Si les arbres, les poteaux électriques, les murs publics et même privés, etc. pouvaient voter à l’occasion de ces élections législatives et municipales, le quinté gagnant dans le désordre à Ouagadougou pourrait être l’UPC, le CDP, l’ADF/RDA, l’UNIR/PS et le PDS/METBA. Avec beaucoup de bulletins nuls bien entendu car chaque espace sus-cité porte plusieurs affiches de partis politiques différents. Et, la guerre des affiches ne fait que commencer, avec des accusations mutuelles d’arracher les affiches de l’adversaire. C’est à craindre que cela ne dégénère en affrontements, surtout entre l’UPC et le CDP.
Dès le démarrage de la campagne électorale le 17 novembre dernier, c’est l’UPC qui a pris les devants. Ouagadougou était bondé d’affiches à l’effigie de ce parti, avec pour emblème un lion. Les arbres, les poteaux électriques, les murs, bref, tous les endroits stratégiques permettant de se faire voir avaient été pris d’assaut. Les autres partis avaient suivi le pas quelques jours plus tard. D’aucuns avaient vite fait de penser que ce parti a gagné la guerre des affiches, la guerre de l’image. Pas si sûr. Car, les jours qui ont suivi, ces fameuses affiches ont quasiment disparu de la ville. La plupart ont été décollées ou tout simplement déchirées. Le président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Zéphirin Diabré crie au scandale, pointant du doigt le parti au pouvoir. « C’est un scandale. C’est surtout une preuve de fébrilité de la part des militants du parti au pouvoir. Notre parti, avec les maigres ressources qui sont les siennes, a pu imaginer des affiches dont tout le monde voit la valeur et la beauté. Nous invitons les dirigeants du CDP à rester stoïques, à se rappeler que la démocratie, c’est la concurrence et surtout de dire à leurs militants zélés de ne plus jamais déchirer nos affiches ». Etes-vous convaincu que c’est le CDP qui arrache vos affiches ? Ça ne pourrait pas être des individus isolés ou d’autres adversaires politiques ? À ces questions, le patron de l’UPC se veut formel. « C’est le CDP dans le cadre d’une stratégie bien organisée, instruite par ses dirigeants auprès des militants qui leur dit d’arracher les affiches de l’UPC. C’est le CDP ». Pourtant, « Nous n’avons jamais, ni au niveau de la direction, ni au niveau des militants, incité quels que militants que ce soit à faire ce genre d’activités vis-à-vis du CDP », poursuit Zéphirin Diabré qui ajoute : « j’ai eu à interpeler certains responsables pour qu’ils disent à leur troupe qu’il faut qu’ils jouent balle à terre. En démocratie, la liberté d’expression est une chose essentielle ». « Nos militants sont surchauffés, la direction fait tout pour les amener à la raison, mais vous savez, à l’impossible nul n’est tenu », prévient-il.
Nous avons tenté d’avoir le son de cloche du côté du Congrès pour la démocratie et le progrès sur ces accusations. Mais, notre requête est restée sans suite. Nous n’avons donc pas eu de réaction officielle de la direction nationale de campagne du CDP.
Alors, la guerre des affiches ne fait que commencer. Il est à espérer que les différents acteurs auront de la hauteur d’esprit pour nous épargner de querelles inutiles. Car, tous prétendent travailler pour le développement du Burkina. Et, ce développement passera nécessairement par l’union sacrée autour de l’essentiel.
A une semaine des élections, chaque parti fait des pieds et des mains pour convaincre l’électorat. Parlant d’affiches, on y voit du tout ou presque. Certains n’utilisent que le logo du parti comme c’est le cas de la plupart des affiches de l’UPC, de l’UNIR/PS, du PDS/METBA, du MAP, etc. Toute chose qui ne permet pas de connaître les candidats en compétition. D’autres partis comme l’ADF/RDA ou le CDP alternent les affiches : avec les listes des candidats, avec simplement le logo du parti. On en trouve également des affiches difficiles à comprendre, avec uniquement la photo du fondateur du parti (le PUND de Boukari Kaboré le lion) ou encore des personnalités non partant pour ces élections (Blaise Compaoré sur les affiches du CDP). On trouve également des affiches où c’est seulement le candidat « tête de liste » qui y est représenté. C’est à croire que beaucoup confondent élections présidentielles et élections municipales ou nationales. C’est dire que les types et formats d’affiches (A1, A2, A3, A4 en papier glacé ou simple) sont légion. Les concepteurs d’affichent gagneraient à être plus ingénieux. Les partis aussi devraient chercher dépersonnaliser leur regroupement.
Le Burkina vit des moments d’effervescence à travers les différents meetings organisés de part et d’autre et les affiches qui se disputent les espaces pour plus de visibilité.
Parlant de la visibilité des partis sur les différents supports papiers (affiches), à Ouagadougou, le centre ville est inondé par le CDP, suivi de l’ADF/RDA et l’UPC. L’UNIR/PS, le PDS/METBA, le PAREN, le PUND… tentent tant bien que mal d’exister. Mais, en dehors du centre ville, l’UPC semble la plus représentative. De Ouaga 2000 à Pissy, de Tampouy à la place de la Nation, de l’hôtel de ville au rond-point de la patte d’oie, la guerre des affiches bat son plein. La conquête de Ouagdougou est ouverte. La guerre des affiches aussi.