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Le Quotidien N° 1091 du 18/6/2014

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Certification professionnelle au Burkina :« Les retombées de notre travail sont destinées au patronat », Joseph Sawadogo, secrétaire permanent de la CNCP
Publié le jeudi 19 juin 2014   |  Le Quotidien




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En prélude à la tenue de l’examen du Brevet de qualification professionnelle (BQP) prévue du 8 au 12 juillet 2014 et pendant le déroulement des examens du Certificat de qualification professionnelle (CQP) qui ont lieu du 17 au 24 juin, nous avons rencontré, le 18 juin 2014, le secrétaire permanent de la Commission nationale de certification professionnelle (CNCP) , Joseph Sawadogo, pour échanger sur ces examens qui sont devenus le passeport pour l’insertion socio-professionnelle des apprenants. Il a indiqué que le Burkina expérimente depuis huit ans et ce, à l’instar de la Chine Taïwan, la certification professionnelle qui constitue une passerelle pour accéder au marché de l’emploi. Il a expliqué qu’en dépit des difficultés liées à la reconnaissance du CQP et du BQP, ils (examens) s’avèrent le « sésame ouvre toi » du marché de l’emploi. Il a invité le patronat à s’investir dans la valorisation du capital humain à travers la certification professionnelle.
Quelles sont les missions principales du secrétariat dont vous avez la charge?

Le secrétariat permanent de la commission nationale de la certification est une structure rattachée du ministère de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Nous avons la charge d’homologuer les titres, la compétence professionnelle et mettre en œuvre la validation des acquis de l’expérience.

Pouvez-vous citer les différentes filières de formation et nous expliquer ce qui a bien pu motiver le choix de ces disciplines ?

Les filières de formation pour le certificat de qualification professionnelle sont, entre autres, la coiffure, la maçonnerie, la broderie, l’agriculture, l’électricité bâtiment, la menuiserie, la mécanique automobile, la plomberie et la restauration option cuisine. En ce qui concerne le brevet de qualification professionnelle qui est le second niveau, il y a principalement six métiers qui sont dispensés aux candidats. Ce sont la conception et la réalisation de meubles en bois, l’électricité bâtiment, la construction métallique, la maintenance informatique et automobile qui constitue une nouvelle filière de formation. Si ces domaines de formation ont été choisis, c’est parce qu’il a été jugé que ce sont des créneaux porteurs. Nous avons constaté qu’il y a un engouement des apprenants pour ces métiers et que le public est également intéressé. Par conséquent, il est logique de prévoir une stratégie de professionnalisation en la matière, en vue de mettre à la disposition du public et du patronat une main-d’œuvre qualifiée. Cela ne peut se faire que par la certification pour une formation de qualité.

Dites-nous quel est votre public cible pour bénéficier de ces formations en vue de l’obtention, soit du CQP soit du BQP ?

En ce qui concerne le candidat au titre professionnel, il faut un niveau minimum du Certificat d’études primaires ou le niveau CM2. Pour le niveau du brevet de qualification professionnelle, le candidat doit avoir le BEPC ou le niveau de la classe de 3e.

Le BQP et le CQP sont-ils différents d’un diplôme ? Quelle peut est la différence entre le titre professionnel et le diplôme ?

Il y a une nuance entre les titres professionnels et les diplômes. Au niveau du secrétariat permanent de la commission nationale de certification, nous parlons de certification qualifiante qui aboutit à un titre professionnel, par opposition à la certification professionnelle diplômante qui est sanctionnée par un diplôme. Le lauréat du titre professionnel est apte à produire, par exemple à s’insérer dans le tissu économique.

Quelle valeur peut-on accorder aux titres professionnels que vous délivrez?

Si on ce réfère au document cadre, il faut dire que la valeur du CQP ou BQP est fonction du savoir-faire du détenteur. Les titulaires du BQP ou du CQP sont une main-d’œuvre qualifiée directement utile aux entreprises. A titre d’exemple, des apprenants de la promotion du Centre de référence de formation professionnelle de Ziniaré ont été intégrés dans une entreprise française et produisent sur le site d’exploitation minière de Essakane.

Arrive-t-il que des apprenants issus de vos écoles de formation aient des difficultés pour leur insertion socio-professionnelle ?

Cela est une difficulté réelle. Il faut dire que le Burkina est à l’entame de la certification professionnelle et qu’il y a seulement huit ans que le Burkina a entrepris son expérience en matière de certification. Contrairement à la Chine Taïwan qui totalise en la matière quarante années d’expériences. Toujours est-il qu’une question fondamentale reste posée. Que deviennent ceux qui ont décoché avec le système scolaire. C’est pour principalement apporter une réponse à cette question que la certification professionnelle a été vue comme une alternative. De par le passé, nous avions effectivement reçu des plaintes de nos lauréats dont les candidatures n’ont pas été réceptionnées lors de l’organisation des concours de l’armée, alors qu’un décret existait. Notre ministère de tutelle a écrit au ministère de la Défense afin qu’à l’avenir les titres professionnels soient reconnus. Sur le plan juridique, il y a un décret datant de 2012 qui reconnait les titres professionnels.

