Un événement : l’ouverture officielle du Forum économique international des Amériques.
150 conférenciers pour 3 000 participants, Gil Rémillard n’avait pas tort quand, il y a vingt ans, il initiait ce rendez-vous mondial des décideurs qui planchera une année durant sur :
«Développement durable : objectifs post-2015» ;
«Francophonie économique : perspectives et enjeux» ;
«La transition énergétique et croissance économique en Afrique : perspectives pour les investisseurs privés».
Retranchés sur l’estrade de la Basilique Marie-Reine du monde. Cathédrale de Montréal, la centaine d’anti-capitalistes tentaient vainement de tenir la contradiction aux milliers de participants à cette grand-messe de l’économie et des affaires qui, eux, avaient installé leurs pénates à un jet de pierre de là, pour ne pas dire à l’hôtel La Reine Elisabeth.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est le Burkina, pays sahélien emprisonné au cœur de l’Afrique de l’Ouest, oublié des dieux et révélé aux investisseurs par le miracle minier de cette dernière décennie, qui jouait à l’invité vedette.
Et voilà Luc Adolphe Tiao, le Premier ministre, chef de délégation, aux premières loges, flanqué de ses ministres concernés, Salif Kaboré de l’Energie et des Mines ; Jean Bertin Ouédraogo des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports ; Arthur Kafando du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat ; Coumba Boly de l’Education nationale et de l’Alphabétisation ; et Lucien Marie Noël Bembamba de l’Economie et des Finances, évidemment. Pourquoi donc un subit intérêt pour le pays dit des hommes intègres qui, il n’y a pas longtemps encore, tirait le diable par la queue ?
Eh bien, non seulement l’or a changé d’adresse et la ruée est désormais en direction des vieilles Volta mais, aussi, la croissance est au rendez-vous (5 à 6%), synonyme de bonne gouvernance et de stabilité socio-politique. C’est en tout cas le refrain que reprenaient sans cesse les investisseurs après Luc Adolphe Tiao dont l’agenda était des plus chargés, et qui aura convaincu plus d’un lors de ses communications sur le financement du développement et le rôle des infrastructures ; ainsi que sur la Francophonie économique : perspectives et enjeux.
Pour le Premier ministre burkinabè, l’heure a sonné pour l’inauguration des débats sur la gouvernance économique et financière.
L’Afrique peut s’énorgueillir d’une croissance de 5% certes, mais quelle alternative face à la problématique du financement des investissements ?
L’inventaire de Luc suffira-t-il à lui attirer les bailleurs ?
En tout cas, ce ne sont pas les atouts qui feront défaut au continent noir, à commencer par la croissance démographique, le niveau de l’éducation, qui est passé de 40% à 82% en 2012.
L’Afrique regorge de potentialités, il ne resterait qu’à y satisfaire la demande d’infrastructures.
En la matière, Luc Adolphe Tiao a mis en exergue cet apport que la Communauté internationale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la Banque mondiale apporte d’inestimable en investissements au Burkina Faso.
Son trophée de guerre demeure le Millenium challenge coorporation (MCC), dont l’apport au développement a permis le bitumage de 280 km de route et la construction de 400 km d’autres en terre. Le chef du gouvernement burkinabè n’a pas manqué de plaider en faveur d’un assouplissement des conditions d’accès des pays africains aux marchés mondiaux.
Last but not least, Luc Adolphe Tiao a lancé un appel en faveur de la valorisation du capital humain, la sécurité, la stabilité socio-politique et le renforcement des institutions démocratiques, sans lesquels toute amorce de développement sera vaine.
Comment le Burkina arrive-t-il à consommer les crédits à lui alloués par les bailleurs ? Ces dernières années, a-t-il confié, le Pays dit des hommes intègres a entrepris des réformes économiques fortes à cet effet. L’instauration du comité national de crédits, entre autres, répond à ce souci.
Que dire alors de ce séjour canadien sinon que la pêche a été des plus fructueuses à en juger par les accords obtenus auprès des investisseurs, qui se sont succédé en colonnes couvrées au pied-à-terre du Premier ministre burkinabè, et surtout par cette audience prometteuse avec Philippe Couillard, son homologue québécois.
Ce n’est ni le ministre Salif Kaboré, qui a thésé sur les énergies renouvelables, ni Arthur Kafando, qui a signé une note d’intention avec le ministre canadien du Commerce international, Ed Fast, encore moins le grand argentier, Lucien Marie Noël Bembamba, qui, entre autres, a été d’un apport inestimable aux négociations, qui diront le contraire.
En tous les cas, rendez-vous ce jeudi à Ouagadougou où, à la tête d’une forte délégation, le ministre canadien du Commerce internatonal viendra concrétiser ses promesses avec la partie burkinabè.