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Notre Temps N° 122 du 11/7/2014

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Bishop Claver Yaméogo : ‘’Mon franc-parler m’a fermé bien des portes’’
Publié le dimanche 13 juillet 2014   |  Notre Temps


Bishop
© Autre presse par DR
Bishop Claver Yaméogo


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Fils du premier Président de la République de Haute Volta, Maurice Yaméogo, rappeur incontesté, communicateur hors pair et surtout Bishop, hier Mc Claver, aujourd’hui Révérend Pasteur Claver Yaméogo, il fait partie des personnalités médiatiques les plus atypiques de notre pays. Sa métamorphose a surpris et continue à surprendre la génération de la fin des années 90. Le Directeur général de la radio Jam a bien voulu revenir avec nous sur son parcours, ses relations avec son père, son accident, sa famille «divisée», le hip hop et sa reconversion à la faveur de cet entretien réalisé le 7 juillet dernier dans son bureau à la radio Jam.


Notre Temps : Votre tendre enfance s’est déroulée principalement à Abidjan. Parlez-nous-en.

Bishop Claver Yaméogo : On va rectifier. Je suis né à Bobo-Dioulasso. A l’âge de trois ans, je me suis retrouvé en France parce que mon père avait envoyé ma mère là-bas quand il était au pouvoir en tant que Président de la Haute Volta. Je parle de Maurice Yaméogo. Il y a eu beaucoup de problèmes sur ma naissance, parce que pour eux, un président qui possède un enfant hors mariage, c’est scandaleux. J’ai failli être un enfant à scandale, car on a voulu m’adopter pensant que c’est une honte. On a voulu aussi me kidnapper, voire me faire disparaître, n’eût été la vigilance de la dame de ménage car ce soir-là ma mère était sortie et certainement on ne m’aurait pas retrouvé. Il y a eu beaucoup de remous ; c’est la raison pour laquelle mon père a préféré nous envoyer ma mère et moi en France. En 1970, quand mon père est sorti de prison, il a fait donc rentrer définitivement ma mère afin qu’on reste ensemble. J’avais 8 ans à cette époque quand nous sommes rentrés de Koudougou, où j’ai fait l’école jusqu’à l’obtention du BEPC. Je suis revenu donc à Ouagadougou dans les années 79-80 et je suis resté jusqu’à la Révolution en août 1983. Je suis allé après m’installer en Europe, en Italie, de 1984 à 1988 où j’ai eu un accident. De là, je suis revenu en France pour me faire soigner jusqu’en 1989. Entre temps en 1987, mon père était parti s’installer en Côte d’Ivoire auprès d’Houphouët Boigny. Donc, après l’accident, mon père me dit «Ecoute, l’Europe ne te réussit pas. Tu veux faire de la communication ; pourquoi ne viendrais-tu pas à Abidjan ? Je vais voir avec mes relations comment t’introduire ». C’est ainsi qu’ en 1989, je débarque à Abidjan et je suis embauché à la RTI en 1991, après avoir passé un test à la radio. Je suis resté là-bas de 1991 jusqu’au début de la guerre en 2002 pour enfin rentrer au Burkina en 2004. C’est en Côte d’Ivoire que j’ai véritablement explosé avec le Hip Hop par cette émission radio «Zone Rap» et les « sound systems» des vacances avec Yves Zogbo Junior. Mais je n’ai pas pu véritablement décrocher une émission télé à moi à cause de mes origines. A partir d’un certain moment, j’étais bloqué sur le plan professionnel à telle enseigne que même les petits frères sont venus me dépasser. Alors que dans le milieu du Hip Hop, le roi, c’était moi ! C’est ainsi que j’ai décidé de rentrer au pays. Mais je pense que c’est Dieu qui avait planifié tout cela. Parce qu’au même moment, je commençais à rentrer un peu dans les Ordres. Je recherchais beaucoup le Seigneur, la spiritualité. L’un dans l’autre, la conviction de Dieu a été très forte en moi, en rentrant au Burkina en 2004. Au lieu d’être un simple animateur, je deviendrais propriétaire. Avec Pulsar, tout a mal tourné, c’est une ancienne histoire et c’est cela qui a amené cette bénédiction par la création de la fréquence Jam. Voici ramassé mon parcours, quoique j’ai flirté aussi avec les Etats-Unis; bref, j’ai fait le tour du monde.

