S'achemine-t-on vers la fin de l'impunité qui entoure, depuis 5 ans, les massacres au stade du 28-Septembre de Conakry ? Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses commencent à bouger afin que justice soit rendue :
en effet, le 28 septembre 2009, une centaine de Bérets rouges, unité d'élite de la garde présidentielle, était envoyée par les dirigeants du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) afin de réprimer des milliers de personnes réunies au mythique stade de Conakry à l’appel de l’opposition. Ce jour fut l'un des plus marquants de l'histoire de la Guinée post Sékou Touré : 157 personnes tuées, 109 femmes violées et de nombreux blessés ; les cadavres, les militaires ont essayé de les dissimuler en les enterrant à la hâte dans des fosses communes après les avoir enlevés du stade et certains de la morgue.
Un bilan lourd, au point que le drame a suscité l’indignation sur les plans national et international. Il sera aussi à l’origine de dissensions au sein de la junte, les uns imputant aux autres la responsabilité des massacres. Un climat délétère qui précipitera, dans les circonstances que l’on sait, la chute du régime dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara. Une enquête fut ouverte par la justice guinéenne et aussi par la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye. Ainsi, les juges guinéens ont inculpé plusieurs responsables présumés dont de très influents encore en fonction. Au nombre de ces gros poissons figure le colonel Claude Pivi, le lieutenant-colonel Tiegboro Camara et le colonel Diaby.
Si avec le CNDD, il ne fallait pas attendre grand-chose dans le sens de l'établissement des responsabilités de ces massacres, au moins sous Alpha Condé, président démocratiquement élu, les familles des victimes espéraient un début de procédure judiciaire. Mais hélas ! Les autorités actuelles semblent se hâter, mais lentement. Et alors que l'on croyait à l'intérieur du pays assister à un enterrement de première classe de ce dossier ô combien brûlant et sanglant, à l'extérieur, les choses semblent enfin bouger : en effet, le général Sekouba Konaté, ex-ministre de la Défense et ex-numéro deux de la junte militaire, donc témoin-clé des préparatifs des événements tragiques qui ont eu lieu ce « lundi noir", est allé transmettre une liste de noms à la CPI. Nul doute que la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, détient désormais entre les mains un précieux catalogue fait par un acteur de premier plan de la scène politique guinéenne d’alors. Mais de quoi est faite cette fameuse liste de Sékouba ? Le général a-t-il harponné des requins ou s’est-il contenté d’attraper du menu fretin ? Mystère et boule de gomme. Tous les regards sont désormais tournés vers la Haye.
Mais quelle que soit la volonté de la juridiction internationale, il faudra une collaboration franche et sincère des autorités guinéenne pour que les choses avancent véritablement.