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Prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida La qualité n’est pas au centre des préoccupations
Publié le samedi 21 juin 2014   |  L’Hebdo du Burkina


Le
© aOuaga.com par A.O
Le Ministre de la santé Léné Sebgo et l`ambassadeur de France au Burkina Giles Thibault procèdent au lancement d`un projet de renforcement des ressources humaines en logistique de santé.
Vendredi 15 novembre 2013. Le Ministre de la santé Léné Sebgo et l`ambassadeur de France au Burkina Giles Thibault procèdent au lancement d`un projet de renforcement des ressources humaines en logistique de santé au profit de 11 personnes du corps de la santé retenues par un concours.


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Malgré l’implication personnelle du Chef de l’Etat dans la lutte contre le VIH/Sida, la prise en charge des PVVIH souffre toujours d’énormes difficultés injustifiables autrement que par une insuffisance de préoccupations des autorités concernées sur la qualité des services. Au cours du 2e semestre de l’année 2013, le RAME a procédé, à travers l’Observatoire communautaire d’accès aux services de santé (OCASS), à une collecte de données qui tempèrent le niveau de satisfaction des résultats quantitatifs de la prise en charge des PVVIH présentés par le SP/CNLS au 13e Conseil National de Lutte contre le Sida et les IST. Le RAME estime que la qualité des soins dispensés aux PVVIH doit devenir un élément central de la politique nationale de traitement de l’infection à VIH/Sida.



La prise en charge des PVVIH, notamment le traitement par les antirétroviraux, est un processus exigeant le respect d’un certain nombre de normes et de complétude de services pour obtenir le résultat escompté au final, qui est l’amélioration de la qualité de vie des PVVIH.

A titre illustratif, une personne sous ARV doit pouvoir non seulement disposer de ses ARV à tout moment sans interruption, avoir accès à des consultations et à des médicaments contre les infections opportunistes, mais également suivre l’évolution de son état de santé à travers des examens biologiques de laboratoire. Ces services ne constituent pas des options. Ils sont plutôt essentiels et indispensables pour une prise en charge médicale de qualité.

Le rapport de synthèse sur la situation de la disponibilité et de l’accès aux services contre le VIH/Sida au cours du second semestre 2013 de l’OCASS montre cependant que l’association complète de ces services d’une manière permanente au bénéfice des PVVIH est un leurre au Burkina Faso.

Au niveau de l’accès aux ARV, on peut noter avec satisfaction l’absence de rupture de traitement au cours de la période étudiée. Toutefois, il a été constaté une rupture de stock de la combinaison Tenofovir + Emtricitamine (TRUVADA©) au troisième trimestre de 2013, qui a contraint le ministère de la santé a recommandé son remplacement par le Tenofovir + Lamivudine.

Cette mesure palliative n’est pas sans conséquence parce qu’elle perturbe le conseil d’observance, les habitudes de prescription et rend plus difficile la maitrise de l’estimation des stocks.

L’accès aux ARV est également perturbé par l’indisponibilité des agents chargés de la dispensation qui a été surtout relevée dans les régions du Centre et du Centre Nord. « Nous sommes souvent obligés de revenir un autre jour pour avoir notre dotation.

Cela est dû à l’indisponibilité de l’agent de santé », a confié un patient à un enquêteur de l’observatoire. Par rapport au premier semestre de l’année 2013, il faut regretter l’existence de patients éligibles au traitement antirétroviral, qui n’y ont pas accès pour diverses raisons, notamment l’absence de lignes thérapeutiques libres.

L’accès aux médicaments contre les infections opportunistes, est sans doute le volet le plus négligé de la prise en charge médicale des PVVIH au Burkina Faso.

A ce niveau, le bilan général de la mise en œuvre du plan national multisectoriel de lutte contre le VIH, le Sida et les IST (PNM) 2013 estime que 99,96% des PVVIH ont bénéficié de la prévention des infections opportunistes par le cotrimoxazole.

Pourtant le rapport de synthèse sur la situation de la disponibilité et de l’accès aux services contre le VIH/Sida au cours du second semestre 2013 de l’OCASS révèlent qu’il y a eu des ruptures de cotrimoxazole dans huit (8) régions sanitaires sur les 13 que compte le pays. Ces ruptures vont de quelques semaines à toute l’année. Visiblement, ce taux présenté lors du bilan du PMLS ne peut être obtenu face à cette évidence.

En outre, à l’instar du premier semestre, les PVVIH n’ont pas disposé des autres molécules entrant dans le traitement des infections opportunistes dans aucun centre de santé enquêté au cours du deuxième semestre de l’année 2013. Le bilan du PNM occulte carrément les données sur les traitements des infections opportunistes, préférant se concentrer sur la prévention par le cotrimoxazole. Les patients sont ainsi abandonnés à leur sort par le système national, qui a opté de fermer les yeux sur une de ses insuffisances les plus graves.

Le suivi-biologique des PVVIH n’est pas non plus mieux loti. Les PVVIH et leurs réseaux de soutien sont perdus face aux tergiversations des autorités sur la gratuité des examens biologiques spécifiques au VIH/Sida.

Alors que toutes les prévisions ont été faites par rapport à ces examens et les ressources acquises, l’autorité n’a toujours pas pu adopter un texte officiel déclarant la gratuité de ces examens.

Ainsi, de nombreux patients n’arrivent pas à réaliser leur examen de dosage de CD4 ou de la charge virale, qui sont des examens capitaux pour le suivi de l’efficacité et de l’innocuité du traitement. La situation est rendue encore plus complexe avec les ruptures de réactifs et les pannes des appareils.

Les ruptures de réactifs ont touché la quasi-totalité des centres enquêtés  : six (6) régions sur treize ont été touchées par cette rupture et a concerné un hôpital national, quatre hôpitaux régionaux, six centres médicaux et un CSPS. En dehors de la région de l’Est et du Sud-Ouest, les appareils de laboratoire sont tombés en panne dans les autres régions, au cours du second semestre de l’année.

Avec la conjugaison de ces facteurs (coûts des examens, ruptures de stocks de réactifs, panne d’appareils), on est en droit de se demander de quelles données biologiques disposent les prescripteurs pour suivre efficacement le traitement des PVVIH. Ces derniers ne ressemblent-ils pas à la limite à des conducteurs de véhicule sans tableau de bord  ?

Le rapport du 2e semestre de l’année 2013 de l’OCASS montre simplement qu’au Burkina Faso, la personne infectée par le VIH est toujours angoissée par des ruptures possibles d’ARV et laissée à elle-même pour le traitement de ses infections opportunistes et le suivi-biologique de son traitement.

Cela explique sans doute la croissance du nombre de perdue de vue qui est passé de 486 en fin 2012 à 833 en fin 2013, selon le rapport du PNM 2013.

Nous trouvons cette situation inadmissible par rapport à la forte mobilisation politique, sociale et financière en faveur de cette pathologie et des personnes touchées.

Nous demandons par conséquent  : un audit de notre système d’approvisionnement et de gestion des appareils de laboratoire pour que des solutions pertinentes et durables soient trouvées aux ruptures d’ARV, de médicaments contre les infections opportunistes et des réactifs de laboratoire  ; ainsi que des pannes récurrentes d’appareils de laboratoire  ; la prise en compte de critères de qualité dans le suivi et l’évaluation de la prise en charge des PVVIH, s’assurer que les ressources investies atteignent le résultat escompté qui est l’amélioration de la santé et la qualité de vie des PVVIH.

Pour le réseau Accès aux médicaments essentiels

Simon KABORE, directeur exécutif

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