Politique
Meeting du CDP au 4-aout : Le temps du militantisme ostentatoire et calculé
Publié le samedi 21 juin 2014 | Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Modification de l`article 37 de la Constitution : la jeunesse CDP du Houet favorable au référendum Samedi 14 juin 2015. Bobo-Dioulasso. Plateau de Yéguéré. La jeunesse du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du Houet a organisé un meeting pour dire "oui" au projet de référendum sur l`article 37 de la Constitution |
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- 16/6/2014
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Remplir les stades. C’est la nouvelle vogue au sein de la classe politique burkinabè. Si l’opposition est dans son rôle, en faisant tout pour manifester son refus contre le référendum devant sauter le verrou limitatif des mandats présidentiels, la réplique que lui apporte le parti au pouvoir est toutefois difficile à cerner. Car c’est ce même pouvoir qui, au lendemain des gigantesques manifestations contre le Sénat, raillait l’opposition en disant qu’il ne faut pas confondre foule et peuple. Pourquoi s’est-il, lui aussi, lancé dans la course à la mobilisation ? Si pour l’opposition remplir un stade est un vrai challenge et un gage de mobilisation de ses militants, pour le pouvoir, il n’en est rien. Celui-ci a les moyens de convoyer à grands frais du monde pour remplir tous les stades du Burkina. La question est cependant de savoir s’il s’agit d’une mobilisation consciente ou dictée par divers intérêts. Quand on sert gratuitement de l’essence à la pompe, quand on transporte gratuitement la plupart des manifestants, quand on distribue même de l’argent, on ne peut que « mobiliser ». Rien à voir avec les manifestations de l’opposition où la majorité des participants font une démarche personnelle, en y mettant les moyens qu’il faut. Dans ce cas, on est en droit de se demander qui de l’opposition et du pouvoir conduit une foule ou un peuple.Il apparait donc presque clairement que remplir un stade, pour un pouvoir, n’est pas forcément signe d’adhésion à sa politique. Surtout au Burkina où les techniques de mobilisation mettent plus en avant d’autres paramètres que la conviction des militants pour la cause du parti. On l’a vu à l’arrondissement 4 de Ouagadougou où, malgré ses meetings géants, le CDP a été battu à plate couture. Si le projet du Sénat a été rangé au placard malgré cette « capacité de mobilisation », le CDP devrait réfléchir par deux fois avant de crier victoire après son meeting de ce samedi, qui refusera du monde. Il y aura une grande foule, avec des militants convaincus certes, mais aussi beaucoup de gens venus par nécessité. Car, par ces temps qui courent, il vaut mieux faire acte de présence et même « grouiller » pour se faire voir. C’est le temps du militantisme démonstratif, exubérant et ostentatoire qui se veut très stratégique et très calculé. Mais combien sont-ils à adhérer véritablement aux velléités du CDP et même à comprendre les enjeux défendus par le parti ? Il faut donc arrêter ce qui ressemble à un cirque budgétivore, pour s’occuper des problèmes réels des Burkinabè. Car ce meeting du 4-Août ne règlera rien. Ce n’est pas parce qu’on a rempli le stade que la révision de la Constitution est légitime. Ce serait trop facile. Par ailleurs, remplir le stade n’est pas un baromètre fiable d’adhésion à une cause. Que le CDP évite donc de se chatouiller pour rire, en faisant croire qu’en remplissant le stade, il peut déclencher le processus référendaire sans problème. On ne peut pas dire autant pour l’opposition, dont les militants « se saignent » pour prendre part à ses manifestations. Dans tous les cas, le CDP sera obligé d’appeler enfin son mentor à passer à l’acte, en organisant le référendum. Car après le stade du 4-Août, on ne sait pas quelle démonstration il peut encore faire, pour prouver que le peuple est avec lui et est prêt pour le grand saut. Certainement que l’argument traditionnel des urnes comme moyen de départager les uns et les autres sera encore plus fortement brandi. On aurait applaudi à un tel attachement à la voie des urnes s’il ne s’était agi d’un usage détourné de la démocratie. Cette thèse du pouvoir, on le voit donc, ne prospérera pas, surtout face aux exigeances de l’opposition et de la frange la plus significative de la société civile. Ce sera donc l’inévitable clash si elle venait à être mise en application. Et toutes ces démonstrtions de force, à la limite ridicules, n’auront servi à rien, sinon qu’à appavrir davantage un pays déjà mal en point.
la Rédaction
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