Financement des activités des femmes par l’Etat: belle cagnotte pour l’entrepreneuriat féminin #aOuaga

Société

Financement des activités des femmes par l’Etat: belle cagnotte pour l’entrepreneuriat féminin

Publié le jeudi 19 juin 2014 | L'Opinion

© aOuaga.com par AO
Le Ministre Nestorine Sangaré présent au Salon International du Mariage (SIMO)
Samedi 09 décembre 2013. Site du SIAO (Ouagadougou). le ministre Nestorine Sangare fait l’ouverture du défilé de mode lors du Salon International du Mariage de Ouagadougou (SIMO), une cérémonie dédié au stiliste de Burkina.

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A l’occasion du Forum national des femmes qui s’est tenu à Banfora les 05 et 06 mars 2014 sous le thème : « Entreprenariat féminin : problématique du financement des activités économiques des femmes », Nestorine SANGARE, ministre de la Promotion de la femme et du Genre, porte-parole des femmes du Burkina Faso, avait dans son discours fait cas du difficile accès aux financements des femmes. Pour un cri de cœur, ç’en fut un pour qu’une volonté politique s’exprime en faveur de ces intrépides actrices du développement. Ainsi, Blaise COMPAORE, président du Faso, qui a reçu les femmes lors du forum, leur avait donné des gages de voir se concrétiser leur vœu, à savoir le financement de leurs activités. L’espoir ainsi suscité est aujourd’hui réalité avec la mise en place d’un fonds d’investissement de 5 000 000 000 de F CFA en faveur des femmes.

L’initiative prise par le gouvernement burkinabè à travers le ministère de la Promotion de la Femme et du Genre pour encourager l’entreprenariat féminin est à saluer, à juste titre, car au Burkina Faso, concernant la typologie des activités économiques des femmes, on note une forte présence dans les domaines de l’agro-alimentaire, le commerce, l’artisanat notamment. Les femmes sont propriétaires de près de 4 527 entreprises réparties dans des domaines divers dont la transformation, les BTP, le commerce, les services, l’éducation, la santé, la restauration. Majoritairement, les femmes entrepreneures sont actives dans des domaines qui n’exigent pas de niveau de formation spécifique et qui nécessitent moins d’investissement ou de formation. Le plus souvent, elles n’atteignent pas les niveaux qui exigent ou nécessitent beaucoup d’investissement faute de moyens.

Contexte de création du Fonds Burkinabè de Développement Economique et Social (FBDES)

Mme Nathalie Sandwidi, sécrétaire générale du MPFG a bien prévenu que ce fonds n'est pas un donLe forum des femmes tenu en mars dernier a recentré la question du financement des activités des femmes dans notre pays. A cette occasion, différentes catégories socio- professionnelles de femmes ont présenté leurs doléances à Son Excellence Blaise COMPAORE, Président du Faso. Ces doléances qui pour la plupart concernaient la question du financement et de l’amélioration des domaines d’activités de chacune d’elles avaient été reçues par le président qui avait rassuré les femmes en ces termes : «Je voudrais aussi vous dire qu’au-delà de l’intervention des structures de microcrédits dont nous avons conduit le redéploiement et le renforcement des moyens d’action, il a été entrepris une vaste opération de promotion et d’attraction des fonds d’investissement nationaux et internationaux qui viendront combler le chaînon manquant dans le système financier burkinabè en apportant, et les ressources propres et l’assistance technique aux PMI et PME. La promotion économique et sociale de la femme constitue un gage certain pour l’atteinte de nos objectifs de transformation qualitative du Burkina Faso ». Ç’en est suivi alors le lancement, le 05 mai dernier, par le Gouvernement du Fonds Burkinabè de Développement Economique et social (FBDES).

