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La nation, politiquement formatée pour 14 jours
Publié le mercredi 21 novembre 2012   |  Bendré


2e
© aOuaga.com par Aristide Ouedraogo
2e session ordinaire de l’assemblée nationale
Mercredi 26 septembre 2012. Ouagadougou, assemblée Nationale


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Le 2 décembre prochain quelques 4 426 051 personnes qui se sont inscrites sur le fichier électoral auront à choisir leurs députés pour l’Assemblée nationale et leurs conseillers municipaux parmi de milliers de candidats de 74 partis et formations politiques. Depuis le 17 novembre 2012 à 00 heure, les 74 partis et formations politiques sont, conformément à la loi, dans la campagne électorale et ce, pour 14 jours. On se rappelle, c’est le conseil des ministres qui s’est tenu le jeudi 06 septembre 2012 en séance ordinaire, qui a adopté les deux décrets relatifs à la campagne électorale qui s’ouvre le 17 novembre prochain. Le premier décret est relatif à l’ouverture de la campagne électorale pour les élections municipales du 02 décembre 2012. Au terme de ce décret et conformément à l’article 250 du code électoral, la campagne électorale pour l’élection des conseillers municipaux est ouverte le samedi 17 novembre 2012 à zéro heure et prend fin le vendredi 30 novembre 2012 à vingt-quatre heures.

Le second décret est relatif à l’ouverture de la campagne électorale pour les élections législatives du 02 décembre 2012. Au terme dudit décret et conformément à l’article 186 du code électoral, la campagne électorale pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale est ouverte le samedi 17 novembre 2012 à zéro heure et prend fin le vendredi 30 novembre 2012 à vingt-quatre heures. Selon la loi, la campagne en vue de l’élection des députés à l’Assemblée nationale est ouverte quinze jours avant la date du scrutin. Elle prend fin la veille des élections à zéro heure. De même, la campagne en vue de l’élection des conseillers municipaux est ouverte quinze jours avant la date du scrutin. Elle prend fin la veille des élections à zéro heure.

Deux semaines durant, les partis et formations politiques en lice pour les élections prochaines seront ainsi dans les villes et les campagnes du Burkina Faso pour solliciter les suffrages des citoyens qui seront dans les règles et dans les meilleures dispositions pour exprimer leur droit de vote le 2 décembre 2012. Tout le monde sera mobilisé pour suivre cette campagne. Que vous le vouliez ou pas, vous serez à la merci de la politique et de ses politiciens, de leur charme et de leur misère, de leur sincérité et de leur mensonge, de leur qualité et de leur défaut. Les maquis, les cabarets, les églises et les mosquées seront d’une certaine manière des endroits où on pourra éviter très difficilement de parler politique.

En principe, c’est en tirant des conclusions sur ces différents aspects que les électeurs feront le choix pour tel ou tel parti le jour du scrutin. La question qui se pose est celle de savoir si l’électeur burkinabé votera selon des principes. La réponse à cette question n’honore pas forcement l’électeur qui semble plus s’intéresser au phénomène du voyeurisme : les cadeaux, l’argent, les caractéristiques sociales d’un certain genre,…D’aucuns profiteront de ces deux semaines de " festivités " électorales pour se relooker dans tous les sens en oubliant les raisons pour lesquelles se tiennent les élections et pourquoi on doit dépenser tant de milliards (environ 30) francs CFA pour choisir des députés et des conseillers.

Depuis l’ouverture démocratique en 1991 au Burkina Faso, notre pays est à la recherche de son équilibre et son développement socio-économique et politique en se fondant sur la démocratie. Tant d’années après sa première élection postrévolutionnaire, notre pays reste boitillant et chancelant sur les principes démocratiques comme si les acteurs politiques et sociaux ainsi que les citoyens ont peur de respecter ou de les mettre en œuvre ; il est bloqué et verrouillé dans son système. Notre démocratie est à la recherche d’un souffle nouveau indispensable à la paix et à l’avenir de son peuple. Le besoin est si fort et si indispensable que l’on devrait dépasser la logique du formel et du spectacle des temps d’élections. Autrement dit, cette campagne électorale qui commence et qui sera couronnée par le vote le 2 décembre devrait être un moment de réflexion, de questionnement et de remise en cause de notre trajectoire démocratique. Le ferions-nous ? Nous ne croyons pas tout simplement parce que nous avons l’impression que les préoccupations citoyennes et démocratiques, dans ce type de situations, sont reléguées au second degré et que la démocratie est prise en otage exclusivement par les luttes de contrôles des pouvoirs, notamment politiques et économiques.

Bref, nous sommes embarqués dans une course de 14 jours au cours desquels, nous devons, pour l’intérêt supérieur de la nation, abandonner nos reflex de pulsions de premier degré, et réfléchir aux meilleurs choix et dans tout cela, dans une saine rivalité et un fair-play électoral. Nous espérons que les uns et les autres soigneront leurs discours et que le respect sera une règle d’or. Nous espérons que notre pays et sa démocratie sortiront grandis et que les citoyens verront l’avenir avec plus de sérénité. Nous espérons enfin que certains ne voudront pas profiter de ces élections pour renforcer les racines de leur vampirisme politique et économique, l’essentiel pour eux étant de pérenniser un règne patrimonial aux grands malheurs d’un peuple qui aspire comme tous les peuples du monde, au changement et la démocratie centrée sur l’homme et la femme, le garçon et la fille, le jeune et le vieux.

Par Michel NANA

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