Nous indiquions dans un des nos éditoriaux que les rebelles du M23 ne se contenteraient pas de la seule ville de Goma, ou du moins de la seule région de l’Est, mais envisageraient plutôt de conquérir tout l’ensemble du territoire, à commencer par la capitale Kinshasa où se trouve le président Kabila. Eh bien, ce que nous disions est en train de se dessiner, au grand dam de Joseph Kabila qui ne sait plus à quel saint se vouer. En effet, après avoir pris la ville de Goma mardi, et la localité de Saké mercredi, les rebelles congolais du M23 n’ont pas fait mystère de leur volonté de faire chuter le pouvoir de Kinshasa. Ni l’engagement pris officiellement par le président Kabila qui entend rechercher les causes des désordres actuels et d’y remédier au mieux en s’appuyant sur le travail d’évaluation des accords de paix signés en 2009, ni l’appel ‘’ à cesser immédiatement’’ l’offensive, lancé par Kabila fils et ses homologues rwandais et ougandais ne semblent refroidir les ardeurs des rebelles. La situation actuelle en République démocratique du Congo laisse penser qu’on s’achemine lentement mais sûrement vers la chute du régime de Joseph Kabila au regard de la percée du M23 et surtout de l’hypocrisie flagrante de la Communauté internationale et des pays voisins que sont le Rwanda et l’Ouganda qui, jusque-là, se plaisent à faire des déclarations et à brandir des menaces sans conviction. D’ailleurs, comme cela est visible, le Rwanda, tout comme l’Ouganda, a du mal à cacher sa position parce que pendant qu’il appelle les rebelles à cesser immédiatement l’offensive, il ne prend aucune mesure qui pourrait amener ces derniers à calmer le jeu.
Au contraire, le pays de Paul Kagamé marque son refus de fermer ses frontières, laissant ainsi une large manœuvre aux rebelles qui pourraient s’y retrancher au cas où les choses tourneront à leur désavantage. L’ONU, de son côté, tarde à redéfinir la mission de ses forces qui, jusque-là, assistent en spectateurs à la montée en puissance du M23. Autant de facteurs qui confortent l’idée selon laquelle la fin du règne de Joseph Kabila n’est plus qu’une question de temps, surtout que les populations des zones conquises semblent épouser la conviction des rebelles qu’ils considèrent, du reste, comme des libérateurs. Ou tout au plus, il n’est pas exclu que dès les prochains jours, on assiste honteusement et pitoyablement à des pourparlers entre les autorités kinoises et les rebelles. Toute chose qui donnerait des parcelles de pouvoir aux bandits de l’Est dans la gestion des institutions de l’Etat. Car ; à cette allure, il ne sera point étonnant de voir des soldats de l’armée régulière ou même des civils regagner les rangs des soldats, comme on l’a déjà vu sous d’autres cieux, pendant des crises similaires. Cette hypothèse est d’autant plus probable que des policiers, après la prise de contrôle de la ville de Goma par les rebelles, ont crié haut et fort que le président Kabila est un dictateur qui ne mérite pas de gouverner le pays. Le fils de Laurent Désiré Kabila serait-il en train de perdre le peu de soutien, que les populations peuvent lui accorder ? Oui, assurément, car les populations, qui pointent du doigt l’incapacité de l’armée congolaise à faire face aux assauts des rebelles, n’ont pas manqué de crier leur ras-le-bol général. La situation dans laquelle elles se trouvent et qui fait d’elles les victimes potentielles de cette guerre ne peut que les amener à souhaiter que les rebelles parviennent à leurs fins, pourvu qu’elles retrouvent la quiétude qu’elles ont perdue. En tous les cas, les jours à venir nous en diront plus sur les chances de Kabila de sortir de cette crise