Depuis le 17 novembre 2012, les partis et regroupements de partis politiques du Burkina sont officiellement descendus dans l’arène électorale. En ligne de mire, les élections simultanées législatives et municipales du 2 décembre.
Cela fait six jours que la campagne électorale a été officiellement lancée. Six jours que, lâchés par la Commission électorale nationale indépendante, CENI, les candidats et leurs formations politiques se sont répartis les quatre coins du pays, en fonction de leurs programmes de couverture respectifs, mais également en tenant compte de leur force de mobilisation sur le terrain.
Comme à l’accoutumée, c’est la stratégie des fiefs qui a fonctionné pour ce début de campagne assez timide dans l’ensemble. A tel point que les traditionnelles démonstrations de force que l’on voyait à chaque nouvelle consultation électorale ne semblent pas d’actualité en ce moment. Elles ont laissé la place à des approches plus mesurées et calculées.
A Ouagadougou, ce sont les challengers qui sont rapidement montés au créneau. En occupant le devant de la scène par leurs discours volontairement offensifs, ils prennent des positions qui traduisent un certain optimisme à leur niveau.
Pour la petite histoire, il faut rappeler qu’en 2002 l’opposition avait réalisé ses meilleurs résultats dans la capitale. Certes, en 2007, le parti au pouvoir avait totalement récupéré la main, mais dans l’ensemble le fait est resté dans les annales.
Dix ans après, l’exploit va-t-il être réédité? Attendons de voir. Ouagadougou, ville cosmopolite, est un carrefour important en termes de métissage de populations. Par conséquent, toutes les formations politiques y ont leur chance. Elles peuvent toutes créer la surprise et gagner des sièges. Et c’est bien ce qui explique le positionnement dont nombre de candidats ont pu bénéficier. Et qui leur fait penser qu’ils ont toutes les chances de leur côté.
En effet, les enjeux de ces deux scrutins ne semblent guère les impressionner. Au contraire, ils se situent dans une dynamique de victoire que l’on jugera nécessairement à l’arrivée. Même si pour eux c’est bien la présidentielle de 2015 qui se joue avant l’heure. D’où cette personnalisation à outrance de la campagne, dans un environnement qui était pourtant censé refléter l’idéal de groupe.
Sur les affiches, dans les messages et les slogans, l’identification au leader est permanente. Du moins pour ceux qui ont opté pour cette approche très culturelle. Et comme il fallait s’y attendre, les premiers meetings ont annoncé les couleurs: celles du choix que l’on qualifie de décisif pour le pays. Invités à choisir entre le changement ou le maintien, les électeurs apprennent ainsi à mieux connaître leurs Hommes politiques.
Il reste que, globalement, les messages des partis autant que la campagne elle-même manquent sérieusement de mordant. Ce qui donne quelquefois une impression de flottement. Par moments, il y a comme une absence de préparation suffisante dans les différentes équipes. Cela se constate dans le rendu des messages qui sont lus à la télé.
Difficile en tout cas de convaincre son auditoire si les arguments font défaut, et si les mots sont parfois difficiles à trouver. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement, lorsqu’on sait que la majorité des partis politiques a attendu jusqu’au dernier moment de disposer d’abord de la subvention publique avant de se jeter à l’eau. Une telle situation laisse forcément des traces dans la façon de gérer les sorties. Notamment avec ces “QG” de campagne hâtivement confectionnés et qui attendent toujours des visiteurs. Ou encore ces affiches faites sur des feuilles volantes et accrochées à des troncs d’arbre pour les besoins du moment. En un mot, l’affaire est parfois tirée par les cheveux.
En dehors de Ouagadougou, c’est également la même timidité qui est remarquable du point de vue de l’engouement des populations. C’est le cas au Centre-Est où rien de bien spécifique ne montre réellement que le pays va tourner la page d’un quinquennat. Cette situation, en vérité, était prévisible, au regard du contexte national. Ne serait-ce qu’en tenant compte de la faiblesse du corps électoral. Un peu plus de 4 millions de personnes sur près de 8 millions attendues dans le cadre du recensement biométrique.
C’est ainsi que, prenant ses responsabilités, la CENI a finalement décidé que les élections de 2012 se tiennent. Il n’est donc pas étonnant que les Burkinabè se fassent désirer, et ce malgré les nombreuses promesses faites par les différents candidats. Qu’il s’agisse des élections législatives ou municipales.
Gestion des contentieux liés à l’attribution des parcelles à usage d’habitation dans le domaine communal, meilleur contrôle de l’action du gouvernement, vote de lois dites plus favorables aux intérêts des citoyens, remise à niveau de l’école burkinabè, ce sont autant d’idées qui sont avancées pour appâter les électeurs.
Assurément, les débuts sont difficiles. Mais, il reste encore quelques jours pour tenter de rallier les plus sceptiques. Comme quoi la bataille de l’opinion ne fait que commencer. Par conséquent, l’heure ne doit pas être au découragement.....