Finalement, y a-t-il une vitesse limitée dans la ville de Ouagadougou ? Pourquoi les Ouagalais sont-ils si pressés au point de fouler au pied les b.a.b.a du code de la route. Notre capitale peut se targuer d’être la plaque tournante de telle ou telle merveille, le carrefour de ceci ou cela, le paradis de je ne sais quelle autre vertu, bref, ce n’est pas Ouagadougou qui n’est pas coquette. Le comportement de certains Ouagalais est d’une bassesse inouïe, d’une ignominie spéciale. Un motocycliste qui brûle les feux, drible le policier et se moque de la notion de priorité. Un automobiliste qui effectue un dépassement en plein embouteillage ou deux cyclistes qui pédalent au rythme d’une causette.
Le degré de civisme des Ouagalais se révèle en circulation. Trop de pagaille sur nos routes, si bien qu’on en vient à se demander s’il n’y a pas un syndrome de l’inconscience suicidaire chez certains citadins pour ne pas oser dire citoyens. A chaque fois que vous circulez sur nos routes cousues et raccommodées, vous assistez le cœur meurtri à l’indigence morale de ces usagers qui pensent que vivre à Ouagadougou est une gloire, tout en ignorant qu’être citoyen requiert des normes et des valeurs. Mais est-ce vraiment de l’ignorance ? Non, c’est de l’inconséquence, une inconséquence qui met à nu au-delà de la bévue, la bassesse hardie de ces supers citoyens. Certains brandiront de façon boiteuse et maladroite d’ailleurs leur liberté, mais à quoi sert la liberté si elle mène à la fatalité ?
Votre manière de vous comporter en circulation dénote de votre façon de vivre en société, de votre niveau d’éducation, voire de votre niveau d’intelligence. Oui, nous sommes amers, peut-être même plus. Nous avons marre de voir ces chauffards écraser des vies chaque jour. Nous avons marre de voir le sang de pauvres usagers sacrifiés par d’autres usagers sur l’autel de l’imprudence coupable et de l’intolérance assassine.
Quand un poids lourd à la charge hors gabarit s’entête à se frayer un passage aux heures de pointe entre motocyclistes et cyclistes. Lorsqu’un taxi effronté écrase le piéton pour happer à la sauvette le client qui hèle ou quand un bus roule à vive allure comme une ambulance, au nom de quelle urgence endeuille-t-on tant nos familles ? Il faut sévir sans fléchir, condamner avec fermeté et sans complaisance, ces barbares qui tuent, fuient parfois et abandonnent leur victime sans le moindre secours, sans la moindre pitié, sans un seul brin de compassion. Vous êtes des criminelles ! Oh, le comble, ces derniers temps, il y a une espèce funeste de pourriture sociale affectueusement et honteusement appelée ‘‘fils à papa’’ qui sème le merdier dans la cité et trouble la quiétude des bonnes gens. A qui appartiennent ces vilains bambins gonflés qui font du rallye sur nos routes et dans nos quartiers ? Qui sont les parents de ces menus fretins qui se glorifient de baratins, sèment le pétrin et se moquent des bonnes manières en société ? Perchés sur des montures de grosse pointure, aux allures de funambules, ces forcenés acrobates sans scrupule nous indignent. La vantardise de ces enfants gâtés frise la bêtise. Quelle hantise ! Ô diable, quelle sottise ! Arrêtez ces impossibles pour les raisonner et ils vous diront qu’ils ne sont pas n’importe qui, parce que leurs arrières sont soudés. N’importe quoi !
A tous les parents dignes de ce nom, sachez que ce n’est pas en offrant à votre rejeton la plus grosse moto du monde que vous l’aimez. C’est en lui inculquant les nobles valeurs de combativité et d’humilité qu’il grandira en homme, le vrai. Dans le cas contraire, votre fils ne sera jamais un adulte, même à cinquante ans et vous n’en serez jamais fier si et seulement si vous-mêmes, vous avez fait la fierté de vos parents.