Une année scolaire s’achève. C’est le temps de jeter un regard sur une année qui était celle de tous les dangers et qui s’est finalement bien passée à la satisfaction de l’ensemble des acteurs de l’éducation nationale. C’est aussi le moment d’envisager l’avenir, avec la poursuite des réformes et d’adresser les changements qui ne manqueront.
La tenue, le 10 juin dernier, de la session de l’examen du Certificat d’Etude Primaire (CEP) marque la fin de l’année scolaire au MENA. Une année scolaire 2014 qui s’achève ainsi de façon satisfaisante avec un examen du CEP qui s’est tenu sans trop d’anicroches. Cela mérite d’être signalé d’autant plus que cette année a vu le début d’application du Continuum scolaire faisant désormais de l’enseignement de base un cycle unique qui va du préscolaire au post primaire en passant évidemment par le primaire. Que l’examen du CEP se soit tenu sans grandes difficultés, dans ces conditions, est un signe que la réforme s’enclenche relativement bien. Mais avant le CEP, il y a eu l’examen du BEPC qui, dans les conditions de mise en œuvre du Continuum, interroge le MENA même si, de façon transitoire et concertée, cet examen continue d’être organisé par le MESS.
Cette fin d’année heureuse est donc l’occasion de faire un premier bilan de cette année scolaire, de ses enjeux et des projections pour l’année à venir. Le temps évidemment que la première responsable du département, de façon plus autorisée, ne donne les conclusions définitives et les fortes orientations pour l’année à venir, qui sera aussi, sans doute, une année scolaire de challenge. Ce sera, en effet, la deuxième année d’opérationnalisation de la mise en œuvre du Continuum.
Quelques esquisses de bilan à mi-parcours
Commençons par la bonne tenue de l’examen du CEP. Pour cette session 2014, qui a débuté le 10 juin et pris fin le 13 juin, les épreuves se sont déroulées sur l’ensemble du territoire sans difficultés majeures signalées. Les premiers responsables du MENA se sont déplacés à l’intérieur du pays pour s’assurer du bon démarrage des épreuves. A cet effet, le ministre délégué chargé de l’Alphabétisation, Amadou Diemdioda Dicko, est allé dans la région du Sanmatenga, notamment au chef-lieu de la région, Kaya, pour assister au début des épreuves. D’autres missions conduites par le directeur de cabinet et le secrétaire général du ministère sont allées dans plusieurs régions du pays assister au début des épreuves et apporter les encouragements de madame le ministre à l’ensemble des acteurs.
Un CEP particulier…
353 073 candidats ont pris part à la session 2014 de l’examen du Certificat d’Etude Primaire (CEP) et du concours d’entrée en classe de 6ème. Sur cet effectif, signe des temps sans doute, il y avait plus de filles que de garçons. La nomenclature des candidats est la suivante : 183 945 candidates pour 169 116 candidats.
Globalement, cependant, les effectifs de cette session 2014 sont en baisse par rapport à ceux de la session 2013. Il y avait jusqu’à 681 candidats de moins au niveau national par rapport à la session de 2013.
Cette baisse des effectifs serait liée à l’accroissement du nombre des communes, de la réforme qui a réduit considérablement le nombre des redoublants, au recrutement biennal des élèves dans certaines écoles, à l’abandon des classes au profit des sites aurifères, au mariage forcé des filles dans certaines localités et au retour de nombreux élèves maliens des camps de réfugiés dans leur pays d’origine.
En attendant les résultats de ces examens de la session 2014, les différents indicateurs de l’année 2013 montrent que sur 100 élèves seuls 57 avaient réussi à l’examen du CEP. Au niveau du post primaire, les indicateurs montrent également que sur 100 élèves qui entrent en 6ème, 61 arriveront avec ou sans redoublement en classe de 3ème et seulement 25 obtiendront le BEPC.
Pour relever tous ces défis, le Programme de Développement Stratégique de l’Education de Base (PDSEB) a été élaboré avec l’ambition d’améliorer les indicateurs d’accès, de qualité et de pilotage. La vision du PDSEB est de contribuer à « former un citoyen responsable, créatif, producteur ayant des valeurs universelles et doté de compétences nécessaires pour soutenir le développement économique et social du pays ».La mise en œuvre du PDSEB se fonde sur des principes majeurs que sont la gratuité de l’enseignement de base public et l’obligation scolaire de la tranche d’âge de 3 à 16 ans, la professionnalisation de l’éducation, la vision holistique, intégrée et multisectorielle du système éducatif et la promotion du bilinguisme. L’un des choix stratégique pour la mise en œuvre du PDESB est la suppression du goulot d’étranglement entre le primaire et le post primaire avec un taux de transition escompté de 93,2% en 2015 puis 95 % en 2021 et 100% en 2025 avec une équité fille/garçon.
Mise en œuvre du Continuum
Les objectifs fixés pour la première année ont été largement atteints. Les partenaires de l’éducation, APE, AME, partenaires sociaux et PTF ont été largement informés des tenants de la réforme. La rencontre la plus emblématique restera sans conteste celle de Madame le ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation avec l’ensemble des syndicats dans la salle de conférences de la DRINAen juillet 2013.
Les transferts de CEG prévus ont été réalisés et la nouvelle configuration de l’enseignement de base se met progressivement en place. Il faut à ce niveau saluer l’esprit patriotique des personnels de l’enseignement qui ont compris où se trouvait l’intérêt de l’école burkinabè et des enfants burkinabè et saluer la bonne collaboration entre les différents départements ministériels concernés par le transfert.
Les instances habilitées du MENA travaillent à capitaliser les expériences de la première année de mise en œuvre pour mieux réussir le processus dans les deux années à venir. Un point plus exhaustif sur la question sera fait incessamment par madame le ministre.
Place du CEP dans le Continuum
Le certificat d’étude primaire (CEP) est un diplôme qui sanctionne la fin de l’enseignement primaire et atteste du même coup l’acquisition des connaissances de base. Il marque la fin de l’instruction primaire qui couronnait un cursus de six ans.
Dans le cadre de la mise en œuvre du continuum éducatif, l’enseignement de base est considéré comme un cycle unique qui comprend le préscolaire, le primaire et le post primaire. C’est dire que la certification des acquis ne doit plus se faire comme c’est le cas présentement. Logiquement, il va falloir le prolonger et le faire intervenir désormais à la fin du post–primaire. Puisque c’est une certification qui sanctionne les acquisitions en fin de cycle. Or, le primaire est un sous cycle désormais. Il est obligatoire de penser les réformes qui doivent constater cette nouvelle situation. Le MENA a introduit une communication orale dans ce sens en Conseil des Ministres. Elle a été positivement appréciée par le gouvernement. Il faut maintenant en discuter le contenu et les modalités avec les partenaires de l’Education nationale.
La relecture des programmes éducatifs s’avère indispensable en vue de les réadapter aux attentes des acteurs et bénéficiaires de l’enseignement primaire d’une part, et aux besoins actuels des communautés d’autre part.
Plus que jamais la question de la qualité de l’éducation doit demeurer la boussole. Il faut, cependant, revoir les dispositifs pour ne pas continuer à sacrifier l’avenir éducatif des millions d’enfants burkinabè sur l’autel d’une approche trop sélective et élitiste. C’est tout l’enjeu des années à venir dans l’opérationnalisation du Continuum.
Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation