Exit Jeannot Kouadio Ahoussou, bienvenue à la primature à Daniel Kablan Duncan, ex-ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de celui qu'il remplace. L'ancien chef de la diplomatie ivoirienne n'est pas un novice à ce poste pour l'avoir déjà occupé sous la présidence Bédié de 1993 à 1999 avant d'être balayé par le coup d'Etat qui a amené le général Robert Gueï pouvoir.
A 69 ans, le vieux biscard de la politique ivoirienne retourne dans un fauteuil qu'il avait dû quitter par suite d'un coup de force. Le choix de Kablan Duncan n'a pas surpris bon nombre d'observateurs. Il avait la faveur des pronostics dès la composition du premier gouvernement, mais le président Alassane Ouattara a dû se plier à la volonté du patron du PDCI après consultation.
Le chef de l'Etat ivoirien et l'actuel Premier ministre sont du même sérail. Economiste et banquier de renom, Ado avait besoin de la présence de son ami sur le plan professionnel afin sans doute qu'ils aient la même compréhension et la même vision des choses dans la conduite des affaires. De ce point de vue, Jeannot Kouadio Ahoussou n'était pas l'homme de la situation. Avocat de profession, il n'avait sans doute pas une maîtrise certaine de certains dossiers, sans oublier qu'il n'avait pas assez de poigne pour contrôler des ministres qui l'enjambaient pour prendre des initiatives.
Cela dit, si l'ex-Premier ministre flottait dans la conduite des affaires, on peut légitimement se demander si le chef de l'Etat ne pouvait pas l'aider dans sa tâche en lui donnant les pleins pouvoirs et en rappellant certains memebres du gouvernement à l'ordre. On avait le sentiment que, ne voulant pas de Jeannot, on a créé les conditions de son depart, et le rejet du projet de loi, qui a justifié le renvoi de tous les ministres, n'était qu'un pretexte pour se debarrasser, dans les regles de l'art, d'un monsieur qu'on ne voulait plus.
L'avocat avait compris cela et disait qu'il avait même envoyé ses robes d'avocat au pressing afin de retourner au prétoire. Alassane Ouattara a désormais eu l'homme qu'il voulait à la primature. La cohésion sera certainement au rendez-vous, et les premiers signes, c'est bien le vote à l'Assemblée nationale, par une très large majorité, du projet de loi controversé qui place le mari et la femme sur un pied d'égalité. C'est certes à l'œuvre qu'on reconnaît le bon maçon ; seulement, il faut dire que le defi actuel de la Côte d'Ivoire n'est pas l'économie, mais la sécurité, et on se demande ce que le banquier pourra faire en la matière.