Enrolement biométrique au Burkina: Que vaut un militant sans carte d’électeur? #aOuaga

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Enrolement biométrique au Burkina: Que vaut un militant sans carte d’électeur?

Publié le mardi 24 juin 2014 | Le Quotidien

© Autre presse par Jean-Pierre Sawadogo
Enrôlement biométrique à Ouaga et Bobo m la CENI sollicite le concours des évangélistes
Mercredi 18 juin 2014. Ouagadougou. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Barthélemy Kéré, a rencontré les premiers responsables de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) du Burkina pour solliciter leur concours pour la mobilisation de leurs fidèles pour leur enrôlement sur la liste électorale biométrique qui se déroule du 17 au 30 juin à Ouaga et à Bobo. Photo : Me Barthélemy Kéré, président de la CENI

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Le président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a entrepris depuis quelques jours une série de rencontres avec des leaders d’opinion dont la voix porte. Il a ainsi échangé avec les représentants des communautés religieuses et traditionnelles avec comme objectif principal de demander leur appui pour une plus grande information des populations sur l’enrôlement biométrique en cours. Bonne initiative, s’il en est. Mais force est de reconnaitre que cette démarche du président de la CENI intervient relativement tard. C’est bien après le recensement dans les autres régions du pays et au moment où Ouagadougou et Bobo-Dioulasso ont largement entamé le leur, que ces missions de plaidoyer de la CENI se mènent. Est-ce parce que les résultats obtenus dans les régions où l’enrôlement a déjà eu lieu ne sont pas fameux ? En tout cas, rien n’a filtré pour le moment sur cette première phase de l’opération. Pour la ville de Ouagadougou, les nouvelles ne sont pas très bonnes : l’affluence est assez faible. Que s’est-il passé pour que malgré la campagne d’information de la CENI, le public ne se bouscule pas devant les opérateurs d’enrôlement ? Soit le public est désintéressé par la chose, soit l’information n’est pas bien passée. La deuxième hypothèse semble être la plus plausible. Au grand marché de Ouagadougou, un commerçant s’est dit ainsi surpris d’apprendre qu’il y avait un recensement. C’est par « chance », dit-il, qu’il a eu vent de l’opération et qu’il a pu se faire établir sa carte d’électeur. Combien de Ouagalais sont dans cette situation ? Et à qui la faute si les résultats venaient à être décevants ? Les partis politiques, premiers concernés par le processus électoral, ont-ils joué leur rôle ? On peut en douter. Déjà, dès le 16 juin, au cours d’une rencontre avec la classe politique et la société civile, le président de la CENI s’en était inquiété. Et on peut comprendre son amertume quand il a lancé cette boutade: « Que les mobilisations en meetings recto-verso auxquels vous vous adonnez actuellement aient aussi lieu pour sensibiliser à l’inscription sur les listes électorales ». Visiblement, il a peu été entendu, les partis politiques étant occupés à autre chose.
En effet, l’opération de révision des listes électorales survient dans un contexte très particulier au Burkina. Depuis quelque temps, l’opposition et la majorité ont entrepris de se défier par meetings interposés. Remplir des stades est devenu la mode. Malheureusement, les partis politiques semblent plus préoccupés à garnir les stades qu’à mobiliser des militants autour de l’essentiel, à savoir s’enrôler pour obtenir une carte d’électeur, le seul passeport pour le vote et éventuellement la victoire en 2015. Or, la majorité des gens qui remplissent les stades n’ont pas ce sésame, ce qui relève d’une démarche absurde de la part des partis politiques. Car à ce rythme, le réveil risque d’être douloureux, avec des élections sans électeurs. Pourtant, il est temps d’en finir avec un corps électoral squelettique ne reflétant nullement la réalité du potentiel électoral au Burkina. Sauf si les acteurs politiques préfèrent le statu quo, il n’y a pas ,de raison qu’ils ne se mouillent pas le maillot pour l’enrôlement massif des citoyens en âge de voter. Après le meeting du CDP au stade du 4-Août, il faut espérer que la boucle est bouclée pour les remplissages de stades et que l’on passera enfin à autre chose. Il ne faut pas donner l’impression que ce recensement électoral est essentiellement destiné aux Burkinabè de la diaspora, enfin autorisés à voter.
L’opposition se mordra les doigts si les inscriptions étaient faibles. Car c’est elle qui veut l’alternance, c’est aussi elle qui doit conquérir de nouveaux électeurs, pour espérer rattraper son retard sur le CDP. Car comme on l’a toujours dit, l’alternance ne se décrète pas. Macky Sall n’a battu Abdoulaye Wade en passant son temps à manifester dans les villes. Il a forgé sa victoire du fait d’un travail de terrain auprès des électeurs, même les plus isolés, dans les brousses les plus reculées. Qu’on le veuille ou non, au Sénégal comme au Burkina, cet électorat rural est généralement acquis au parti au pouvoir. Il est donc à conquérir par les opposants. Et les grandes villes, notamment les capitales, sont reconnues comme frondeuses. Ce serait donc une grave erreur pour l’opposition que de ne pas s’assurer que tout citadin en âge de voter a une carte d’électeur.

la rédaction

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