensent que la prostate est une maladie des vieux. Ce n’est pas du tout vrai. Il y a des jeunes de 30 ans qui développent la maladie. C’est la mauvaise alimentation, surtout l’excès de consommation de viande trop grasse qui fait grossir la prostate. En prenant du volume, la prostate va jouer sur la vessie, si bien que la personne fait moins de miction. A un certain moment, au fur et à mesure que la prostate grossit, elle joue sur l’urètre qui va se charger. Cela devient un problème et il faut placer une sonde. On a cette chance quand même, car avec les plantes, on n’arrive pas à la sonde. Au bout de trois à quatre jours de traitement, la personne est soulagée et urine normalement, mais le traitement continue. Le cancer de la prostate se soigne et se guérit.
S. : En termes de coût, le traitement est-il à la portée de tout le monde ?
K.J. S : Tout à fait. Avec un peu de moyens, on soigne la prostatite, alors qu’ailleurs, il faut débourser des milliers de francs CFA. Il y a des gens à revenu modeste, qui arrivent et me disent souvent : «On ne peut pas s’arranger ?». Bien entendu, on s’arrange toujours. Je n’ai jamais eu de prostatite, mais je vois les gens souffrir et j’imagine la douleur. Il arrive même que certains n’aient rien du tout, mais je les soigne. Pour moi l’urgence, c’est de les soulager de la douleur. Je crois que c’est Dieu qui m’a fait don de cela, qui m’a béni, afin que je puisse soigner ces personnes malades de prostatite simple, de cancer de prostate ou d’autres pathologies.
S. : En dehors des maladies de la prostate, quels sont les autres pathologies que vous soigner ?
K.J. S : Il faut dire que je ne m’attaque qu’aux gros maux et non aux maladies du genre paludisme, hémorroïde, etc. Je me focalise sur les maux du siècle, c’est-à-dire les prostatites, les fibromes, les hépatites entre autres, et je fais beaucoup de recherches sur ces maladies.
S. : Où avez-vous obtenu toutes ces connaissances ?
K. J. S : J’ai trouvé la médecine traditionnelle en famille. En bon lobi, je l’ai hérité de mon père avant de le forger ailleurs. Au fur et à mesure que je partais à l’école, que je murissais, j’ai cherché à renforcer mes connaissances. Cela m’a ensuite conduit à l’âge adulte, en Gambie, au Ghana, en Inde et au Bénin. J’ai séjourné également au centre Harmonie d’Abidjan, en Côte d’Ivoire qui est un centre de référence en médicine traditionnelle. J’ai été aussi en Chine pour la même cause. Et tout cela m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui.
S. : Parlez-nous du prix en pharmacopée traditionnelle que vous avez reçu du président du Faso, lors de la foire agrosylvopastorale et artisanale de Sindou, le 14 mars 2014.
K.J. S : Je voudrais d’abord exprimer ma gratitude au président du Faso qui m’a remis de sa main, un prix spécial pour mon produit que j’ai nommé « La poudre viralex ». C’est un médicament contre les hépatites B et C. Aujourd’hui, ces maladies constituent un vrai fléau. L’hépatite B par exemple est très contagieuse, rien qu’à travers la salive et même la sueur. Imaginez quelqu’un qui boit dans un verre et que son enfant boit dans le même verre, l’enfant peut être contaminé. Et comme ma mission c’est de soigner, j’ai pu découvrir un médicament très efficace contre ces maladies. Les biologistes se sont penchés sur ma découverte et ont rendu compte à qui de droit et le président du Faso m’a remis un prix spécial pour ma découverte. Cela m’a énormément réconforté et m’amène à ne plus faire marche arrière, mais à foncer. Si le président du Faso n’avait pas cru à la médecine traditionnelle, je serais resté dans l’ombre. Grâce à cette marque de confiance, nous sommes mieux organisés et encadrés aujourd’hui.
S. : Malgré toutes vos prouesses, comment se fait-il que vous êtes peu connu sur le plan national ?
K.J. S : J’ai décidé, selon notre éthique, de ne pas faire du bruit autour de moi, mais de travailler, de soigner les malades. Il y en a qui font du bruit et du maquillage. Je suis lobi, je suis honorable et je ne fais pas cela. Que je sois connu ou pas, je vais soigner. Je m’attaque aux gros maux comme je vous l’ai dis tantôt : les hépatites, la stérilité féminine, entre autres. Il y a des tradipraticiens qui viennent prendre mes produits, notamment ceux contre la prostatite et se rendent célèbres. C’est la mascarade et moi je ne rentre pas dans cela.
S. : Justement quels sont vos rapports avec les autres tradipraticiens ?
K. J. S : Mes rapports avec les autres tradipraticiens sont au beau fixe. Je suis le président de l’Association des tradipraticiens de la Comoé. J’organise chaque année à Banfora, des Journées de la médecine traditionnelle au profit des tradipraticiens maliens, nigériens, ivoiriens, ghanéens, gambiens, sénégalais et burkinabè. Quand je vais à une foire et que je constate qu’un produit est mal présenté, j’apporte des conseils nécessaires, parce que j’ai plus appris.
S. : Quels sont vos rapports avec le docteur Zéphirin Dakuyo, un tradithérapeute dont la réputation dans le domaine ne se dément pas ?
K. J. S : Pour moi, le docteur Dakuyo est un monument. C’est quelqu’un qui a traversé son désert. On l’a vilipendé partout. Quand il a commencé avec le « dri bala » (NDLR : un antipaludéen), on a entendu dire à la télévision que «ça bouche les reins, ça fait ceci et cela ». Mais il a fini par faire ses preuves. Et les mêmes qui l’ont sali à une certaine époque, se bousculent maintenant pour prendre ses produits et même l’inviter à des colloques. J’ai découvert en lui, la franchise, des qualités humaines et l’abnégation au travail. Sinon, par expérience, je ne vais pas généralement vers les scientifiques parce qu’on n’a pas les mêmes données. Dakuyo est en quelque sorte mon parrain. Quand je découvre un produit, je vais vers lui et on soumet le produit en essai aux malades. Franchement, c’est quelqu’un que j’apprécie.
S. : Est-ce qu’il vous arrive d’associer la science occulte à vos traitements ?
K.J.S : Quand je reçois un malade qui me dit, j’ai un problème de prostate, je m’attaque à la prostate. Mais quand il me dit on m’a jeté un sort, je lui donne mon produit tout en le rassurant que le sort va partir, parce que j’ai étudié la parapsychologie. Je crois qu’il ne faut pas se camper sur ces choses occultes pour soigner. Cela n’a pas de rapport avec la vraie santé. Sinon, en bon lobi, je pratique les sciences occultes, mais je ne soigne pas avec cette science. Je profite de l’occasion pour dire à mes collègues que la médecine traditionnelle n’est pas du commerce. Cela conduit au bricolage, à faire n’importe quoi, rien que pour de l’argent, alors que l’urgence, c’est de soigner.
Propos recueillis par
Frédéric OUEDRAOGO
ouedfredo2003@yahoo.fr