Un douanier a été pourchassé comme un vulgaire voleur par des jeunes de Boussé. Nos populations ont-elles perdu le sens de la loi ? Difficile à comprendre. Défendre un fraudeur en s’en prenant à un douanier est difficile à croire. C’est pourtant la triste réalité.
Peut-on combattre la fraude ? La réponse par l’affirmation n’est pas aisée au vu de ce qui s’est passé à Boussé. Si le ministre en charge de l’Economie jure d’éradiquer la fraude, il est un autre mal qu’il parviendrait difficilement à combattre. Cette recrudescence des attaques ciblant des douaniers en mission commandée.
Le mercredi 22 août 2012 à Boussé, un fonctionnaire des Douanes a été pris à parti par la population suite à une course-poursuite avec des fraudeurs. Au bilan de cette furie de la population, une moto incendiée et un douanier blessé.
C’est une atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité physique d’une personne. Le fait n’est pas anodin puisque l’autorité de l’Etat est écornée par une population qui veut se rendre justice, qui ne respecte plus les principes de l’Etat de droit.
On se demande pourquoi subitement les Burkinabè sont devenus violents. En tout cas aucune raison ne peut justifier que des populations prennent la défense d’un fraudeur pour régler les comptes à un douanier.
C’est choisir la fraude et le désordre. Ce serait de l’anarchie, la loi de la jungle. Selon nos informations, ces fraudeurs transportaient des médicaments de rue. Médicaments contrefaits qui sont de véritables poisons.
En effet, les conséquences de ces médicaments sont énormes sur la santé des populations. Ce sont des drogues que nos forces de sécurité tentent d’éradiquer à travers des opérations de saisie. Comme ce qu’a tenté de faire l’infortuné douanier.
On se rappelle qu’en octobre dernier, une opération de la police nationale contre les produits médicaux contrefaits avait permis la saisie de 2,5 tonnes de faux médicaments et 23 personnes avaient été interpellées. Pour en revenir aux incidents de Boussé, peut-être que le jeune douanier a posé des actes que nous ne connaissons pas.
Autrement, nous pensons qu’il a fait son devoir. Peut-être qu’il a eu tord de faire usage de son arme en pleine agglomération. C’est ce qu’on peut lui reprocher.
Mais face à un fraudeur qui menace de disparaître dans la nature avec des médicaments pouvant occasionner la mort de plusieurs personnes, le choix de tirer en l’air pour l’intimider afin qu’il s’arrête n’est pas la plus mauvaise des solutions. Mais dans un contexte difficile comme le nôtre où certains ne veulent pas sentir les forces de l’ordre une petite étincelle suffit à détruire toute une « forêt ».
Les Burkinabè doivent se ressaisir pour que le pays ne devienne pas un Far-West. Force doit rester à la loi et nous espérons qu’après réflexion ces populations prendront conscience et se mettront du côté de la loi. Mais en attendant, l’Etat doit assumer ses responsabilités en faisant respecter son autorité.
