Ils sont censés apporter l’espoir dans des pays où des conflits meurtriers ont déchiré les populations. Ces militaires d’horizons divers portent le casque bleu azur des Nations unies, et leur rôle consiste à protéger les populations civiles et à séparer les belligérants. Mais dans la réalité, on est loin du compte, car à maintes reprises dans des théâtres d’opérations, il est arrivé que ces «Blue boys», à l’opposé de leur idéal chevaleresque, s’adonnent à des pratiques criminelles. Certains ont en effet été pris la main tantôt sous les jupes des filles, tantôt sur les braguettes des garçons. Accusations d’exploitation et d’abus sexuels, trafics en tous genres et maraudes, viols commis notamment au Congo, en Côte d’Ivoire ou en Haïti, parmi les valeureux soldats de la paix, il s’est trouvé quelques fantassins aux mains sales, au point qu’un film au nom évocateur, «Le démonteur des Casques bleus», a été réalisé sur leurs «exploits».
Comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’on leur découvre une autre facette peu reluisante : des militaires burkinabè, au nombre de sept, appartenant à la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), ont été rapatriés ce vendredi, non pas pour inconduite envers la gent féminine, mais pour avoir posé un acte politiquement incorrect : ces sept là se sont fait photographier avec de jeunes Touaregs agitant un drapeau du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion séparatiste. On aurait dit une bande de supporters jubilant avec leurs idoles du moment et arborant fièrement le drapeau. Ne manquaient plus que les autographes pour couronner le tout.
Ces images ont circulé sur le web, provoquant indignation, incompréhension, colère et même menaces à peine voilées sur les rives du Djoliba, où l’on se demande, à tort ou à raison, si certains pays voisins, censés être venus à la rescousse d’une intégrité territoriale en péril, sont bien là dans l’intérêt du Mali. Pas besoin d’avoir fait Science po pour savoir qu’une telle exhibition passerait pour un aveu de complicité, pour ne pas dire de duplicité, et cela, quelques semaines après les événements de Kidal qui ont vu la défaite de l’armée loyaliste face à des rebelles remontés à bloc.
Décidément ces 7 bidasses en goguette avaient le cerveau dans les chaussettes ce jour-là, car la bourde aurait pu passer s’ils avaient été originaires d’un autre pays, mais surtout pas du Burkina, quand on sait que notre pays abrite des responsables du MNLA et que Ouagadougou a accouché de l’accord éponyme pour la résolution de la crise au Mali.
Cela dit, il ne faut pas pour autant jeter l’opprobre sur le contingent, et encore moins sur l’armée tout entière. Il faut toutefois admettre que l’incident pose le problème de la formation, pour ne pas dire de l’information, de nos troupes, véritables ambassadeurs engagés à poursuivre sur le terrain un processus que des diplomates ont amorcé sur le papier.