Etudier aux Etats-Unis semble être un casse-tête chinois pour de nombreux étudiants burkinabè et étrangers. Grâce à Moussa Yaya Ouédraogo, Directeur général de la Florida English Learning Center Agency (FELCA), le rêve d’étudier aux «States» peut se transformer en une réalité. Le système éducatif américain n’a plus de secret pour ce consultant. Il a mis en place un centre de recrutement au profit de jeunes étudiants et professionnels désirant poursuivre leurs études aux Etats-Unis. A bâtons rompus, il décortique les tuyaux pour s’inscrire aux Etats-Unis grâce à FELCA.
Sidwaya (S.) : Présentez-nous le centre FELCA (Florida English Learning Center Agency)?
Moussa Yaya Ouédraogo (M.Y.O.) : Florida English Learning Center Agency (FELCA) est un centre de recrutement d’étudiants internationaux. L’agence de recrutement a été mise en place en 2011 aux Etats-Unis. Mon premier contrat de recrutement avec l’université de Floride date de 2012. C’est en 2012, qu’officiellement, j’ai fait un exposé à l’université de Floride sur l’agence et ses objectifs. A partir de ce moment, j’ai eu un contrat qui est renouvelable chaque année. Nous recrutons principalement les étudiants de l’Afrique francophone. L’agence constitue un pont entre les Etats-Unis et les étudiants qui souhaitent poursuivre les études là-bas. Nous nous chargeons de l’inscription au sein de l’université. D’abord, au Burkina Faso, nous nous occupons du traitement des dossiers d’inscription à l’ambassade des Etats-Unis. Ensuite, l’ambassade fait des entretiens avec les candidats qui ont postulé pour les universités américaines. Une fois aux Etats-Unis, nous procédons à l’accueil et à l’installation des étudiants. Nous leur donnons une formation sur la vie américaine et le système éducatif américain et bien d’autres choses. Mon objectif, est de permettre aux jeunes, qui ont l’opportunité de voyager, d’aller découvrir, apprendre quelque chose et avoir la compétence pour revenir servir leur pays, et développer l’Afrique. D’où mon slogan «FELCA pour développer l’Afrique». A cet effet, j’encourage tous mes jeunes frères qui ont les moyens d’acquérir quelque chose d’y aller. Parce qu’il faut le reconnaître, les Etats-Unis sont un grand pays dont l’éducation est de haut niveau. Et avoir une formation là-bas, cela fait une connaissance de plus. Et surtout, nous devons revenir développer nos pays, parce que l’Afrique demeure toujours vierge.
S. : Quelles sont les conditions d’accès aux universités américaines?
M.Y.O. : Il faut avoir au moins 18 ans et avoir le Baccalauréat. Aussi, il faut être un étudiant régulièrement inscrit dans une école avec pour ambition d’aller poursuivre ses études aux Etats-Unis et, disposer des informations nécessaires. A cet effet, nous disposons de brochures sur lesquelles on donne des informations aux postulants, sur le coût des études et de la vie américaine. Les universités fréquentées par les étudiants burkinabè en particulier sont généralement celles publiques. Et Florida State University est l’une des plus grandes universités de la Floride. Elle est classée 4e en matière de business. Business regroupe business administration, management account et comptability. Si vous prenez la carte des Etats-Unis, parmi les universités qui excellent en business et en comptabilité, il y a Florida State University. Cette université a toutes les filières. Elle n’a pas moins de 50 à 60 filières. Les
filières les plus choisies par les étudiants burkinabè sont : le génie civil, l’ingéniorat en bâtiment, l’économie, le management et la comptabilité.
S. : Concrètement, qu’est-ce que votre agence fait pour faciliter les inscriptions des étudiants à l’université de Floride?
