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Le Quotidien N° 1096 du 24/6/2014

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Investiture du président Bissau-Guinée: la CEDEAO réussit son opération de sauvetage
Publié le mercredi 25 juin 2014   |  Le Quotidien




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La Guinée Bissau a un président démocratiquement élu et officiellement investi.

Cela parait anodin et normal, qu’un processus électoral aboutisse à cela. Mais en Guinée-Bissau, ce n’est pas toujours le cas. L’histoire politique du pays est jalonnée d’élections tourmentées, de coups d’Etat sanglants et de règlements de comptes mafieux.

L’absence d’une gouvernance démocratique avait transformé ce petit pays en narco-Etat qui risquait dangereusement de contaminer les autres pays de la sous-région. Le chaos était la norme en Guinée Bissau. Il a fallu l’intervention énergique de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour sortir le pays de l’instabilité, en lui imposant une force de paix et un chronogramme pour le retour à la légalité constitutionnelle.

Mission réussie puisque depuis le coup d’Etat d’avril 2012, la Guinée Bissau est dans un cercle vertueux de la stabilité qui a commencé par l’élection présidentielle et se poursuit par la proclamation des résultats et l’investiture du président élu. L’évolution positive de la situation dans ce pays est une éclaircie dans un ciel ouest-africain toujours menaçant. C’est une bonne nouvelle à plus d’un titre.

En effet, la fin d’une crise dans un pays est toujours un grand événement. Elle marque le retour à une vie plus tranquille pour les populations, mais aussi à une plus grande prospérité de sa zone communautaire. En raison de la mal gouvernance et de l’instabilité, la Guinée Bissau est restée figée dans l’arriération la plus crasse.

Bien sûr, l’élite corrompue vit dans un autre monde fait de luxe. Certes, tous les pays africains connaissent cette fracture sociale. Seulement, le cas de la Guinée Bissau est encore plus dramatique. Or le pays n’est pas voué à ce triste destin.

Il suffit de voir comment le Cap-Vert, qui a une histoire coloniale similaire, est aujourd’hui le chouchou des organisations internationales.

«Le Cap-Vert reste l’un des rares pays à pouvoir se vanter d’avoir une démocratie fonctionnelle en Afrique, avec l’île Maurice, l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie ». C’est l’éloge très flatteur fait à ce pays par Anne Khady Sé, journaliste sénégalaise, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest.

Si l’archipel a réussi un tel parcours, la Guinée Bissau peut aussi devenir démocratique. Et toute la sous-région ne s’en portera que mieux. En effet, à cause de ses nombreuses tares, le pays du président José Mario Vaz est un boulet pour l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Il est maintenu sous perfusion grâce surtout au Sénégal et à l’UEMOA. Autant donc dire que le retour à la normale en Guinée Bissau constituera un fardeau de moins pour l’UEMOA.

L’autre bonne nouvelle concernant la Guinée Bissau, c’est qu’il s’agit d’un des rares cas où l’Afrique règle par elle-même ses conflits. Cette sortie de crise est le fruit des efforts de la CEDEAO. D’abord diplomatiquement, puis militairement, avec son contingent ECOMIB, l’organisation a su faire régner l’ordre. Il faut savoir donc lui reconnaitre le mérite, pour une fois, d’avoir pu mener à bien un processus de récupération d’un pays membre perdu. Bien entendu, le travail est loin d’être terminé.

C’est pourquoi les troupes de l’ECOMIB doivent rester dans le pays le temps nécessaire à un retour définitif de la stabilité. Le travail à faire est en effet titanesque : stabiliser les institutions, réformer l’armée, lutter contre le trafic de drogue et sortir l’économie du marasme. Après la Côte d’Ivoire et le Mali, la Guinée Bissau est le troisième pays de l’UEMOA et plus largement de la CEDEAO, à vivre des fortunes diverses et qui est parvenu à renouer avec un ordre constitutionnel normal. Les dirigeants de la sous-région sont de ce fait interpellés sur la nécessité de surveiller les foyers potentiels de conflits. Cela, afin d’éviter l’éternel recommencement .

La Rédaction

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