Votre commission mène-t- elle des actions pour promouvoir la reconnaissance des titres professionnels auprès du principal employeur qu’est le patronat ?

Nous nous sommes battus pour pouvoir disposer des arrêtés qui puissent faciliter la reconnaissance de la certification professionnelle. Auparavant, les membres de la commission nationale de la certification ne s’étaient pas réunis. Cette année, nous avons réussi à avoir un texte juridique qui nomme 25 membres issus de divers départements ministériels que sont le ministère des Enseignements secondaire et supérieur, du ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, du patronat burkinabè, du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat et des syndicats. Les échanges avec le patronat burkinabè peuvent permettre de dégager des aspirations qui pourront être adaptées à la formation afin de booster la certification professionnelle. C’est sur la base des préoccupations et des besoins du patronat que nous pouvons mieux orienter les référentiels de formation de certification qui doivent être en phase avec le marché de l’emploi.

Cela travail n’a-t-il pas été préalablement fait lors de la mise en œuvre du projet de certification professionnelle?

L’administration étant une continuité, on peut dire qu’il y a eu un manque à ce niveau. Il y avait les textes mais sur le terrain, il n’y avait pas encore la session de la commission nationale de la certification. Pourtant, c’est cette commission qui est l’instance suprême de la certification nationale à qui nous apportons un appui technique. C’est suite à la session de cette commission, présidée par le secrétaire général du ministère, que nous pourrons faire avancer la certification professionnelle au Burkina.

Après les sessions précédentes, comment abordez-vous les examens de 2014 ?

Il faut noter que la session a lieu sur toute l’étendue du territoire national, dans les treize régions. En termes de centres d’examen, il y en a dix. Les régions du Sahel, du Centre-sud et du Centre-nord seront intégrées comme centres d’examen. Pour le CQP, on enregistre 4013 candidats et pour le BQP 292 candidats. Il y a un accroissement de 12, 85% en ce qui concerne le CQP. Le nombre de jurys est de 87 pour le CQP, pour 11 métiers et 87 présidents de jurys et 110 policiers pour la sécurité. Le BQP se déroule dans deux centres d’examen, à savoir Ouagadougou et Ziniaré, pour 292 candidats et 4 policiers pour assurer la sécurité.

Y a-t-il eu de l’innovation dans le cadre de l’organisation de ces examens en 2014 ?

En termes d’innovations majeures, nous pouvons dire qu’il y a eu quatre nouveaux métiers pour le CQP, dans les centres d’examen de Fada N’Gourma, Bobo-Dioulasso pour la coiffure, à Banfora pour la plomberie. Par exemple à Fada, le centre de métier pour la coiffure n’existait pas lorsque nous y avons fait un tour. Nous avons constaté que le besoin d’apprentissage de nouveaux métiers dans certains centres se faisait pressant. D’où la volonté d’extension pour les quatre régions. Le BQP a connu un nouveau métier. Il s’agit de la maintenance informatique et bureautique au centre d’évaluation et de formation professionnelle de Ouagadougou (CEFPO). Il y a eu également un appui technique et financier au comité national de supervision, à savoir les directeurs régionaux de la Jeunesse et de la Formation professionnelle et de l’Emploi, les directeurs régionaux de l’agence nationale de la promotion de l’Emploi, les chefs de centres, les présidents des jurys. Conformément aux recommandations de l’Inspection générale de l’Etat (IGE), l’Autorité de contrôle de l’Etat (ASCE), nous avons apporté un appui financier à ces démembrements au regard de l’ampleur des tâches qu’ils accomplissent dans le cadre de la certification professionnelle au Burkina. Le deuxième point est la formalisation du comité national de supervision. Avant le déroulement des examens, nous avons convoqué les membres pour faire le point des préparatifs des examens.

Votre message aux candidats et
au patronat burkinabè ?

Nous formulons un message d’encouragement à l’égard des candidats. Le succès est au bout de l’effort et je les invite à ne pas céder au gain facile. A l’endroit du monde économique, nous leur disons que l’absorption de la main-d’œuvre qualifiée est une valorisation du capital humain comme le prône le programme du président Blaise Compoaré. Les retombées de notre travail sont destinées au patronat. C’est pourquoi, nous lui demandons de soutenir la formation professionnelle .


Propos recueillis par Soumoubienkô Roland KI

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