Dakar - La recrudescence de cas de fièvre hémorragique en grande partie causée par le virus Ebola en Afrique de l’Ouest est due à de nouveaux foyers en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF).
"Les chiffres" donnés mercredi par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) "sont des chiffres globaux. Mais il y a une recrudescence des cas parce qu’il y a de nouveaux foyers" en Guinée, où l’épidémie de fièvre s’est déclarée, mais également au Liberia et en Sierra Leone, frontaliers de la Guinée, a expliqué à l’AFP Marie-Christine Ferir, coordinatrice des programmes d’urgence de MSF, jointe depuis Dakar.
Selon l’OMS, les trois pays totalisent 528 cas de fièvre hémorragique, dont 364 ont été confirmés par des analyses comme étant dus au virus Ebola. Et sur les 528 cas cumulés, on dénombre 337 morts.
Le type de virus à l’origine des cas qui se sont révélés négatifs à l’Ebola n’était pas connu.
Le bilan est en nette hausse par rapport à la situation il y a deux semaines. Le nombre de nouveaux cas avait significativement baissé entre avril et mai à la suite d’une forte mobilisation contre la propagation de l’épidémie, avec des mesures de prévention stricte et l’isolement de malades notamment en Guinée.
Actuellement, "nous sommes face à un deuxième pic de l’épidémie. Ce qui est inhabituel, c’est la dispersion des foyers, ça complique les choses" dans la lutte, a affirmé Marie-Christine Ferir.
Selon elle, l’origine de ce nouveau pic "est difficile" à déterminer avec précision, parce que "les gens bougent beaucoup", certaines familles et communautés vivant de part et d’autre des frontières.
Les funérailles, qui sont des occasions de rassemblements pour des cérémonies coutumières ou rites mortuaires, peuvent être des "amplificateurs de l’épidémie", a-t-elle dit.
Découvert en 1976 dans l’actuelle République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), le virus Ebola est hautement contagieux et mortel dans 25 à 90% des cas, selon l’OMS.
Il se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite d’homme à homme. Il n’existe pas de vaccin ou de traitement spécifique contre la fièvre Ebola, qui se manifeste par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées.
Mais, souligne Mme Ferir, "si tout le monde s’y met, on peut vraiment stopper Ebola. Il y a des gens qui en sont guéris" après avoir été traités pour des infections secondaires et réhydratés dans des structures de santé adéquates.
"C’est clair que si les familles ne veulent pas déclarer les cas", qu’il s’agisse de décès ou de malades, "ça n’aide pas. (...) Il faut vraiment que les populations fassent confiance aux gens qui sont là pour les aider" à lutter contre l’épidémie, il faut continuer la mobilisation à tous les niveaux, avec tous les acteurs", a-t-elle déclaré.
Selon elle, MSF a augmenté son dispositif sur le terrain en Guinée et déployé des équipes au Liberia et en Sierra Leone.
"On a plus ou moins 60 expatriés et 300 (personnels) nationaux" dans les trois pays, "on est confronté à nos limites en termes de ressources humaines.
(...) C’est important de mobiliser tout le monde", a encore dit Mme Ferir.