Raisons de la création du fonds

Nikiéma Sala ..Du point de vue de la dynamique de l’entreprenariat féminin, il faut souligner que même s’il ya une progression significative des créations d’entreprises, on observe une faible présence des femmes dans le domaine de l’entreprenariat formel. Dans le domaine des petites et moyennes entreprises, les femmes représentent 45% dans le commerce, 29% dans les services, 21% dans la production-transformation, et 5% dans les autres domaines d’activités. Parmi les entreprises créées par les femmes, 63% ont un capital de départ de moins d’un million de FCFA et seulement 6% d’entre elles ont un capital de plus de 20 millions de FCFA ; ce qui représente une proportion assez faible. Cette situation est due à plusieurs facteurs et obstacles au nombre desquels on peut citer les difficultés d’accès aux institutions de financement, le faible accès aux moyens de productions, le faible niveau de revenu de la femme et le manque d’information sur les institutions financières. En clair, le problème majeur des femmes demeure les difficultés à avoir l’espèce sonnante et trébuchante afin de concrétiser leurs projets. Toutes ces préoccupations ont été portées de façon récurrente sur l’agenda du gouvernement burkinabé et aujourd’hui l’espoir est permis avec les nouvelles mesures de stratégies et la mise en place de guichets spéciaux « financement de l’entreprenariat féminin » d’un montant de 05 milliards de F CFA et du fonds de garantie de prêts bancaires de 500 000 000 de FCFA en plus d’un guichet spécial dédié aux associations du secteur informel. Ainsi, comme le président du Faso l’avait annoncé aux femmes à Banfora, les fonds d’investissement sont actuellement accessibles et les bénéficiaires des fonds individuels pourront obtenir des crédits d’investissement allant de 5 à 40 millions et des crédits d’exploitation de 1 à 10 millions de FCFA. Quant aux crédits d’exploitation de groupe, les fonds de roulement vont de 2 à 20 millions, tandis que les crédits d’investissement varient de 10 à 50 millions.

Objectifs poursuivis par le fonds

...Ouédraogo Sali...Comme nous l’avons dit plus haut, au Burkina Faso, il y’a des domaines spécifiques dans lesquels les femmes n’entreprennent pas, surtout pour des raisons de manque de moyen. La pauvreté a un visage féminin comme d’aucun le disent et c’est dans l’optique de contrer cette pauvreté et contribuer à l’émergence d’un entreprenariat féminin dynamique que le Fonds Burkinabè de Développement Economique et Social a été lancé le 05 mai dernier. Les femmes qui bénéficieront des crédits pourront entreprendre ou booster leurs activités, toute chose qui leur permettra de contribuer à l’accroissement de l’activité économique par l’augmentation de l’investissement privé et la création d’emplois. En effet, la création d’une entreprise signifie aussi recrutement de personnels et avec la création de ce fonds la question du chômage sera un tant soit peu résolue. A la Maison de la femme de Ouagadougou où se trouvait l’un des guichets de dépôt de dossiers, l’engouement était de taille car plusieurs femmes étaient présentes sur les lieux pour déposer leurs dossiers. Celles-ci nourrissaient le secret espoir de voir leurs dossiers retenus. Ainsi, madame OUEDRAOGO Sali que nous avons rencontrée sur les lieux dans la soirée du lundi 09 juin 2014 déclare : «Je suis venue déposer mon dossier, j’ai besoin de 4 000 000 F CFA ; j’ai déjà 2 000 000 F CFA, je compte ouvrir une alimentation et une boutique de pièces détachées. Donc je suis venue tenter ma chance en tout cas si j’obtiens le financement je pourrai faire ces deux métiers. Je trouve que le fait d’avoir mis ce fonds en place est très important pour les femmes, c’est un bon signe et nous remercions l’Etat. Ce sont les femmes qui sont le plus dans le besoin…». Même son de cloche chez Mme NIKIEMA Sala qui était également présente à la Maison de la femme ce jour pour déposer son dossier. En effet, elle nous a confié : «Je suis venue déposer mon dossier pour bénéficier du fonds ; j’ai demandé un crédit de 2 millions cinq cent mille; je fais du commerce et je souhaite agrandir mon commerce». Pour elle, le fait que l’Etat ait mis le Fonds Burkinabè pour le Développement Economique et Social en place donne de l’espoir aux femmes car celles qui en bénéficieront pourront vraiment s’en sortir, si elles investissent bien cet argent.