D’aucuns disent que vous avez bénéficié des largesses de votre père au détriment des autres demi-frères

Ce sont de fausses accusations. Bien au contraire, ce sont mes demi-frères qui ont été aux petits soins avec mon père. Je dirais plutôt que c’est ma mère qui a été celle qui aura tout fait tant pour mon avenir que pour la famille. Elle tenait, elle seule avec courage, la maisonnée à Koudougou. C’est elle qui soutenait la famille et même mon père. Certes, le Président Houphouët m’a beaucoup aidé mais, c’est ma mère qui aura été au centre de tout. En dehors de ça, comme tous les jeunes de mon âge, je faisais mes «Ken» et «deals» en Italie aussi pour m’en sortir mais je n’ai pas vraiment bénéficié des largesses de mon père comme on le dit.

Comment s’est faite cette transition du rappeur Mc Claver à Bishop Claver Yaméogo ?

Huuum ! Très difficile. Quand Dieu veux t’utiliser, il peut passer par des faits ahurissants. J’ai été victime d’un accident de la circulation à Gênes en Italie, dans lequel j’ai failli perdre la vie. J’allais travailler dans une boîte de nuit avec ma copine, une Italienne, et sur la route, le pneu a crevé. Je suis sorti du véhicule pour aller la secourir et une autre voiture m’a fauché. Ma philosophie était que, si je ne suis pas mort, Dieu m’a donné une seconde chance pour vivre ma vie pleinement. J’ai commencé à vivre à 200 à l’heure ! Dix ans après, j’ai été victime d’un cancer. Là, j’ai vraiment cru que j’allais y passer ! J’ai fait des chimiothérapies et c’est à ce moment que la main de Dieu va véritablement intervenir dans ma vie par une guérison miraculeuse. Je devais faire dix séances de chimio, j’en ai fait que deux ! J’avais cette conviction que Dieu avait opéré le miracle et que le mal avait disparu en moi. Donc, par la foi j’ai reçu mon miracle. Malgré ça, ma vie était toujours un peu « bancale ». C’est comme cela qu’après la venue du président Guei Robert au pouvoir, pendant qu’on était toujours les protégés de la présidence, les problèmes ont commencé à se corser. J’ai perdu la maison qui nous avait été allouée par l’Etat. Ils sont donc venus nous mettre dehors. Pendant que je vivais cette période tumultueuse, de vache maigre, un de mes amis, en l’occurrence le Bishop Kodja Guy Vincent, m’a invité à une veillée. Car bien avant, je lui avais dit que j’avais besoin de spiritualité. Je ne semblais pas être un mauvais garçon. Je me contentais de ce que j’avais. J’ai mon appartement, ma petite voiture, mes petites affaires, je ne suis pas dans les bagarres, les faux «deals» ; bref, je vivais ma vie simplement. Mais pourquoi je n’arrivais pas à décoller ? J’avais vraiment besoin de spiritualité ! C’est ainsi que j’ai accepté venir à la veillée de prière que m’avait proposé le Bishop Guy Vincent. Quand j’ai suivi le message à l’Eglise, j’étais convaincu qu’il m’était entièrement adressé. Au début, je ne comprenais pas beaucoup de choses. J’ai même critiqué dans ma tête et après, j’ai vu que Jésus était venu véritablement me parler. C’est à partir de là que j’ai pris la décision de m’accrocher à Jésus car, j’ai compris que Jésus n’était pas de n’importe quelle religion. Il était venu appeler des gens au salut et il leur demandait de suivre ses commandements. Du coup, j’ai trouvé que Jésus n’était pas venu pour amener les gens dans la pauvreté. Car, souvent on a peur, et on se dit que l’Eglise va nous faire abandonner nos maisons, nos voitures, nos beaux habits et qu’on va marcher comme des clochards. Mais là, l’Evangile était présenté autrement. Jésus voulait que chaque chrétien vive bien, qu’il prospère, qu’il soit dans l’abondance, qu’il ne soit pas triste. Ce message m’a beaucoup touché, beaucoup éclairci et c’est comme ça que je suis rentré dans le Ministère. C’est alors que ma conversion s’est faite petit à petit. Plus tard en 2004, Jésus m’a dit que  «ce que tu devais faire pour la Côte d’Ivoire, tu le feras chez toi au Burkina».

