La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a rencontré la classe politique burkinabè ce mercredi 29 août 2012 pour lui faire le point de l’enrôlement biométrique en vue des élections couplées -législatives et municipales- du 2 décembre 2012. Le président de la Céni a écarté, à cette occasion, toute possibilité d’organiser une session de rattrapage pour ceux qui n’ont pas pu se faire enrôler.
Les trois mois de l’opération d’enrôlement biométrique ont permis d’enrôler 4 426 051 électeurs. Ce qui équivaut, selon Me Barthélémy Kéré, président de la Céni, à un peu plus de 55% du potentiel électoral, estimé à environ 8 millions de personnes. Un chiffre que certains partis politiques estiment être en deçà de leurs attentes au regard des moyens financiers mobilisés à cet effet. D’où, selon eux, la nécessité d’organiser une session de rattrapage pour enrôler ceux qui n’avaient pas pu le faire.
C’est du reste ce que propose le parti « Le Faso autrement ». Pour Ablassé Ouédraogo, son président, la Céni n’a pas le droit de fermer la porte aux 45% de Burkinabè qui, pour diverses raisons, n’ont pas pu se faire enrôler. Il propose alors que la date du 2 décembre soit reportée afin que la Céni puisse reprendre l’opération d’enrôlement au mois de novembre ou de décembre, quitte à organiser les élections en avril 2013. Et cela d’autant plus que, argumente t-il, les députés ont vu leur mandat prolongé jusqu’au mois de juin 2013. Mieux ajoute t-il, « Il n’y a pas de feu au lac, le Burkina Faso n’est pas en situation de crise pour tenir obligatoirement l’élection le 2 décembre 2012. »
Non, rétorque t- on du côté de la Céni. Me Kéré estime que les moyens techniques, matériels et financiers de la Céni, mais aussi le chronogramme fondé sur les délais légaux, ne lui permettent pas d’organiser des séances de rattrapage partout sur le territoire, y compris dans les villages les plus reculés.
La question des moyens financiers peut se résoudre, pense Ablassé Ouédraogo, qui se dit convaincu que les bailleurs de fond ne refuseront pas d’accompagner toute idée allant dans le sens du développement. « Les bailleurs de fonds, nous les connaissons. Ils seront prêts à financer encore ce processus », a-t-il laissé entendre. Il vaudrait mieux, estime t-il, prendre du temps et mettre les moyens nécessaires pour avoir des élections crédibles et un Burkina apaisé après les élections. « La Céni doit être responsable. Elle travaille avec la date du 23 septembre, qui est la date limite de dépôt des candidatures », juge Me Barthélémy Kéré. Pas question donc pour lui de prolonger l’enrôlement, sauf si le gouvernement prend un décret allant dans ce sens.
Il faut cependant signaler que sur la question du report des élections, tous les partis ne sont pas sur la même longueur d’onde. C’est le cas de l’Union pour le changement (UPC), dont le secrétaire chargé aux relations extérieures estime qu’il faut éviter de reporter les échéances à la moindre difficulté. Pour Julien Koulidiaty, reporter l’élection du 02 décembre sous le prétexte de permettre à d’autres personnes de s’enrôler ne semble pas être une idée judicieuse. Après la classe politique, Me Kéré et son équipe devraient, dans la soirée de ce mercredi, rencontrer les acteurs de la société civile pour leur faire le point de l’enrôlement.