Les critères d’attribution du crédit

L’attribution des fonds se fait sur sélection de dossiers préalablement déposés. Ces dossiers doivent contenir une fiche préalablement retirée aux différents guichets dûment remplie par l’aspirante au prêt, la photocopie légalisée de la carte nationale d’identité burkinabè et pour un crédit supérieur à cinq millions, il faut inclure un registre du commerce. Mais il faut noter que les crédits seront seulement attribués à celles qui présenteront des projets pertinents. Afin de permettre à un maximum de femmes de déposer des projets pertinents et de bénéficier du crédit, des équipes de montages de projets sont mises en place.

Le financement est-il un don ou est-il remboursable ?

Les cinq milliards du Fonds Burkinabè de Développement Economique et Social ont été débloqués pour aider les femmes, au travers des crédits. C’est pourquoi, les aspirantes au crédit devront présenter des garanties : l’hypothèque d’un bien, le nantissement de bien qui prévoit la saisie des biens achetés en cas de non remboursement. Cependant, une rumeur s’est répandue faisant croire que le fonds est un don du président du Faso. Aussi des voix s’élèvent-elles prétendant qu’elles ne rembourseraient pas les sommes acquises. Dans tous les cas, le ministère de la Promotion de la Femme et du Genre, à travers sa secrétaire générale Mme Nathalie SANDWIDI, a été clair : «Ce fonds n’est pas un don ; il est remboursable». Toute chose qui, heureusement, est bien comprise par la plupart des contractants de crédit qui ne se font pas d’illusions. Ainsi, pour madame TOE Delphine qui a un élevage de bœufs et qui souhaite obtenir un financement de 600 000F pour l’agrandir: «Ceux qui disent ne pas vouloir rembourser se créent des problèmes d’autant plus que si tu ne rembourses pas tu n’auras plus droit à un crédit. Il faut rembourser pour qu’on te fasse confiance et pour qu’on te donne encore prochainement». Voilà qui est bien dit car il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or qu’est le fonds qui devrait perdurer pour le bonheur de tous.
Principaux groupes cibles du fonds

Les principaux groupes cibles sont les opératrices privées, les productrices, les Petites et moyennes entreprises (PME) et les Petites et moyennes industries (PMI) d’exploitation, de transformation, d’élevage, de transformation, de commerce, de restauration, etc. En somme, toutes les femmes qui désirent entreprendre et porteuses de projets sans distinction d’âge sont prises en compte par le Fonds Burkinabè de Développement Economique et Social (FBDES). Les cinq milliards de FCFA ont été débloqués uniquement pour la gent féminine afin de la sortir de la pauvreté, de la misère, du chaos de la prostitution et enfin pour qu’elle puisse participer au développement du Burkina Faso.

Attention à ne pas se tromper de cible

On le sait, toute manne financière attire ; c’est pourquoi le FBDES est pris d’assaut. Il va donc falloir être vigilent pour ne pas laisser la place aux personnes indélicates qui se présentent avec des desseins malveillants. Le fonds voulant encourager l’entreprenariat féminin, il faudra à ceux qui sont à la manœuvre pour l’octroi des prêts travailler avec professionnalisme afin de ne pas jeter l’argent du contribuable burkinabè par la fenêtre. C’est pourquoi seuls les critères de pertinence et de crédibilité des projets devraient guider la sélection des dossiers bancables. Et il ne serait pas de trop que soit mis en place un mécanisme de suivi de l’utilisation des sommes allouées afin qu’elles ne soient dissipées.

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