Des centaines de véhicules ont du mal à passer la frontière Togo-Burkina Faso. Cette situation a été provoquée par l’opérationnalisation des postes de contrôle juxtaposés de Cinkansé. Et les routiers ne décolèrent pas.
Un engorgement-monstre de plusieurs centaines de camions chargés, pour la plupart, de marchandises. C’est le constat que nous avons fait, le mercredi 11 juin 2014, aux Postes de contrôle juxtaposés de Cinkansé à la frontière entre le Burkina Faso et le Togo. Qu’est-ce qui a provoqué le chaos à ce niveau du corridor Ouagadougou-Lomé ? Selon les informations obtenues sur les lieux, c’est la mise en œuvre des dispositions de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dans le cadre de l’opérationnalisation effective des postes de contrôle juxtaposés de Cinkansé qui en est la principale cause. En effet, depuis le 1er juin 2014, le bureau de douane de Cinkansé est habilité à assurer les opérations de transit des véhicules en provenance ou à destination du Togo, selon les nouvelles dispositions de l’UEMOA. Cette situation est nouvelle, a indiqué, le chef de bureau de douane de Cinkansé (côté Burkina Faso), Hilaire Ky, parce que ces actes admiratifs étaient depuis lors, sous la responsabilité du bureau de douane de Bittou. Avec cette nouvelle réglementation, les routiers ont désormais l’obligation de s’acquitter d’une somme de 25 000 F CFA destinée au gestionnaire de la plateforme (Ndlr : Scanning systems). Cette pilule a du mal à passer au sein de la famille des chauffeurs. Ceux-ci refusent de payer cette redevance. Les conducteurs estiment qu’elle est une dépense supplémentaire imposée par la structure communautaire, sans tenir compte des réalités du terrain. De l’avis d’un camionneur togolais, Mohamed Ganiou, en partance pour le Niger, les frais de route perçus de son employeur ne lui permettent pas de régler cette facture. «Ce n’est pas prévu. Mon patron ne m’a pas donné de l’argent pour cela. Lorsque je quittais Lomé, j’ignorais l’existence d’une redevance de 25 000 F CFA. J’ai été mis devant le fait accompli. Je suis stationné ici, depuis cinq jours. J’estime que les chauffeurs ne peuvent pas payer cette somme, avant de traverser. Il faut que nous sachions qui, du conducteur, du transporteur ou de l’importateur, doit payer», a-t-il déclaré. Et son collègue burkinabè, Issouf Nombré, bloqué il y a quatre jours, de demander pourquoi lorsqu’une nouvelle mesure est adoptée, ce sont les chauffeurs qui portent toujours les stigmates ? «Si nous devons payer cette somme, sans que nos patrons ne revoient à la hausse les frais de route, nos femmes et nos enfants n’auront plus à manger. Tout ce que nous gagnons restera sur la route», s’est-il indigné. Pour le douanier Ky, la méconnaissance de la nouvelle disposition communautaire évoquée par les chauffeurs n’est pas fondée. «Avec le démarrage des activités, certains importateurs ont dit être surpris par la disposition, alors que le prix a été fixé de commun accord avec les organisations professionnelles de transporteurs», a-t-il précisé.
Deux morts
Ce refus des chauffeurs, a-t-il dit, a porté un coup de frein au fonctionnement du nouveau système. Pour M. Ky, le travail à eux demandé a été multiplié par deux. «A cause de leur refus de payer aux deux premiers jours, suivi des manifestations à deux reprises également ajouté à nos problèmes techniques comme les délestages et la déconnexion de notre système survenue après la pluie du 9 juin 2014, nous avons perdu cinq jours de travail. Avant, nous enregistrions en moyenne 200 à 250 camions par jour. Mais, les 1er et 2 juin, nous avons enregistré respectivement 9 et 39 véhicules», a affirmé le chef de bureau. Et de poursuivre: «Mes éléments travaillent même les samedis, sans une rémunération supplémentaire, afin de résorber le problème. Hier (mardi), nous avons enregistré 400 camions. Nous avons dépassé la moyenne habituelle. Tout cela, pour montrer la détermination de la douane burkinabè à accompagner ce projet communautaire». Après moult tractations, les enregistrements ont repris. Mais pour certains chauffeurs, le mal est déjà fait. Les véhicules avancent à pas de tortue. Selon des témoignages, des victimes mortelles ont été recensées. Un apprenti-chauffeur a été écrasé par une remorque. Un chauffeur dans ses manœuvres, a trouvé la mort, après s’être renversé dans un canal. En outre, ils effectuent de longues distances pour aller s’alimenter. De Timbou (village en territoire togolais) où se trouve la queue du cortège et la tête au poste de Cinkansé, il y a plus de quinze kilomètres. La vie est devenue chère dans la zone. Les prix de certains services comme les déplacements en taxi-moto sont passés du simple au double. Habitués à effectuer tous les actes de transit, en 72 heures maximum, les transitaires, par la voix du président de la commission des transitaires, Adama Kangouebou, considèrent que la situation actuelle ralentit conséquemment, leur travail. C’est pourquoi, tous les acteurs ont souhaité une fin rapide de la difficulté. Ils suggèrent, aussi, de trouver un autre site de stationnement à l’image du poste vacant de Bittou car, l’aire des postes de contrôle juxtaposés de Cinkansé est exiguë pour contenir tous les camions en partance ou en provenance de la capitale togolaise.