Le M23 est toujours maître de Goma et de Saké et n’entend pas s’en retirer sans que cela soit le fruit d’une négociation avec Kinshasa. Pourtant le sommet extraordinaire qui a réuni des chefs d’Etat de la région des Grands Lacs, Yoweri Musseveni (Ouganda), Joseph Kabila (RDC), Mwai Kibaki (Kenya) et Jakaya Kikwete (Tanzanie), a exigé le départ des rebelles de Goma avant mardi et leur retrait à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, la capitale du Nord-Kivu.
En échange, Joseph Kabila s’est engagé à «prendre en compte les revendications légitimes» des croquants. Hier au moment ou nous tracions ces lignes, rien n’indiquait un début de soumission à cette injonction bien qu’elle émane des voisins, dont on soupçonne certains de porter à bout de bras les insurgés. En effet, selon des experts onusiens, le M23 n’est que le bras armé de Kigali et, dans une moindre mesure, de Kampala qui convoitent les immenses richesses de ce pays continent qu’est la RDC, qui vaut huit (8) fois la Belgique son ancien colonisateur. C’est justement pour cette raison qu’on s’attendait au respect pur et simple de l’ultimatum venant des parrains.
Mais cette mise en demeure a été, comme un coup d’épée dans …le fleuve Congo et n’engage que ceux qui y croient. Du reste, la position des différents protagonistes n’incite guère à l’optimisme : le gouvernement congolais a exclu dimanche de négocier avec les insurgés sans leur retrait préalable de Goma alors même que les FARDC, mal formées et peu motivées, ne sont pas en mesure d’opposer une résistance farouche à ses hors-la-loi, si bien qu’on se demande sur quoi s’appuie Laurent Désiré Kabila pour poser des préalables au dialogue ; de son côté le M23, fort de ses victoires successives, a souligné sans ambages que son départ ne peut qu’être le résultat, le fruit d’une négociation avec ceux contre qui il a pris les armes. Pour ajouter à la confusion, le chef du Mouvement du 23-Mars Jean-Marie Runiga, a dit n’avoir pas été saisi officiellement de l’ultimatum dont on parle tant.
On peut à juste titre émettre des doutes sur la sincérité des chefs d’Etat qui se sont penchés sur cette situation pendant le sommet de Kampala, car ils sont restés évasifs malgré la gravité du sujet. Ils se sont contentés de demander au M23 de ne plus menacer de renverser Joseph Kabila sans préciser les éventuelles conséquences, pour les rebelles, d’un rejet de ces exigences. Toute porte à croire que les parrains des croquants ne sont pas pour le moment disposés à renoncer à leur objectif inavouable par l’appui à leurs filleuls, qui sèment la terreur dans l’est du pays de Mobutu. Pour l’instant, le drame humanitaire qui se profile à l’horizon n’émeut pas grand monde dans ces Grands-Lacs abonnés aux guerres intestines. C’est bien dommage !