Qu’est-ce-que de façon matérielle, l’Eglise vous a apporté ? En d’autres termes, est-ce que vous avez retrouvé la richesse aujourd’hui ?

Je dirais oui ! La richesse est le résultat du spirituel. Plus vous voyez un homme abonder spirituellement, plus matériellement il est riche. De même que chez les sorciers, quand vous voyez des hommes qui font le «wack», ils ont un grand marabout, alors, ils font de grandes affaires. Donc, c’est la force de ton marabout qui dénote aussi tes capacités matérielles. C’est ainsi que ta hauteur spirituelle démontrera aussi tes capacités matérielles. Il faut avoir la foi. Il faut croire au Bon Dieu. Il faut faire ce que ton Dieu te demande, ensuite la bénédiction te poursuivra. C’est la sainte Bible qui le dit. Si tu fais ce qui est agréable à Dieu, il va ordonner à la bénédiction de te poursuivre. Il y a des choses qui t’arrivent que tu n’a pas demandé forcément, tout te sourit. C’est comme si en toi, il y avait ce qu’on appelle : la grâce. C’est quelque chose qui t’arrive et que tu ne mérites pas. C’est une faveur imméritée, si tu comprends cette faveur de Dieu, tu comprendras pourquoi certains chrétiens possèdent beaucoup de choses alors qu’ils ne sont pas plus intelligents que X ou Y, mais ils ont une certaine grâce. Cette grâce les amène à se matérialiser physiquement. Les gens disent que je suis très riche, gloire à Dieu ! Ce sont des prophéties ! Mais s’ils savaient ! Mais quand on te le dit, il ne faut pas refuser. Il faut l’accepter. Oui je suis riche ! Je te dis, je suis milliardaire ! Mais ne me demande pas de montrer mes milliards car cela est avec mon père qui est Dieu. Tout ce qui est dans le monde m’appartient ! Si le monde appartient à ton père et toi tu es son fils, c’est pour qui ?
…Mais ça reste toujours dans la croyance…
Est-ce que toi, en tant que père, tu peux donner les clefs de ta voiture à ton enfant de 5 ans ? (NDLR : Il pose la question)
…Non !
Justement, parce qu’il n’est pas mâture. Dieu est pareil ! Il ne peut pas prendre ses richesses et les donner à un enfant quand il sait que spirituellement cet argent va l’emmener chez Satan ! Il y a des gens, si tu leur donne 1 milliard tout de suite, ils vont devenir fous ! Ils vont aller dans les boîtes de nuit et prendre des pépés et l’argent que Dieu t’aura donné va t’emmener en enfer ! Dieu connait chacun de ses enfants ! Il sait qui est mâture et qui ne l’est pas pour gérer sa fortune. C’est pour cela qu’il prend le temps de te préparer pour avoir sa bénédiction. De la même manière, Dieu ne peut pas donner ses richesses à des bébés spirituels tout comme un père ne peut pas donner les clefs de sa voiture à son enfant de 5 ans.

Pourquoi vous ne vous êtes pas lancé dans la politique comme vos demi-frères ?

