La levée du corps de Gérard Kango Ouédraogo s’est effectuée le samedi 5 juillet 2014 à Ouagadougou. De nombreuses personnes ont accompagné le corps du défunt, de la morgue du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo à son domicile familial où il a reçu des honneurs militaires et des hommages du public. Dans la soirée, des autorités dont le président du Faso, Blaise Compaoré, sont venues rendre un dernier vibrant hommage à l’illustre disparu.
C’est à 19h 30mn que le président du Faso, Blaise Compaoré, et son épouse Chantal Compaoré, sont arrivés au domicile de feu Gérard Kango Ouédraogo dans le quartier Nemnin, sis à l’arrondissement 2 de Ouagadougou. Sur place, le couple présidentiel s’est incliné devant le corps de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale. A sa sortie, le chef de l’Etat a indiqué qu’il est venu rendre hommage à un grand acteur politique aujourd’hui disparu et témoigner sa compassion à la famille éplorée. « Nous sommes là pour nous associer à la douleur de la famille Ouédraogo, suite à la disparition d’un homme que nous avons connu avant même de faire la politique. C’est un homme que nous avons vu traverser l’histoire de notre pays avant et après les indépendances. Toutes les décennies, il avait eu une contribution politique qui a été par moments essentielle pour notre nation. Je suis donc venu rendre hommage à ce grand homme politique et lui dire combien son message restera gravé dans nos cœurs, ce message de paix qu’il a voulu chaque fois prodiguer, ce message de rassemblement, ce message aussi pour l’Afrique, et je crois que nous sommes là surtout pour honorer cette contribution historique d’un homme que nous avons connu et que nous avons beaucoup apprécié », a déclaré Blaise Compaoré avant de quitter les lieux. Après le président du Faso, de nombreuses autorités politiques, administratives, coutumières et religieuses sont venues saluer également la mémoire de Gérard Kango Ouédraogo. Pour le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, la disparition du président d’honneur à vie de l’ADF-RDA constitue une immense perte pour le pays. « Comme tous les Burkinabè, nous ressentons la disparition de Gérard Kango Ouédraogo comme une immense perte pour notre nation. On peut dire que c’est pratiquement l’un des fondateurs de cette République que nous aimons tous, la Haute-Volta, devenue Burkina Faso. Mais c’est aussi l’un des témoins de l’évolution de ce pays depuis plus d’une cinquantaine d’années. Gérard Kango Ouédraogo aimait le Burkina Faso, c’était le sens de tout son combat politique. J’ai eu le privilège de le connaître ces dernières années et il m’a beaucoup appris sur la fonction de Premier ministre, sur la fonction d’un homme politique. Je crois que c’est dommage que nous ne puissions encore profiter de toute cette sagesse mais nous sommes fiers pour ce qu’il a été. J’espère que son héritage politique appartient aujourd’hui à tous les Burkinabè, quelle que soit leur ligne politique. C’est un patriote qui a aimé son pays et nous devons retenir cela », a confié le chef du gouvernement. A l’instar des autorités, la famille, plusieurs parents et connaissances sont venus prendre part aux obsèques. Dès 14h, de nombreuses personnes se sont rendues à la morgue du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo pour la levée du corps. A cet effet, une foule immense a accompagné le cortège funèbre au domicile familial à Nemnin, où le corps du disparu a été accueilli par des coups de fusils tirés à plusieurs reprises par les chasseurs traditionnels couramment appelés « dozos ». Devant sa cour familiale, feu Gérard Kango Ouédraogo a reçu les honneurs militaires dignes de son rang et des hommages tour à tour de sa famille et du nombreux public.
Cette forte mobilisation lors des obsèques de Gérard Kango Ouédraogo ne surprend guère le journaliste de Radio France internationale (RFI), Sayouba Traoré, parent du défunt, venu pour la circonstance. « Je m’y attendais parce que, d’une part, c’est une reconnaissance, et de l’autre, c’est un regret. Vous connaissez la situation du Burkina Faso aujourd’hui où il y a des tensions de toute part. Si tous nos vieux s’en vont, parce que ce sont eux qui sont les faiseurs de paix, c’est eux qui peuvent dire calmez-vous les enfants, n’allez pas jusque-là, si eux tous s’en vont, qu’est-ce qui va se passer ? Dans mes écrits et quel que soit ce que je dis et le milieu où je le dis, j’ai toujours dit que notre pays en général a une économie fragile et nos familles ont des économies familiales fragiles. Nous devons faire beaucoup attention à ce que nous faisons. S’il y a des secousses politiques, nous allons le regretter tous. Malheureusement pour nous, il y a un changement de génération et tous les faiseurs de paix s’en vont. Quelque part, on exprime une angoisse : si tous les vieux nous abandonnent, qu’allons-nous devenir ? », s’est interrogé l’animateur de l’émission « Le coq chante » sur RFI. A l’en croire, Gérard Kango Ouédraogo était un enseignant, un pédagogue, un mythe, un héros. « Si quelqu’un vit aux côtés de Gérard Kango Ouédraogo et n’apprend pas quelque chose de la vie, c’est que son cas est vraiment désespéré », a renchéri Sayouba Traoré pour traduire l’immense perte que représente la mort du chef de Yiriim, ancien député au palais Bourbon, ancien ambassadeur, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, fait depuis lors Grand-Croix de l’ordre national. Après Ouagadougou, son corps a été transféré à Ouahigouya, dans son fief natal, au petit matin du 6 juillet. Veillée de prière, messe, bénédictions et hommages seront organisés au profit du « Duc du Yatenga » et président d’honneur à vie de l’ADF-RDA, avant son inhumation dans le village de Soubo, ce lundi 7 juillet. Comme le déplorait l’écrivain et historien malien Amadou Hampâté Bâ, « en Afrique, un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle », C’est le cas de feu Gérard Kango Ouédraogo. Que cet illustre disparu repose en paix !