L’Union pour le progrès et le changement (UPC) a tenu, les 21 et 22 juin 2014, à la Maison du peuple de Ouagadougou, son premier congrès ordinaire. Cette rencontre du parti était placée sous le thème : « Faire de l’UPC le moteur de l’alternance démocratique et du vrai changement en réponse aux aspirations profondes du peuple burkinabè ». Les chantiers inscrits à son ordre du jour ont concerné la relecture des textes du parti, notamment les textes organisationnels, les statuts et règlement intérieur et la réaffirmation des croyances des membres du parti, de leurs valeurs et de leur philosophie politique. A la cérémonie d’ouverture de ce congrès, on notait la présence de nombreux partis politiques tant de l’opposition que de la majorité présidentielle. Des représentants de partis politiques de l’opposition de pays frères et amis du Burkina Faso tels que le Mali et le Niger étaient également présents à la Maison du peuple.
C’est une Maison du peuple tout de vert vêtue du fait de l’uniforme des membres, amis et sympathisants du parti de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et d’une décoration aux couleurs du parti, qui a accueilli, deux jours durant, soit les 21 et 22 juin derniers, le tout premier congrès ordinaire du parti de Zéphirin Diabré. Ils étaient tous là, président du parti, membres du bureau exécutif national, membres du parti, représentants d’autres partis politiques de l’opposition, du parti au pouvoir ou de la mouvance présidentielle, représentants de partis politiques de l’opposition de pays voisins, amis et frères du Burkina Faso tels que le Mali et le Niger, pour être les témoins privilégiés de ce tout premier congrès ordinaire. Et l’on peut dire, sans risque de se tromper, qu’une fois de plus, Zéphirin Diabré a joué un rôle de rassembleur à telle enseigne que la Maison du peuple a refusé du monde. Il y avait de l’animation avec, à l’affiche, des artistes talentueux qui n’ont pas manqué de chanter, qui les éloges de l’UPC, qui leur ras-le-bol face au régime en place depuis des années. La cérémonie d’ouverture de ce congrès a duré plus de trois heures d’horloge tant les partis politiques présents tenaient à livrer, chacun, son message.
Le président de l’UPC a, à l’entame de son propos, demandé qu’une minute de silence soit observée pour les camarades de lutte qui ont quitté cette vie avant de relever les chantiers importants qui devaient faire l’objet d’examen au cours de leurs assises. Ces chantiers ont concerné la relecture des textes du parti, notamment les textes organisationnels, les statuts et règlement intérieur et la réaffirmation des croyances des membres du parti, de leurs valeurs et de leur philosophie politique. Pour Zéphirin Diabré, l’UPC doit continuer son implantation locale car, malgré les efforts consentis à ce niveau, la présence territoriale du parti reste faible. De l’avis donc de son premier responsable, l’UPC entend être présente dans les moindres recoins du Burkina Faso. Aussi, M. Diabré pense qu’il doit commencer à évoluer du statut de parti contestataire comme tout parti d’opposition, à celui de parti gestionnaire comme doit l’être tout parti qui se prépare à conquérir et à exercer le pouvoir d’Etat. « Il faut que notre parti soit techniquement prêt à servir notre pays lorsque l’inéluctable et incontournable alternance surviendra », a-t-il mentionné. Et de poursuivre : « Nous devons nous organiser pour faire de l’UPC une force politique qui s’inscrit dans la durée, qui survit à ses fondateurs ».
Pour ce qui est du deuxième chantier de ce congrès, à savoir la réaffirmation des croyances, des valeurs et de la philosophie politique, le président du parti a laissé entendre que la meilleure idéologie pour le Burkina Faso, c’est l’ensemble des bonnes solutions qui permettront de résoudre les besoins des populations. Des besoins qui ont pour noms « se nourrir, se soigner, se loger, s’éduquer, travailler, vivre en sécurité dans un pays en paix, s’exprimer en liberté, s’associer aux autres sans entrave, participer aux choix de sa communauté et de la nation, etc. ». Selon Zéphirin Diabré, l’UPC n’est nullement prisonnière d’un dogme. Le parti a une boussole qu’il entend bien régler afin de ne pas manquer le cap. Et de souligner qu’à l’UPC, ils sont des libéraux, donc fermement attachés à des valeurs telles que la philosophie, les principes et pratiques de la démocratie libérale, celle de la liberté de penser, d’expression et d’association, de la conquête du pouvoir à travers des élections libres et transparentes. Ils se sont dit résolument opposés à toute forme de totalitarisme et d’autoritarisme qu’il soit de la gauche ou de la droite. Pour l’UPC, « la meilleure économie est un équilibre entre, d’une part, le marché qui doit être le mécanisme de base pour une allocation efficace des ressources, et d’autre part, la facilitation économique d’un Etat puissant et stratège pour pallier les défaillances de marché et planifier le développement durable ». A en croire son président, les résultats des travaux de ces chantiers constitueront, pour le parti, des fondements puissants pour organiser son action future. Le parti s’est dit, une fois de plus, résolument engagé dans le combat contre le Sénat et contre la révision de l’article 37 de la Constitution qui n’est ni obligatoire, ni opportune.
Des partis politiques de la majorité et de l’opposition ont répondu présent à l’invitation de l’UPC
En ce qui concerne le thème du congrès : « Faire de l’UPC le moteur de l’alternance démocratique et du vrai changement en réponse aux aspirations profondes du peuple burkinabè », sa pertinence, selon les congressistes, découle de la lecture que le parti fait des attentes actuelles et profondes du peuple burkinabè. Pour le parti, le peuple a soif de progrès et de changement. Aussi, le thème de l’alternance n’est-il pas devenu une question centrale du débat politique national ?
