Le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a entamé une grève de 4 jours, du 13 au 16 novembre 2012, sur l’ensemble du territoire national du Burkina Faso. Principalement, cette grève a pour objectif, selon le SYNTSHA, de revendiquer l’amélioration des conditions de travail dans les formations sanitaires, ainsi que le traitement salarial et indemnitaire des agents de santé. Compte tenu de l’impact que cette grève a sur l’accès des populations à des soins de santé de qualité, le RAME marque sa solidarité avec la plateforme revendicative du SYNTSHA dans son ensemble et interpelle les autorités à œuvrer pour un apaisement du climat social dans le secteur de la santé.
Les revendications du SYNTSHA concernant l’amélioration des conditions de travail, notamment la dotation suffisante des formations sanitaires en moyens de diagnostic et de traitement adéquat, la gratuité des soins d’urgence et des évacuations sanitaires à l’intérieur du pays, sont en parfaite adéquation avec les objectifs de plaidoyer du RAME. Bien que reconnaissant les efforts faits par le gouvernement, cités dans le communiqué publié par le ministre de la Santé dans le Quotidien Le Pays n°5238 du jeudi 15/11/2012, nous constatons que la description de la situation de nos formations sanitaires et du calvaire vécu par les populations, faite par le SYNTSHA, dépeint avec acuité la réalité de la situation sanitaire dans notre pays. Tout comme le SYNTSHA, nous déplorons la persistance des pannes des équipements biomédicaux et les ruptures de réactifs et consommables médicaux. Cette situation révèle sans doute un dysfonctionnement dans nos procédures d’acquisitions et de gestion des équipements et des intrants de santé. Au-delà des sommes affectées, le ministre de la Santé devrait nous donner des gages d’assurance sur la qualité des équipements acquis et la transparence dans la gestion de ces équipements et intrants.
Le ministre doit exposer clairement le plan de riposte qui est mis en place pour garantir une fonctionnalité permanente des équipements sanitaires et une disponibilité continue des intrants. La situation particulière des hôpitaux du Burkina Faso demande une attention particulière du ministère de la Santé. Profitant d’un statut particulier à géométrie variable, nos centres hospitaliers sont souvent décalés des politiques et objectifs nationaux de santé publique. L’image des hôpitaux du Burkina Faso dans l’opinion publique est celle de « mouroirs » et de « terrains de recrutements du secteur privé » ; le recrutement concernant aussi bien les agents de santé que les patients. Pire, il est à soupçonner qu’ils ne soient en plus des « terrains d’approvisionnement en équipements et réactifs ». Le ministre de la Santé doit rassurer les populations sur les mesures prévues pour garantir le maintien d’un personnel qualifié dans nos hôpitaux, la conformité de toutes les dispositions appliquées dans les hôpitaux avec les politiques et les objectifs de santé publique. Il doit en outre donner des garanties que toutes les mesures sont prises pour prévenir les cas de détournements tels que l’ont révélé les rapports récent de l’enquête parlementaire sur les subventions de l’Etat dans le secteur de la santé et de l’Autorité supérieure du contrôle de l’Etat (ASCE). Nous sommes tout à fait conscients des ressources limitées de notre pays.
Mais nous restons convaincus que l’Etat burkinabè, avec l’appui de ses partenaires, doit tout mettre en œuvre pour améliorer le traitement salarial et indemnitaire des agents de santé. Les prestations de soins et le soutien aux malades demandent un sacrifice énorme de la part de ces agents. Aussi, nous estimons qu’une attention particulière doit être accordée à leur motivation, aussi bien financière que morale. Sans cela, nous craignons que nous n’entretenions le nid de la corruption dans nos services de santé. Nous tenons toutefois à préciser que le mauvais traitement salarial et indemnitaire ne peut justifier des mauvais traitements ou la spoliation des usagers des services de santé. C’est pourquoi nous soutenons tous les militants du SYNTSHA, qui se tiennent loin de ces pratiques, en privilégiant les luttes citoyennes pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. Nous déplorons les conséquences que subissent les populations au cours de ces 4 jours de grève. Nous prenons note des initiatives prises par le gouvernement pour assurer la continuité des services. Cependant, il est évident que l’utilisation de stagiaires à la place des titulaires des postes ne nous garantit pas la qualité des services. Il est capital que le gouvernement, en collaboration avec le SYNTSHA, prenne les dispositions nécessaires pour assurer un service minimum de qualité pendant ces actions de revendications citoyennes. Nous devons toujours garder à l’esprit, quels que soient nos intérêts, que ceux des populations sont les plus primordiaux. Le RAME rappelle que sa mission est justement de défendre les intérêts des populations et marque sa disponibilité à participer à toute démarche de résolution des problèmes rencontrés par notre système de santé.
Fait à Ouagadougou, le 2 novembre 2012
Le Conseil d’Administration du RAME Contact de presse : Simon KABORE, Directeur Exécutif P/I du RAME Tél. : 70 24 44 55 E-mail : simonkabore@rame-int.org Site : www.rame-int.org