Qui dit qu’un jour ça n’arrivera pas ? Nul ne sait ce que Dieu prévoit dans l’avenir. Comme je le disais tantôt, dans une des émissions où on était ensemble toi et moi (NDLR : Il fait référence à l’émission CAFE de la TNB), même l’Evangile est une politique ! Parler de Jésus, prêcher la parole, chercher à avoir des adeptes pour le royaume de Dieu. En politique, c’est la même chose. Tu as un parti et tu veux que les gens viennent voter et adhérer à ton parti. Je fais de la politique mais elle est spirituelle. Maintenant, quand les gens seront matures, ils comprendront qu’il n’est pas interdit à un Chrétien de faire de la politique. Il n’est pas interdit à un pasteur de faire de la politique si vraiment c’est son appel. Aux Etats-Unis, il y a eu des pasteurs qui se sont présentés à la Présidentielle. Chez les Républicains, par exemple, Mc Cain a perdu. Le Révérend Jesse Jackson était le premier pasteur noir à se présenter aux élections. Vous allez au Burundi, son Président est un pasteur ! Il joue même de la batterie à l’Eglise ! Il y a beaucoup de gens dans le monde qui sont pasteurs et qui font de la politique. En Corée du Sud, au Brésil dans leur parlement, il y a plus de la moitié des députés qui sont des pasteurs. Pour changer le monde, il faut être là où il y a les prises de décision. Beaucoup de pasteurs seront contre ce que je dis, mais chacun a ses opinions. Si un pasteur est appelé à diriger ce pays, c’est que c’est Dieu qui l’aura choisi. Il pourra donc agir selon la parole de Dieu.

Quel est donc le regard que vous portez sur la situation sociopolitique de votre pays ?

Je ne porte, pour le moment, aucun regard. Parce qu’il y a des voix plus autorisées que moi qui peuvent donner leur opinion telles que le Révérend Pasteur Docteur Mamadou Karambiri, Pasteur Samuel Yaméogo, qui sont nos devanciers, nos papas, nos aînés. Nous nous alignons sur leurs décisions. Beaucoup de gens attendent ma réaction. Même aux conférences, j’ai toujours refusé de me prononcer à ce sujet pour le moment. Je pense qu’en temps opportun, je donnerais mon avis. Mais, comme on le dit, c’est très délicat de parler en ce moment de l’article 37, du référendum ou apprécier des partis politiques ou encore de ce que mon grand frère Hermann fait. Dans mon Eglise, j’ai des gens qui viennent de tous les partis mais j’essaye de jouer à la neutralité. Je prie pour qu’il y ait la paix, la stabilité. Je prie pour que nos dirigeants ne regardent pas leur intérêt personnel, mais l’intérêt de la nation. Nous avons vécu en Côte d’Ivoire une situation déplorable et nous avons subi les conséquences. Je ne souhaite pas à mon pays ce que j’ai vécu en Côte d’Ivoire quand la guerre a éclaté en 2002. Je demanderais à tous les politiciens d’avoir de la retenue dans leurs propos, de regarder l’intérêt du peuple et de trouver véritablement une voie de compromis gagnant-gagnant afin que nous puissions rester dans la paix. Spirituellement, il y a un démon qui voyage à travers l’Afrique et qui crée la guerre. Quand un pays est dans la paix, ça n’arrange pas ce démon. Ce démon cherche justement là où il y a la stabilité pour amener la guerre. Burundi, Nigeria, Ghana, Mali, Côte d’Ivoire, Centrafrique, Congo, Niger… Ce démon se balade partout. Quand il n’y a pas d’hommes forts spirituellement pour prier pour la paix de la nation, cela devient compliqué. L’appel que j’ai à lancer, c’est de demeurer dans la prière. Un homme, quand il prend le pouvoir, c’est parce que Dieu l’a permis. Personne ne vient au pouvoir sans que Dieu ne le permette. C’est Dieu qui installe les autorités, c’est Dieu qui les enlève, il faut donc qu’on respecte les autorités que Dieu a placées. Quant aux prochaines autorités qui seront là, c’est Dieu qui les placera et il faut qu’on les respecte. Ça ne veut pas dire qu’on est forcément partisan.

D’où vous viennent les financements pour le fonctionnement de votre Ministère ?