Pour ce 1er congrès statutaire, l’UPC a invité des partis frères de même obédience mais aussi ceux d’obédience différente, tant sur le plan national que sur le plan international. Parmi eux, l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), parti libéral, qui a été représenté par son président, Gilbert Noël Ouédraogo. Ce dernier est intervenu au nom de la famille libérale, et a aussi apporté un message du président du Réseau libéral africain, Olivier Kamitatu. Gilbert Noël Ouédraogo a, lors de son intervention, salué l’acte de l’UPC qui, pour lui, honore la démocratie burkinabè. Il a saisi l’occasion pour se prononcer sur la situation nationale et donner le point de vue de son parti concernant la modification de l’article 37 de la Constitution et la tenue d’un référendum. « La limitation du nombre de mandats présidentiels est un principe non-négociable pour l’ADF/RDA. Le référendum sur l’article 37 de la Constitution est aussi inopportun dans un contexte de tensions exacerbées », a-t-il dit. « Nous ne nous prononçons pas, a-t-il poursuivi, en termes de « pour » ou « contre » mais nous disons que s’il y a un référendum, nous voterons contre. »
« Hey ! Hey ! »
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a, quant à lui, été représenté par Mahama Sawadogo. Ce dernier, dans son allocution, a également salué le geste de l’UPC qui se veut courtois et a souhaité plein succès au congrès. Sur la question du référendum, il a rappelé que l’une des qualités d’une Constitution démocratique est l’institutionnalisation de la libre expression des points de vue afin d’aboutir à une solution acceptable. « C’est pourquoi des mesures institutionnelles doivent également prévoir la nature et les principales modalités de conciliations populaires, notamment la possibilité d’organiser des référendums», a-t-il dit dans une salle allergique au référendum, qui s’est mise à proférer des « Hey ! Hey ! », un brouhaha créé par les congressistes pour marquer leur refus à cette idée du référendum. Le président du Parti républicain pour l’indépendance totale/Lanaya (PRIT/Lanaya) a invité le président de l’UPC, par ailleurs Chef de file de l’opposition burkinabè (CFOP), à jouer un rôle de catalyseur pour fédérer les forces de l’opposition et en faire l’option du peuple. Le représentant du Mouvement national pour la société de développement – Nassara (MNSD Nassara), Garba Al Moustapha, et celui de l’Union pour la république et la démocratie du Mali (URD), Mamadou Diawara, venus respectivement du Niger et du Mali, ont tour à tour salué le geste du patron de l’opposition burkinabè pour les avoir joints à ce premier congrès. Ils ont dit être là en tant que frères et ayant des partis présentant de nombreuses affinités, tant sur le plan politique que sur le plan social. Tous ont dit lutter dans leurs pays respectifs pour l’alternance et pour la justice sociale.
Zéphirin Diabré n’a pas manqué de saluer tous les partis qui ont répondu à leur invitation. Parmi eux, le CDP, parti au pouvoir dont il a remercié le représentant, Mahama Sawadogo, pour les propos courtois tenus à leur endroit. « Nous avons beaucoup de divergences, parfois radicales, avec le CDP puisque nous sommes adversaires, a-t-il dit, mais nous n’avons pas de conflit personnel avec les responsables ou les militants du CDP puisque nous ne sommes pas des ennemis. »
Des conclusions du congrès
A l’issue des travaux, le parti a marqué son adhésion au Réseau libéral africain. Il a aussi enregistré la fusion de deux partis politiques en l’occurrence le PSP (Parti socialiste pour les paysans) et celui des Verts du Faso. L’exclusion de quatre militants a été concrétisée lors des conclusions de ce congrès. Et le président du parti d’inviter les autres militants à respecter, à l’avenir, les textes fondamentaux de l’UPC. Il est ressorti également des conclusions de ces assises, la nécessité de poursuivre la mise en place, au plus vite, des structures notamment les comités de base, les sous-sections, sections et fédérations que M. Diabré promet plus larges, plus diversifiées et plus fédératives. A son avis, plus qu’une mise en place formelle, l’animation et le fonctionnement de ces structures feront la différence. Le parti a, par ailleurs, procédé à l’élection de ses organes dirigeants en l’occurrence le bureau politique national et un secrétariat exécutif national. Les congressistes ont choisi de reconduire Zéphirin Diabré à la tête du parti, avec pour premier vice-président Denis Nikièma, 2e vice-président, Louis Armand Ouali, 3e vice-président Amadou Sama, 4e vice-président, Rose Marie Compaoré et comme secrétaire général, Adama Sosso, député du Sourou. C’est un bureau d’une cinquantaine de membres qui a ainsi vu le jour. Aussi, un travail de rénovation, de féminisation et de rajeunissement de l’UPC a été opéré. Toute chose qui, selon M. Diabré, entre en droite ligne dans la vision politique de la direction du parti. Il a, en outre, été procédé à un ravalement technique et une professionnalisation des statuts du parti en réponse au souhait formulé par la direction qui est qu’en plus de continuer à être un parti contestataire, l’UPC soit de plus en plus un parti gestionnaire pour être techniquement prêt à servir l’alternance et le changement. Le parti prévoit tenir, dans les jours à venir, un congrès extraordinaire pour désigner son candidat et décliner son projet social libéral pour le Burkina Faso.
Près de 1 500 délégués venus de toutes les communes du Burkina Faso ont pris part à ce congrès.