En attendant la mise en circulation, le 30 novembre prochain, du nouveau billet de 500 F CFA, la célébration, début novembre, du cinquantenaire de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, a permis de réfléchir sur les défis et les perspectives de la conduite de la politique monétaire dans cette zone. Mais aussi de mettre l’accent sur la promotion de la recherche économique, à travers l’attribution d’un prix Abdoulaye Fadiga revalorisé.
C’est pour répondre au souhait exprimé par les populations de disposer d’un billet de même valeur faciale que la pièce de 500 F CFA, que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) émettra, dès le 30 novembre, une nouvelle coupure monétaire. Le nouveau billet de 500 F CFA viendra ainsi compléter les coupures de la gamme de 2003 (billets de 10 000, 5 000, 2 000 et 1 000 F CFA). «Conçu en parfaite cohérence avec les quatre autres coupures, le billet de 500 F CFA circulera en concomitance avec la pièce de la même valeur faciale» et permettra aux populations de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) d’effectuer plus aisément leurs transactions de petits montants, sans plus avoir notamment à trimballer beaucoup de pièces.
L’émission de ce nouveau billet de banque intervient au moment où l’on célèbre la cinquantenaire de la BCEAO, dans un contexte international marqué par une crise financière aiguë. C’est donc à juste titre que le thème choisi pour marquer ce cinquantenaire s’articule autour de l’«Intégration monétaire et (des) mutations du système financier international: défis et perspectives».Pendant deux jours, les 5 et 6 novembre, experts, éminentes personnalités des questions économiques, monétaires et financières ont disséqué cette problématique sous le prisme de plusieurs axes interdépendants et pourtant synergiques. Le symposium de haut niveau organisé à cette occasion a ainsi abordé des thématiques relatives à la conduite de la politique monétaire au sein de l’Umoa; le rôle des banques centrales dans le financement de l’économie à travers les leçons de l’expérience des pays émergents; les réponses des banques aux mutations du secteur financier, la croissance économique et la stabilité financière…
Dans l’ensemble, des mesures prises et des recommandations faites, à l’issue du symposium, pour renforcer les règles prudentielles, baisser le coût du crédit, consolider la monnaie commune. Davantage, le rôle majeur joué par la BCEAO au cours de ces cinquante dernières années, et dont on peut être fier, a été souligné. Du reste, le gouverneur de la Banque centrale, Tiémoko Meyliet Koné, a salué, dans ses remarques conclusives, la qualité des travaux et engagé l’institution bancaire ouest-africaine, mais aussi tous les acteurs concernés, à prendre leur part dans la mise en œuvre plus accentuée de la libre circulation et de la consolidation du marché commun.
Immortel Fadiga!
La célébration du cinquantenaire de la BCEAO a également donné lieu à la remise du Prix Abdoulaye Fadiga pour la promotion de la recherche
économique. Du nom du premier gouverneur de la Banque – «un constructeur des économies de notre zone, qui avait le souci de mettre la politique monétaire au service du développement en termes de garantie de sa stabilité», dira le Pr Fulbert Géro Assousouga du Bénin -, ce prix initié depuis 2008 s’est vu marquer du sceau d’une plus grande solennité cette année. Au-delà de son caractère «spécial cinquantenaire», le lauréat de cette troisième édition du prix s’est vu attribuer un chèque de 15 millions de francs (au lieu de dix millions de francs précédemment) et devrait bénéficier, en outre, d’un stage de deux ans au sein de la BCEAO.
Sur les quinze articles soumis au Comité au lecture, c’est l’œuvre de l’Ivoirien Yaya Kého, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (Ensea) d’Abidjan qui a le plus séduit. Yaya Kého, 40 ans, a ainsi convaincu le jury par ses recherches sur «le rôle des facteurs institutionnels dans le développement financier et économique des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine». Emu, le lauréat a indiqué que c’est pour lui «un grand honneur» de recevoir ce prix. Il faut noter que le Burkinabè Seydou Ouédraogo, 36 ans, docteur en sciences économiques, a enlevé le prix d’encouragement, assorti d’un chèque de cinq millions de francs CFA, une autre innovation de cette édition du prix de la promotion de la recherche économique.
De quoi rendre véritablement hommage et justice à feu Abdoulaye Fadiga qui, le premier, a su investir dans les ressources humaines africaines et réussi l’africanisation de la BCEAO à travers la formation. Un précurseur qui aura également travaillé pour le transfert du siège de la Banque, de Paris, en France, sur les terres africaines de Dakar, au Sénégal. «Il a profondément marqué la vie de la Banque centrale. C’est un grand homme, qui a été persévérant, indépendant, ayant eu une bonne vision du développement de notre espace», dira encore le Pr Amoussouga, président du Comité de lecture du prix qui lui est dédié.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que 50 ans après sa création – c’est le 1er novembre 1962 qu’est entré en vigueur le Traité instituant l’Union monétaire ouest-africaine, signé le 12 mai 1962 – la BCEAO reste fidèle à la vocation des fondateurs et des bâtisseurs, creuse davantage les sillons des refondateurs et rénovateurs, tout en restant ouverte sur le monde, faisant face aux mutations internationales.