C’est une association, nous vivons des mécènes. Il y a des gens qui nous soutiennent. Ils aiment bien le Ministère d’Evangile de Puissance qui bénéficie des dons. Les pasteurs sont laïcs et travaillent presque tous. La plupart des ressources que nous possédons viennent des efforts des uns et des autres. Moi-même je mets la main à la pâte pour soutenir le Ministère. Nous le faisons chacun selon ses moyens, sans contrainte et en toute simplicité. Dernièrement, nous avons fait venir l’archevêque Nicolas Dankan William. C’est un programme qui nous a coûté énormément mais le résultat était satisfaisant car la terre du Burkina Faso a été bénie. Nous prêchons pour que les gens soient prospères. Car, la prospérité ce n’est pas d’avoir une voiture et une maison. Ça c’est insignifiant. La prospérité, c’est que  si tu viens me voir, je t’offre une voiture, de l’argent et ça ne me fait absolument rien ! La prospérité, c’est plus que ça ! Même si on t’a volé 10 millions à la maison, ça ne te fait rien car tu en as en abondance. Avoir une voiture et une maison, n’est pas la prospérité, c’est une forme de survis pour le moment (rires). Moi je n’ai pas atteint la prospérité, je survie pour le moment dans l’Evangile. Car, quand je serai prospère, quand tu viendras me voir, tu repartiras rempli de joie et d’abondance, en criant mon nom partout (Rires)…

Est-ce-que vous connaissez des gens dans ce monde qui ont atteint cette prospérité ?

Mais bien sûr ! Il ya beaucoup de pasteurs qui sont immensément riches. Ils ont des jets privés, des universités, des gratte-ciel, des yachts… (NDLR : il énonce plusieurs noms de pasteurs africains riches et connus de par le monde). De nombreux pasteurs remettent gracieusement des millions aux enfants à la télévision. Ils sont nombreux qui ne sont plus à l’étape de la survie. Ils ont beaucoup investi dans les pays anglophones parce qu’ ils parlent anglais. Ils ne viennent pas ici à cause de la barrière de la langue. Ils sont au Rwanda, au Mozambique, en Afrique du Sud…Ils ont construit des centres, des écoles, des maternités, mais malheureusement, ils ne connaissent pas l’Afrique francophone. Ceux-ci sont de véritables sources de bénédiction !

Comment est née votre radio ?

C’est suite à mon différend avec la radio Pulsar que le CSC m’a octroyé une fréquence, et par la suite, la Radio Jam est née. Tout est parti de la main de Dieu, car sans lui, on n’allait pas réaliser ce projet. On n’avait rien au départ car on a démarré avec le strict minimum. C’est exactement en 2008 que nous avons commencé à émettre et depuis lors, certains affirment que nous faisons partie des trois fréquences les mieux écoutées au Burkina. J’ai choisi de faire une radio commerciale mais le cahier de charges ne m’interdit pas de faire de la religion. C’est donc une radio commerciale à caractère évangélique. Tout simplement, parce que ce ne sont pas les chrétiens que je cherche à gagner, mais ceux qui ne le sont pas. Si je crée une radio chrétienne, mon auditoire va être réduit ; raison pour laquelle, j’ai fait une radio commerciale afin que tout le monde l’écoute. Nous sommes suffisamment calés en matière de discothèque (NDLR : il présente sa grande armoire à disques) ; aucune radio ne nous rivalise à ce niveau. C’est la raison pour laquelle, nous diffusons tous les genres musicaux. Nous ne faisons pas de journal et c’est un choix, malgré cela, nous sommes bien suivis. Par exemple les matins, c’est Jésus qui vous réveille et bénit votre secteur à partir de 3h avec de la musique d’adoration. Cela chasse les mauvais esprits et vous réveille en toute sérénité. A partir de 9h, on commence nos programmes musicaux habituels et ce, jusqu’à minuit.

Un bishop a-t-il souvent des moments de loisirs ?

Oui avec ma famille, on va au restaurant. Je présélectionne les films que je vois, notamment les bons films d’action, ceux qui ne sont pas négatifs…

….Et les boîtes de nuit ?

Oh non ! Ça c’est terminé. Ce milieu ne peut pas collaborer avec mon esprit. Il y a des endroits où la sirène des eaux évolue, où la tentation aussi se fait très forte. Il ne faut pas aller dans des endroits où tu sais que ça ne va pas t’arranger. Fumer par exemple n’est pas bon pour la santé. Imaginez-vous un bishop qui croise une fille là-bas qui sait que vous êtes bishop…et elle commence à vous embrasser devant tout le monde. Qu’est-ce-que vous allez dire ? Tes fidèles sont là, des cameras partout…Si vous-même vous entrez en boîte et vous voyez Jésus, qu’est-ce-que tu vas dire ? (rire). On dira… «Ah vieux père Jésus (rire)…tu veux danser zouk ou quoi ? (rire)». Tout cela, je l’ai fait à une certaine époque, je sais ce que c’est. Il y a des loisirs plus sains, je peux aller à Loumbila au bord de l’eau pour faire du jet ski. Je peux jouer au football, des jeux vidéo avec les enfants, faire de la lecture.

