Le lundi 27 août dernier en Guinée Conakry, les militants de l’opposition politique ont été violemment dispersés par les forces de l’ordre au cours d’une manifestation interdite. Ils entendaient protester contre le report sine die des élections législative et locale qui auraient dû se tenir en juin 2011.
Mais depuis lors, faute de consensus de la classe politique, elles sont reportées sans cesse. Il se trouve qu’en Guinée, c’est l’opposition qui est prête pour aller aux élections et que c’est le pouvoir qui traine les pieds pour « non viabilité du fichier électoral ».
Au Burkina, les choses pourraient être l’inverse, c’est-à-dire donnant de voir un parti au pouvoir en ordre de bataille, prêt pour aller aux élections et une certaine opposition jamais satisfaite des conditions de transparence du scrutin qui trouve toujours la petite bête qui pourrait retarder la tenue des élections. En tout cas c’est le sentiment qu’inspire l’attitude de ces partis d’opposition qui avant même que la CENI ait fait le bilan général de l’enrôlement biométrique, trouvent de si graves imperfections au point qu’ils demandent « un audit indépendant du fichier électoral ».
Et pourtant, l’enrôlement biométrique des électeurs avaient été réclamé à cor et à cri par tous les acteurs nationaux comme un moyen efficace de viabilisation du fichier électoral. Pour répondre à cette doléance, l’Etat a fait un effort financier important de l’ordre de 11 milliards de FCFA pour que l’enrôlement biométrique des électeurs puisse avoir lieu.
A côté de cet effort financier exceptionnel de l’Etat, il convient de faire remarquer l’intelligence organisationnelle et le déploiement de logistiques et de ressources humaines très importantes de la part de la CENI pour sensibiliser tous les acteurs nationaux aux fins d’enrôler le maximum d’électeurs. Répondant aux appels de la CENI, bien de partis politiques et d’associations de la société civile se sont impliqués dans la sensibilisation des citoyens à se faire enrôler sur les listes électorales.
Parmi les formations politiques qui se sont montrées les plus actives dans la sensibilisation des citoyens à l’enrôlement biométrique, figure en bonne place le parti majoritaire. Tous les observateurs ont pu constater la débauche d’énergies dont a fait preuve le parti au pouvoir à travers toutes ses structures pour parcourir le pays d’Est en Ouest et du Nord au Sud pour inviter les populations à s’inscrire sur les listes électorales.
Dans cette tâche de sensibilisation à l’enrôlement biométrique, la direction du CDP a même débordé sa base pour rencontrer dans les plus grandes villes du pays, les mouvements associatifs pour leur délivrer un message citoyen en faveur d’un plus grand civisme.
Outre le CDP, on a aussi noté l’activisme de certaines formations politiques comme l’ADF/RDA, l’UNIR/PS et l’UPC. Pour d’autres partis comme le PDS/ Faso metba, le FSS, l’UPR, la CFR, etc. se fut un silence radio étonnant.
En tout cas ces partis et d’autres encore auront été si peu audibles et visibles dans la sensibilisation des électeurs à l’enrôlement biométrique, que l’on se demande s’ils s’y sont investis vraiment. Peut- être bien que leur investissement dans la sensibilisation à l’enrôlement biométrique a été à la mesure de leur taille et de leur petite forme du moment.
De fait, sur la centaine de partis que compte le Burkina, on n’aura de cesse de le dire, beaucoup ont une implantation au sein des populations qui laisse à désirer. Conséquence, leur participation à animer la vie politique est des plus squelettique. Par contre, ils sont les plus acerbes en critiques de tout genre et ne sont jamais satisfaits de l’organisation d’aucun scrutin.
Leur outil de prédilection pour masquer leur absence sur le terrain de la mobilisation des populations, c’est la presse. Ils s’en servent sans modération publiant des déclarations les unes plus insipides que les autres avec au final le même contenu : l’organisation des élections n’est pas transparente.
Et pourtant depuis le retour à l’Etat de droit et l’organisation régulière d’élections multipartites, on se demande quelle est cette revendication consensuelle de l’opposition qui n’ait pas fait l’objet d’un examen favorable de la part du pouvoir en place ?
La dernière revendication, satisfaction de laquelle le pouvoir s’est plié en quatre, est bien cette exigence de l’enrôlement biométrique. Mais voilà que l’opération est à peine terminée que des partis de l’opposition qui ont brillé par leur manque d’engagement à sensibiliser les électeurs, trouvent à redire, exigent une prolongation des délais et revendiquent un audit du fichier électoral non encore formalisé.
Cette propension à voir la tricherie ou des intentions de tricherie partout est désespérante et symptomatique d’un manque de confiance en soi de la part de certains partis. Aussi sont- ils toujours en train de préparer avec une longueur d’avance des justifications farfelues à leur défaite annoncée.
En vérité, ces partis militent sans pouvoir le dire ouvertement pour un nième report des élections dans l’intention de mieux s’y préparer. Mais seront-ils prêts un jour quand on connaît l’indigence de leurs moyens humains, matériels et financiers ? Le doute est permis.