M.Y.O. : Pour l’inscription, sur place au Burkina Faso, nous faisons une investigation pour nous rassurer que les informations fournies par les étudiants sont vraiment authentiques et non frauduleuses. Lorsque nous transmettons les dossiers, après leur acceptation, l’université renvoie ces dossiers à l’ambassade des Etats-Unis au Burkina qui procède à la deuxième investigation avant d’accorder le visa à l’étudiant. Une fois arrivé aux Etats-Unis, la chose la plus importante pour nous, c’est d’abord l’installation de l’étudiant. L’installation signifie que l’étudiant aura une famille d’accueil. Il sera logé dans une maison que nous qualifions de temporaire. C’est une maison où nous accueillons tous les étudiants. Cette maison de passage est gratuite. Ensuite, nous les réinsérons dans des appartements selon leur disponibilité où ils vont commencer à payer le logement. Nous nous arrangeons à ce que les appartements soient dans une localité sûre et pas loin de l’école. Les étudiants sont toujours logés dans les entourages de l’université, afin que s’ils ont besoin de quelque chose, l’agence puisse venir à leur secours. En trois ans, au Burkina, nous avons pu amener approximativement une vingtaine d’étudiants et environ une cinquantaine au niveau sous-régional.
S. : Quelles difficultés les étudiants burkinabè rencontrent-ils dans les universités américaines?
M.Y.O. : En général, la première difficulté est liée au problème de moyens. Après quelques années d’étude, il devient financièrement difficile pour les parents de supporter le coût. La deuxième difficulté est relative à la vie sociale. Ils mettent du temps pour s’adapter à la vie américaine. Parce que là-bas, c’est comme on le dit, ‘’time is money’’, les gens n’ont pas le temps pour les autres. La vie va à 100 km à l’heure. J’ai été le deuxième Burkinabè à m’installer dans la ville de Floride. Aujourd’hui, nous sommes une vingtaine. Donc, c’est carrément une famille que nous avons créé là-bas et les gens se retrouvent facilement. Les week-ends, nous organisons des activités telles que les sorties sur la plage, des soirées africaines, des soirées de préparation de mets africains. Hormis ces difficultés, les étudiants n’en rencontrent pas d’autres.
S. : Quelles sont les opportunités qui s’offrent aux étudiants burkinabè au pays de l’Oncle Sam?
M.Y.O : Les étudiants, qui ont vraiment excellé dans leurs matières, ont en général une bourse. On leur permet d’enseigner de temps en temps. Comme autres avantages, ils peuvent travailler dans des compagnies. Et ils ont le choix d’y rester. Si un étudiant est très compétent dans un domaine, le pays va travailler à le garder. Un autre avantage est la prise en charge de leurs études. Par exemple, quelqu’un qui étudie en génie civil, s’il excelle dans toutes les matières, on peut lui proposer de prendre tout en charge. On va lui donner également des encouragements.
S. : Quels conseils avez-vous à donner aux étudiants burkinabè désirant aller poursuivre leurs études?
M.Y.O : Le conseil que j’ai à leur donné, c’est d’avoir des bagages solides et d’y aller pour vraiment des études. Le système éducatif américain est vraiment très simple. Lorsque vous arrivez là-bas, on vous demande d’abord ce que vous voulez faire. De l’expérience que je tire, si vous allez pour des études, il faut véritablement vous y consacrer. La différence entre le système éducatif américain et celui burkinabè, c’est que l’étudiant est laissé à lui-même. Ce système est plus basé sur la recherche chez l’étudiant. Pour ce qui est des cours, on donne juste des informations à l’étudiant concernant un thème précis. Et tout le travail lui revient. En réalité, c’est l’étudiant qui s’éduque lui-même. On met tout à sa disposition. Il y a des bibliothèques et l’internet. Chaque jour, vous rentrez à la maison avec des tonnes d’exercices. Vous pouvez faire trois jours de cours. Et vous restez à la maison trois jours avec des devoirs et des gens qui vont vous accompagner dans le travail. Depuis la première année à l’université, l’effort doit venir de l’étudiant. Alors qu’au Burkina Faso, je parle sous réserve, la recherche commence à un certain niveau d'études.