Marié ? Combien d’enfants ?

Trois enfants, je suis marié à une Ivoirienne d’origine nigériane, Mama Flora Yaméogo. Il y a Maurice Yaméogo Junior qui est en France, mon premier fils, il a 22 ans. Je l’ai eu quand j’étais encore dans le monde à l’âge de 30 ans. Il est aussi évangéliste. Khaled (4 ans) et Joshua (6 ans) qui sont avec moi.

Votre plat préféré ?

Ce sont des pattes italiennes faites avec la crème fraîche mélangée avec des champignons, des lardons. J’aime aussi les cuisses de grenouilles, les escargots. Je vais dans les restaurants français, italiens, chinois. Bref, j’aime la bonne gastronomie. En termes de plats africains, je ne suis pas compliqué à ce niveau. J’aime bien la viande de brousse, mais maintenant j’en mange moins. Sinon j’aime le foutou, le n’dolè du Cameroun et aussi la cuisine chinoise. Ecoute, on n’a plus de choix. Quand on n’est plus dans le monde, tu ne peux plus chercher femme, tu ne peux plus fumer, tu ne peux plus boire l’alcool. Qu’est-ce qui te reste ? C’est au moins la gastronomie  et avoir de belles voitures, au moins un peu de bling-bling (rires). Il y a beaucoup de choses qui me sont fermées. Où est ce que je peux me replier ? C’est se faire plaisir dans la bouf, avoir une belle montre, des habits chics, des voitures… Tout en n’étant pas extravagant ou en ne jouant pas les m’as-tu-vu pour narguer les gens. Dieu nous dit d’être riches pour lui, mais ne faisons pas passer l’argent avant lui.

Des projets ?

J’en ai évidemment. On a tenté d’avoir une télévision, mais ça n’a pas marché. J’ai été un peu déçu parce qu’on avait tout mis en place pour que ce soit correct. Je pensais que le succès de Radio Jam devait attirer l’attention du CSC. La communication est une arme qui est dans mon cœur depuis très longtemps ! Je rêvais de faire la télé et la radio depuis ma tendre enfance. Ma première télé, je l’ai faite en 1983 avec un groupe de rap. Peut-être que mon dossier n’était pas assez solide, raison pour laquelle, on m’a débouté. Mais, comme vous avez un frère burkinabè et que vous savez qu’il possède des compétences, utilisez-les! Les Américains n’auraient jamais laissé les compétences que j’ai pourrir. En matière de communication et d’audiovisuel, je le dis haut et fort, je suis un…dinosaure ! Je suis un caïd ! Les gens ne veulent pas collaborer avec moi parce que, beaucoup ont peur ! Il n’y a pas une radio ou une télé où je ne suis pas allé avec des dossiers pour proposer des collaborations. Si les gens savent que c’est moi qui suis à la base, ils ont peur que je vienne prendre leur place. Mon franc-parler et ma langue aiguisée m’ont fermé beaucoup de portes ! Quand ils me voient, ils me disent «ouuuh on va travailler avec toi. C’est formidable !», mais quand j’amène le dossier, ils ferment ! Et je les comprends, la concurrence fait peur ! Mais quand vous avez un fils, qui a du talent, même s’il n’a pas les moyens, même si son dossier est mal ficelé, à cause de ce que vous savez de lui sur son background, aidez-le ! Soutenez-le ! Donnez-lui des moyens ! Faites-le asseoir et posez-lui la question sur sa vision. Demandez-lui combien il voudrait pour le réaliser et donnez le lui ! Et dites-lui «Fonce ! On est derrière toi !». Vous allez voir, avec les talents qu’on a, le pays devrait avancer. Comme je suis un homme de Dieu, je prends tout avec philosophie.


David H. MAGNAN

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