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Le Pays N° 5630 du 20/6/2014

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Rapports d’autopsie sur la dépouille du juge Nebié: le peuple est perdu
Publié le vendredi 20 juin 2014   |  Le Pays


Cimetière
© aOuaga.com par Séni Dabo
Cimetière de Gounghin : le juge Salifou Nebié repose dans sa dernière demeure
Lundi 9 juin 2014. Ouagadougou. Le juge constitutionnel Salifou Nebié, retrouvé mort dans la nuit du 24 mai dernier sur la route de Saponé, a été inhumé en présence de ses parents, amis, connaissances, collègues et de personnes qui ont demandé que vérité et justice se fassent sur sa mort


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Le rapport d’autopsie sur la dépouille du juge Salifou Nébié, livré par le médecin légiste français, n’en finit pas d’alimenter les débats. Et je suis convaincu que je ne suis pas le seul à me poser moult questions sans réponses. Quand on compare ce rapport aux premières analyses mortuaires réalisées par l’équipe burkinabè, on y perd son latin.

il y a trop de zones d’ombre dans ce rapport
Les conclusions de la première équipe conduisent à la thèse d’un homicide volontaire et sur lesquelles le Procureur Général s’était appuyé pour évoquer la piste d’un assassinat. Et le médecin légiste français, lui, parle d’un accident routier. Si on se réfère au rapport du Français, le juge Salifou Nébié aurait été renversé par un engin de forte inertie (type camion ou gros véhicule). Je ne peux m’empêcher de me poser certaines questions : pourquoi le choc n’a-t-il pas alerté des riverains qui auraient pu appeler les sapeurs pompiers au secours? Seconde question, pourquoi n’y a-t-il pas eu de badauds pour témoigner comme on a l’habitude de le voir ? L’accident, si c’en était vraiment un, s’est produit sur une voie beaucoup fréquentée et à une heure non tardive. Quelqu’un devrait, soit assister à l’accident, soit croiser l’engin qui l’a fauché. Certes, il s’agit d’un travail scientifique livré par le légiste français que moi fou, je n’ai pas la prétention de jeter à la poubelle. Mais il y a trop de zones d’ombre dans ce rapport, qui me laissent perplexe. Le corps du juge Salifou Nébié a été retrouvé à environ cent mètres de son véhicule. Comment le légiste français explique-t-il cela? A supposer que le corps du juge ait été projeté à cette distance par un gros véhicule, comment serait son corps? Certainement pas dans l’état où il a été retrouvé. Pourquoi le rapport d’autopsie a-t-il paru dans la presse avant que le Procureur général ne fasse une déclaration officielle sur les conclusions du Dr Stéphane Chochois ? En tant que fou, j’ai le sentiment que tout a été mis en œuvre pour que les Burkinabè, qui avaient vite qualifié la mort de ce juge d’assassinat politique, se plient désormais à la thèse d’un accident de la circulation. Or, on oublie qu’un accident peut être provoqué.
L’attitude du pouvoir a laissé plus d’une personne perplexe
A qui profite ce crime? Qui avait intérêt à ce que le juge Nébié disparaisse de la planète? Voilà autant de questions que nos enquêteurs doivent se poser. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce rapport du légiste français vient rendre complexe le travail de la Justice. Comment va-t-elle procéder dans la mesure où elle se retrouve avec deux rapports contradictoires sur un même dossier ? Va-t-elle classer le dossier parce que le rapport d’autopsie privilégie la thèse de l’accident où va-t-elle poursuivre l’enquête? En tout cas, le peuple est perdu. Et cela s’entend. Qui croire? L’équipe burkinabè qui avait avancé la thèse d’un homicide volontaire ou le légiste français qui a évoqué la piste d’un accident routier ? Les Burkinabè dans leur majorité savent que beaucoup de personnes ont perdu la vie dans des circonstances floues, mais leur mort a été attribuée à des accidents de la circulation. On se rappelle le cas de l’artiste musicien Black So Man et du journaliste Norbert Zongo. C’est dire qu’il est difficile de convaincre le peuple burkinabè que le juge Salifou Nébié est mort d’un accident de la circulation. C’est une pilule amère, difficile à avaler ; cela d’autant que le comportement du gouvernement aux premières heures de la mort du juge n’est pas exempt de critiques. On sait qu’il n’y a pas eu une déclaration officielle sur la mort du juge Salifou Nébié de la part de l’Exécutif. C’est certainement cela qui a amené le parti majoritaire qui dirige le pays, à adopter la même attitude, lui qui avait l’habitude de faire des déclarations dans de pareilles circonstances. En tout cas, l’attitude du pouvoir a laissé plus d’une personne perplexe. Mais attention, cela ne saurait faire de lui un coupable tout fait. C’est à la justice d’ailleurs de travailler à rassurer et à prouver au peuple que cette disparition brutale du juge constitutionnel n’est pas un crime politique ou un quelconque règlement de comptes comme le peuple le pense, en y faisant toute la lumière.
« Le Fou »

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