Référendum ! Le mot a remplacé « Sénat » dans la bouche des hommes politiques au Burkina. Il est modulé avec la plus célèbre des dispositions de la Constitution burkinabè : « l’article 37 ». A la différence du Sénat, qui a alimenté des marches, le référendum se conjugue dans les stades.
L’opposition dite « pure » et le pouvoir, avec ses alliés du Front républicain, le maudissent ou le bénissent. Les opposants le rejettent en vertu du « respect de la Constitution ». Les dirigeants du moment l’appellent de tous leurs vœux en vertu du … « respect de la Constitution ».
Pour le moment, le principal argument, le soutien du « peuple » à l’un ou l’autre camp, se fourbit dans les stades, à grand renfort de comparaison et de création de nouvelles expressions. C’est ainsi que celle du « remplir un stade recto, verso avec intercalaire » est désormais inscrite dans le vocabulaire politique du Burkina.
La prochaine manifestation immédiate en relation avec le référendum aura lieu ce samedi là où « l’affaire » du référendum commencé : Dori, où l’opposition tient son troisième « rassemblement populaire » dans le cadre de sa « campagne contre le référendum ».
On aura noté qu’à Bobo-Dioulasso, le 14 juin dernier, lors du deuxième meeting, le parti au pouvoir a organisé un autre meeting concomitant. En sera-t-il de même au Sahel où l’opposant Arba Diallo « contrôle » la mairie de Dori ? Réponse dans quelques heures…
En attendant, l’inquiétude est latente dans bien des esprits. Nombreux sont les observateurs qui craignent que les « oui » et les « non » au référendum ne débordent sur un terrain incontrôlable.
Jusque-là, les différentes manifestations se sont passées dans un esprit civique, empêchant notamment forces de l’ordre et manifestants de « se rentrer dedans ».
Mais le 28 juin dernier, les choses ont dégénéré devant la mairie de Bobo-Dioulasso où un sit-in d’un mouvement la société civile, « le Balai Citoyen », pour réclamer le départ du locataire des lieux a été dispersé au gaz lacrymogène pour défaut d’autorisation.
C’est un signe qui montre que la saturation n’est pas loin. Une situation qui n’est pas aidée par le silence du Chef de l’Etat Blaise Compaoré.
Ce dernier, après avoir levé le lièvre à Dori en décembre 2013, puis lui a fait peur avec ses sorties dans différentes villes du pays, est retourné à ses voyages, et surtout à la médiation malienne. Laissant les acteurs politiques à leur sort, qui agissent et parlent tout en ayant le cou tordu vers ses lèvres.
Dans tous les cas, il faudra bien finir par rompre ce suspense, en répondant au moins par « oui » ou par « non » à l’appel lancé par le CDP, depuis maintenant plus de deux mois …