Ça sent vraiment le roussi pour le président congolais, Joseph Kabila. La ville de Goma, située à l’Est de Kinshasa, est, depuis le 20 novembre dernier, sous le contrôle du M23.
Même l’aéroport de ladite ville est entre les mains des rebelles. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), face à la furie guerrière du M23, se sont retirées, le temps, disent-elles, de se réorganiser pour revenir à l’offensive. Soit. Quoi qu’il en soit, l’heure est grave et tout porte à croire qu’il y a péril en la demeure. La preuve : plutôt que de s’enfermer comme à l’accoutumée dans une bulle avec des positions désinvoltes qui consistent à nier l’évidence, le président Kabila a décidé d’aller à la rencontre de ses voisins qu’il accuse, à tort ou à raison, d’être des « soutiens actifs » du M23. Il s’agit du président ougandais, Yoweri Museveni et du Rwandais, Paul Kagamé.
Avant le sommet du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), prévu pour le 23 novembre à Kampala en Ouganda, le président Joseph Kabila a, tour à tour, rencontré les deux personnalités pour discuter de la situation qui prévaut actuellement dans son pays. Une occasion pour se dire les quatre vérités et voir certainement dans quelle mesure stopper la progression des rebelles qui, on l’imagine, ne vont sans doute pas se limiter à Goma. Il y a donc nécessité pour Kabila de se trouver des alliés, lui qui a toujours rejeté le mémorandum du M23. Toutefois, on se demande ce qui peut sortir de concret des négociations engagées avec le Rwanda et l’Ouganda, dans la mesure où le M23 qui a le pied à l’étrier, n’y est pas associé. Pourquoi a-t-on oublié l’acteur principal qui, depuis belle lurette, a manifesté sa disposition à prendre langue avec Kinshasa ? N’aurait-il pas été raisonnable d’engager un dialogue direct avec les rebelles au lieu de passer le temps à tourner en rond et à fermer obstinément les yeux sur la réalité ? Sans chercher à les absoudre à bons comptes, le Rwanda et l’Ouganda ne peuvent pas instrumentaliser une rébellion en RD Congo si le régime de Kabila lui-même ne trainait pas beaucoup de tares.
Du reste, on se demande si Kabila, à travers les présentes négociations, ne cherche pas à prendre son voisin rwandais dans un piège. Puisque, si par extraordinaire la situation se décante après ces échanges, ce serait la preuve palpable que Kagamé a de l’ascendant sur les rebelles et que ceux-ci répondent de Kigali. En tout cas, les hommes changeant avec le temps, c’est possible que demain, Kabila accepte de se remettre en cause pour ouvrir un dialogue national. Car, il est sans doute actuellement le président le plus embêté, lui qui, après avoir réussi à organiser un sommet sans couac, pensait pouvoir se refaire une virginité politique et redorer son blason auprès de la communauté internationale.