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Inhumation du juge Nébié: des révélations au cimetière
Publié le mardi 10 juin 2014   |  FasoZine


Cimetière
© aOuaga.com par Séni Dabo
Cimetière de Gounghin : le juge Salifou Nebié repose dans sa dernière demeure
Lundi 9 juin 2014. Ouagadougou. Le juge constitutionnel Salifou Nebié, retrouvé mort dans la nuit du 24 mai dernier sur la route de Saponé, a été inhumé en présence de ses parents, amis, connaissances, collègues et de personnes qui ont demandé que vérité et justice se fassent sur sa mort


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«Quelques semaines avant sa mort, le juge Salifou Nébié était venu à Léo. Il a acheté trois moutons pour demander un sacrifice parce que, nous a t-il dit, lui et le président ne se sont pas entendus cette foi-ci…». Alors que la polémique ne cesse d’enfler sur les causes de la disparition du juge Salifou Nébié, dont le corps à été retrouvé le 24 mai 2014 à quelques kilomètres de la capitale, cette troublante révélation faite par le porte-parole des jeunes de Léo, sa ville d’origine, à l’enterrement de celui-ci ce lundi 9 juin 2014 au cimetière de Gounghin a troublé plus d’un. Toutefois, le jeune en question semble ne pas avoir de précision sur l’identité du président en question. Ce secret, le juge Nébié l’a peut-être emporté dans sa tombe.

Ce lundi 9 juin 2014 à Ouagadougou, la foule était immense et rappelait celle qui a accompagné, le 16 décembre 1998,à sa dernière demeure, le journaliste Norbert Zongo, assassiné sur la route de Sapouy avec trois de ses compagnons. Alors que le cortège qui suivait la dépouille du juge Salifou Nébié s’est ébranlé vers son domicile de Koulouba autour de 9h, c’est à 11h qu’il fera son entrée au cimetière municipal de Gounghin. Ils étaient nombreux, à pieds, derrière le corbillard et scandant justice, tout le long du chemin qui menait au lieu ultime où reposera le juge Nébié, ci-devant membre du Conseil constitutionnel du Burkina Faso. Ses camarades du Conseil, drapés dans leur toge, attendaient le corps de leur désormais ancien collègue à l’entrée du cimetière. Mais, une partie de l’immense foule présente, visiblement en colère, les a hués et qualifiés de «traitres». Ces personnes sont même allées plus loin dans leurs accusations. Morceaux choisis: «Vous êtes complices de sa mort, c’est vous qui l’avez tué, on nous a dit qu’il était opposé à la modification de l’article 37 de la constitution (qui limite à deux quinquennats consécutifs le nombre de mandats présidentiels, Ndlr), mais gare à vous si la constitution est modifiée».

Il est 11h5. Tant bien que mal, le cercueil porté par des magistrats arrive à se frayer un passage jusqu’à la tombe. En premier, c’est le président du Conseil constitutionnel qui prend la parole pour prononcer son oraison funèbre. Mais Dé Albert Millogo va faire face à l’indignation de certains, assistant à l’inhumation: «Dépose le micro, démissionne», scande ceux-ci, traitant M. Millogo de tous les noms d’oiseaux jusqu’à la fin de son propos. En dépit des bruits et de tous les cris stridents, le président du Conseil constitutionnel a continué son discours. «C’est au moment où le Conseil constitutionnel avait le plus besoin de toi, que tu nous quittes tragiquement», a-t-il indiqué avant d’ajouter que c’est dans la douleur qu’ils attendent que toute la lumière soit faite sur cette disparition.

«Nous nous battrons pour démasquer tes assassins»
Pendant ce temps, d’autres, au sein de l’assistance, avaient du mal à contenir leurs larmes. Surtout quand la représentante des enfants du défunt a pris la parole. «Papa, nous comprenons maintenant pourquoi tu nous disait toujours de nous battre et de ne pas compter sur toi», a-t-elle laissé entendre, en sanglots. «Nous avons encore du mal à reconnaître que nous t’avons définitivement perdu», a-t-elle poursuivi, inconsolable. L’émoi se lisait sur les visages, les têtes étaient baissées. Un silence lourd à couper au couteau traversait le cimetière.

Germain Bitou Nama, ami du défunt et l’un des derniers à l’avoir vu, s’avance pour parler au nom de tous les amis de Salifou Nébié. «Mon cher frère et ami, ce jour-là, quand nous nous quittions, je t’avais pourtant dit de faire attention à toi, mais hélas…», a affirmé M. Nama, la gorge nouée. Selon lui, des témoignages qu’il a pu recueillir auprès de connaissances, le défunt était un travailleur acharné, franc sincère, convaincu, déterminé, affable… Il a indiqué que le juge Nébié était très soucieux de la situation critique que traversait le pays en ce moment et qu’il souffrait de voir les acquis démocratiques de son pays s’effriter progressivement. L’ami du défunt a également laissé entendre que le juge Nébié tenait des réunions à son domicile avec toutes les sensibilités pour contribuer à sa manière à sauver ce qui peut l’être… «Nous nous battrons pour démasquer tes assassins», a dit le journaliste qui a souhaité que la mort de Salifou Nébié soit un ferment pour les consciences encore endormies.

Désaccord avec «le président»
Puis vient le représentant des jeunes de Léo. Il fera une déclaration qui renforcera le silence au sein de l’assistance. «Quelques semaines avant sa mort, le juge Salifou Nébié était venu à Léo. Il a acheté trois moutons pour demander un sacrifice parce que nous a t-il dit, le président et lui ne se sont pas entendus cette fois-ci…». De quel président s’agit-il ? Nul ne le saura ce jour au cimetière, l’auteur de ces mots n’ayant pas dit plus. A moins que ce ne soit le défunt qui ait omis, volontairement la précision. Toujours est-il que le Juge Moussa Sory, secrétaire général sortant du Syndicat autonome des magistrats du Burkina (Samab), a estimé que c’est une nouvelle piste que doivent explorer les enquêteurs en charge du dossier.

De nombreux amis et parents ont accompagné le juge Salifou Nébié à sa dernière demeure. Simon Compaoré, l’ancien maire de Ouagadougou, Hama Arba Diallo, député maire de Dori, Ablassé Ouédraogo de Le Faso autrement, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, le Dr Valère Somé du Cap, etc. Mais, plus tôt, à son domicile, des personnalités ont défilé pour lui rendre un dernier hommage. Parmi elles, le chef d’Etat-major particulier du président Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré, le président de la Commission électorale nationale indépendante, Barthélemy Kéré, ou le ministre de la Justice, Dramane Yaméogo.



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