Marches contre des autorites municipales de bobo:La rançon du manque de discernement
Jamais Bobo Dioulasso n’a été sous les feux de la rampe comme cette année 2014.
Jadis, ville calme avec son climat propice et la vie relativement moins chère, Bobo Dioulasso est en passe de devenir l’épicentre des revendications tous azimuts.
Ses caractéristiques d’antan reflètent bien le nom de la ville, « Sya », qui signifie « paix » dans la langue locale. A cette paix, s’ajoutent les potentialités humaines et physiques dont dispose Bobo Dioulasso. Mais, cette paix et les potentialités économiques contrastent avec le niveau du développement de la ville.
Mauvais état des voiries, manque criard de caniveaux exposant la ville à des inondations, manque d’infrastructures, dysfonctionnement des services sociaux de base, absence réelle de politique de développement de la localité. Et la liste des problèmes ne saurait être exhaustive.
Tenaillées par les affres de la misère, les populations ne savaient plus à quels gouvernants se vouer. Moins contestataires, ne revendiquant rien, les Bobolais caressaient, sans doute, l’espoir des lendemains meilleurs. Que non ! Car, au fil des années, le ciel ne fait que s’assombrir sur eux les plongeant dans une misère indescriptible. Et c’est à juste raison que certains disaient que la ville de Bobo, pourtant deuxième du pays, a été délaissée, comparativement aux actions de développement et du dynamisme économique que connaissent d’autres viles du pays.
Lasses de supporter ce qu’il est convenu d’appeler injustice, les populations ne se sont pas fait prier pour prendre leur destin en main. Ainsi, à la faveur de la situation nationale agitée autour des velléités du parti au pouvoir de tenir un référendum pour sauter le verrou limitatif des mandats présidentiels, les populations de la ville de Sya donnent de la voix en posant leurs revendications légitimes. Dès lors, naquirent des associations qu’on peut qualifier d’avant-gardistes de la lutte pour un avenir radieux.
A travers déclarations, conférences de presse, meetings et marches, elles exigent des autorités locales le bien-être des populations.
La marche la plus mémorable est celle organisée pour exiger la réhabilitation de l’hôpital Sourou Sanou. Une marche qui a mis à nu l’état de déliquescence dans lequel se trouve le plus grand centre de santé de la région du grand Ouest.
Piteux, délabrement total, manque de matériels sanitaires, bref, autant dire que la situation de l’hôpital avait fini par convaincre les plus sceptiques que Bobo ne représentait rien au Burkina. Si cette situation est caractéristique de l’état général du pays, il faut reconnaître que le cas particulier de Bobo frise un désistement total des autorités locales. C’est pourquoi et au-delà de leurs actions à connotation politique, les associations, ou du moins certaines d’entre elles, puisqu’il y en a qui ne représentent que l’ombre d’elles-mêmes, sont à féliciter.
Elles ont certainement donné un coup de pied dans la fourmilière, obligeant les autorités locales à sortir de leur léthargie légendaire dans laquelle elles se complaisaient. Mais, il semble que certaines d’entre elles (les autorités) feignent d’ignorer l’ampleur du mouvement de revendications légitimes des populations, s’adonnant au dilatoire.
Une option suicidaire solidifiée par leur hargne à imposer leur vision unique et inique. Car, une autorité administrative et communale est censée agir au nom de toutes les populations, quels que soient leurs bords politiques, philosophiques et idéologiques.
Et c’est vraiment faire montre d’un nanisme intellectuel que de poser une action contraire au bien-être populaire. C’est vrai que l’actualité politique est faite de meetings et de contre-meeting, selon qu’on est pro ou anti référendum, mais les autorités en charge de la gestion des cités doivent avoir le sens de discernement et faire face réellement aux préoccupations de leurs populations pour éviter d’ajouter une couche supplémentaire à cette crise.
Quand on est autorité élue ou nommée, le premier combat est celui du bien-être des populations, au lieu de celui de la défense des intérêts d’un clan ou de son parti origine. Auquel cas, il ne faut pas s’étonner de voir des marches dirigées contre soi.
Et Salia Sanou, maire de Bobo Dioulasso, risque de l’apprendre à ses dépens .